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Nitassinan, août 1936. Sur ordre du gouvernement canadien, tous les jeunes Innus sont arrachés à leurs familles et conduits à plus d'un millier de kilomètres, dans le pensionnat de Fort George, tenu par des religieux catholiques. Chaque jour, les coups pleuvent : tout est bon pour « tuer l'Indien dans l'enfant ».
Montréal, 2013. L'avocate Audrey Duval recherche des survivants. Dans une réserve de la Côte-Nord, elle rencontre Marie, une vieille Innue, qui va lui raconter tout ce qui s'est passé à Fort George, les violences au quotidien, mais aussi l'amour et l'amitié.
Un roman d'une grande sensibilité qui dévoile un pan méconnu de l'histoire des Amérindiens du Québec, par l'auteur de Kukum (Lauréat du Prix littéraire France-Québec 2020).
Canada : 1936. Sur décision du gouvernement canadien et avec la complicité du clergé, des jeunes enfants autochtones sont arrachés à leurs familles, éloignés de leur terre natale pour être envoyés en "pension" à 1000 Km de chez eux.
Le but des autorités, "assimiler" et "christianiser" ces enfants. Une complicité de l'état et du clergé.
Dès leur arrivée, les jeunes enfants perdent leur identité et deviennent des numéros. C'est le début de l'enfer. Brutalisés, affamés, agressés mentalement et physiquement, violés par les enseignants, prêtres, religieuses, ces enfants vont vivre un cauchemar dont certains ne sortiront pas vivants.
Michel Jean a choisi de nous raconter l'histoire de trois d'entre-eux. Virginie, Marie et Charles qui deviendront 32, 33...
C'est un récit court, dense, glaçant qui va a l'essentiel, un véritable coup de poing.
Aujourd'hui, l'état canadien a reconnu sa responsabilité dans ce scandale qualifié de "génocide culturel" qui a concerné 150 000 enfants autochtones.
Audrey Duval est avocate à Montréal. Elle a pris la décision de retrouver des innus de Mashteuiatsch qui ont, par le passé, été envoyés de force dans le pensionnat de Fort George (Baie James) Ceux-ci seront indemnisés par le Gouvernement canadien (qui vient enfin de reconnaitre le tort qui leur a été fait …) Et quand Audrey Duval déniche enfin l’adresse du dernier de sa liste (Ernest Picard) il est malheureusement trop tard … Son corps est justement signalé à la morgue, en attente d’identification …
Pour ce travail, Audrey a reçu l’aide précieuse de Jimmy, un Nakota qui vit dans un vieil autobus (sa « popote mobile ») et se charge de servir une soupe à tous les autochtones SDF.
Soixante-dix ans plus tôt, Virginie Paul (33) et son amie Marie Nepton (32) ont brutalement été arrachées à leurs familles (en août 1936) Âgées de quatorze ans, elles se rapprochèrent de Charles Vollant (surtout Virginie) un garçon de leur âge. Trois anciens pensionnaires qui ont mystérieusement disparu de la liste initiale, depuis des décennies … Pour Audrey, pas question de laisser tomber l’affaire : elle va s’acharner jusqu’à connaitre la vérité sur le sort que le destin leur a finalement réservé …
Michel Jean, écrivain et journaliste, est issue de la communauté innue de cette région du Québec. Il nous offre (en hommage aux membres de sa propre famille qui y furent cloitrés) un magnifique roman, sur une (terrible) période durant laquelle des enfants de six à seize ans furent arrachés à leurs parents, pour rejoindre – entre autres – ce maudit pensionnat de Fort George (1936-1952) D’autres établissements du même type accueillirent au total plus de cent cinquante mille enfants (plus de quatre mille d’entre eux n’y survécurent pas …) et environ quatre-vingts mille d’entre eux sont toujours vivants.
Un récit poignant – autant que révoltant – sur la violence d’une société qui, finalement, se fourvoie complètement sur le sens exact du mot « sauvage », qu’elle se permet d’employer !
Conseillé par Miss Marple,ce livre m'a beaucoup émue!outre le dépaysement qui nous frigorifie,ce sont les horreurs commises dans ce pensionnat censé intégrer ces enfants qui nous glacent.Fort George:un bagne dont ont disparu trois adolescents.Audrey Duval,avocate,70 ans plus tard part sur leurs traces.
Un roman fort, sur le thème du génocide culturel, que représente la bêtise et l’incommensurable surdité aux cris de désespoirs des Peuples Premiers, Peuples Autochtones ou Premières Nations de tous les pays. Quelles facilités au nom de la générosité d’aider ces peuples en procédant à l’enlèvement de leurs jeunes enfants pour les éduquer selon des préceptes dont ils n’ont pas besoins. Il s’agit ni plus ni moins une fois arrachés à leurs familles, de les éloigner de leur culture afin de leur faire assimiler les bienfaits du modernisme, pour les intégrer à la communauté dirigeante.
C’est le cas notamment des Innus – un peuple autochtone d'Amérique du Nord, Canada – de Mashteuiatsh, qui furent envoyés au Fort George, qui fonctionnera de 1936 à 1952. Ainsi, trois jeunes enfants Marie, Virginie et Charles vont nous faire vivre l’indicible dans la nouvelle vie qui leur est imposée de force ! Bien qu’il s’agisse d’un roman, l’auteur fait passer ses messages de fait plus facilement mais malgré tout sans tomber dans le larmoyant. Juste faire ressentir la vie dans ce pensionnat tenu par des oblats ; nous faire comprendre que ce lieu ne respire pas l’empathie, mais plutôt la répression, l’intolérance et l’injustice, sans compter les traitements des punitions physiques et leur corollaire, les agressions sexuelles, infligées à ces enfants.
Dans ce cas, la rébellion n’existe pas, en effet pas facile de s’échapper de cette île, de vaincre la morsure du froid et de la neige omniprésente. De nos jours, la présence de sépultures de ces enfants, sur différents sites canadiens , interroge sur la gestion des religieux et de leur immunité à l’époque. Enfants qui furent sacrifiés sur l’autel de l’impéritie – volontaire ? – des gouvernants à ignorer la présence Première de tous ces peuples, fragiles et démunis devant la barbarie des « conquérants ».
« Michel Jean » lui-même issu de cette communauté nous fait partager le drame de ce peuple qui peut enfin redresser la tête grâce à une nouvelle volonté politique mais surtout, par la dimension de l’écriture – la meilleur arme – contre l’oubli, et faire en sorte de pardonner sans omettre le souvenir.
Avoir lu ou non le livre précédent de Michel Jean n'aura pas d'importance, même s'il vous apporterait beaucoup dans la connaissances des indiens Innus et la reconnaissance de leur art de vivre avant.
Avant ?
Avant nous, les blancs, nous les Européens, nous quoi !
Dans un temps pas si lointain en fait, fin du XIXeme siècle et jusqu'à la moitié du XXeme, un temps où le Québec et le Canada en général avait décidé d'alphabétiser les enfants de ces sauvages à la peau tannée par le soleil, la neige et le vent, ces enfants sauvages eux aussi, remontant ou desendant le fleuve Peribonka ou d'autres fleuves pour vivre à mi temps près de la cote dans une petite ville ou dans la montagne et ses forêts, une vie rude, dangereuse, en accord avec la nature et ses vicissitudes.
Ils ont été enlevés du matin à l'après midi dans des avions pour rejoindre une île en face de Fort George où des bâtiments avaient été construits pour les accueillir.
Les accueillir ?
Plutôt les enfermer, les contraindre, les avilir, les blesser, les voler, les violer, les tuer parfois, les rendre plus sauvages encore et pour tout le reste de leur vie qu'ils passeront bien souvent à se tuer à petit feu avec force boissons, drogues, shoots, bagarres et enfermement.
Dans une langue toujours aussi précise, Michel Jean raconte, accélère un peu le rythme, emploie des images épouvantables, des adverbes bien précis, avec cependant une économie de mots jusqu'à l'os, peu , très peu d'emphase, le mot juste, là où il faut, le coup net et l'émotion nue.
Nous lecteurs sommes là, sous le choc de son élégance pour dire le vrai, l'horreur de ce que nous savions déjà, mais l'art de l'auteur est présent à chaque phrase, à chaque virgule et nous cessons de respirer à chaque fin de chapitre.
Jusqu’où ? Jusqu'où ?
Tandis que le père Johannes Rivoire fait actuellement l’objet d’un mandat d’arrêt pancanadien pour agressions sexuelles sur jeunes Inuits, Maikan, le roman de Michel Jean publié aux éditions Dépaysage fait redoutablement écho à l’actualité. Initialement publié en 2013 sous le titre Le vent en parle encore (ed. Libre Expression), l’écrivain et journaliste québécois d’origine innu expose le génocide culturel qui a touché plus de 150 000 enfants autochtones durant le siècle dernier.
Nitassinan, août 1936. Comme de nombreux enfants et adolescents, Marie, Charles et Virginie sont arrachés à leurs famille et envoyés à plus d’un millier de kilomètres de chez eux dans un pensionnat catholique. D’après les missionnaires, ils apprendront à écrire, à lire et seront bien nourris sans mentionner qu’ils gommeront tout de leur âme d’indien jusqu’à la possibilité de s’exprimer dans leur propre langue. En 2013, l’avocate Audrey Duval part à la recherche des survivants pour tenter d’honorer leur voix et leur passé mais se heurte rapidement aux vestiges de vies passées, dans l’incapacité à s’exprimer sur la barbarie, les agressions sexuelles et les maltraitances. Face à l’impossibilité d’effacer les actes, il reste l’espoir de ne pas avoir tout perdu.
Très loin de l’histoire d’amour émouvante racontée par l’auteur dans Kukum, Maikan se veut nécessaire et engagé pour évoquer le sort de milliers d’enfants autochtones et les problématiques sociétales que cette ségrégation culturelle a engendrées. On entre dans la vie de ces trois adolescents comme on va au purgatoire pour découvrir ce que réserve un endroit aussi austère que Fort George, l’un des nombreux pensionnats catholiques sur le territoire canadien. Le lecteur se confronte à une réalité crasse où seul l’espoir d’un retour au sein de la communauté fait subsister les pensionnaires. Ironiquement, deux des quatre personnages principaux, Virginie et Marie, portent le nom de l’innocence sexuelle qui n’existe qu’à travers les mots quand les agressions pédophiles du personnel sévissent jour et nuit.
La lourdeur que provoque Fort George sous la plume de Michel Jean est souvent insoutenable et toujours révoltante alors tant qu’à faire, confronter le siècle dernier et l’actuel pour illustrer l’évolution de ce drame allait de soi. Audrey Duval, l’avocate qui se veut justicière des causes taboues porte en elle la marque d’un monde meilleur et celle d’une certaine hypocrisie. Elle se confronte aux survivants, souvent noyés dans leur alcoolisme pour oublier les douleurs d’une torture mentale qui ne quitte jamais son condamné. Cependant, elle est aussi la voix du gouvernement canadien qui tente de réparer les pots cassés avec quelques milliers de dollars. A cet acte, une seule question persiste – et elle est rhétorique : les sévisses se pardonnent-ils vraiment avec un pécule ?
Ce sujet tragique reste brillamment illustré par l’écrivain québécois qui porte en chaque mot un peu de ces 150 000 enfants dont il ne reste rien aujourd’hui pour les plus malchanceux et des larmes au creux des rides pour les autres. Alors ces voix s’élèvent dans cet ouvrage aussi haut que les chants ancestraux des anciens pour émouvoir à sa façon et se souvenir, toujours.
Au mois de juin dernier, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a reconnu la "faute du Canada" après la découverte des restes de 215 enfants autochtones sur le site d'un ancien pensionnat en Colombie-Britannique. Ces établissement, créés à la fin du 19e siècle et qui ont existé jusque dans les années 1990, avaient pour objectif assumé de retirer les enfants autochtones à leurs communautés pour les assimiler à la culture dominante. Scolarisés dans ces « écoles » gérées par les églises - le plus souvent l’Eglise catholique - au nom de l’État fédéral, on sait maintenant qu’ils y ont été maltraités, violés et pour certains tués. Ce sont quelque 150 000 enfants autochtones qui ont été emmenés de force dans 139 pensionnats à travers le pays, où ils ont été coupés de leur famille, de leur langue et de leur culture.
C’est cette part sombre et honteuse de l’histoire canadienne - sans doute encore méconnue de notre côté de l’Atlantique - que nous raconte Michel Jean à travers ce beau roman et avec toute la sensibilité qu’on lui connait depuis « Kukum ».
2013, une avocate à la recherche de survivants des pensionnats pour les indemniser se penche sur celui de Fort George et découvre que trois enfants Innus disparaissent étrangement des radars.
Marie une de ces trois pensionnaires va lui révéler son histoire et celle de ses deux amis.
Dans un récit faisant des allers retours entre 1936 et 2013, Michel Jean dénonce toutes les horreurs de ce système. Mais en conteur exceptionnel et en grand humaniste, il parvient à éclairer le drame par l’amitié sans faille qui unissait ces trois gamins.
Généreux et pudique comme l’était son précédent roman, « Maikan » est à lire absolument pour comprendre que ce système n’était ni plus ni moins qu’un « génocide culturel » et pourquoi les communautés autochtones d’aujourd’hui vivent encore avec le traumatisme des pensionnats.
D'un roman à l'autre. Dans Kukum, son touchant précédent roman, Michel Jean évoquait la sédentarisation forcée des populations autochtones du Canada avec comme corollaire l'arrachement d'enfants à leur famille, forcés à intégrer des pensionnats pour être « civilisés », pour tuer l'indien en eux. La cousine de sa mère, Jeannette, lui avait raconté comment sa soeur avait été « volée » puis avait « disparu » au pensionnat autochtone de Fort George, à près de 1000km de chez elle. C'est cette douloureuse thématique qui au coeur de Maikan.
La tragédie s'incarne à travers trois personnages fictionnels, Charles, Marie et Virginie, trois Innus, dont on lit le destin les poings et les mâchoires serrés tellement tout révulse dans leur parcours ancré dans les années 1930 : les missionnaires catholiques qui usent de leur influence pour mystifier des parents désarmés ; l'ambiance quasi concentrationnaire du pensionnat entre numéros attribués à chacun pour les appeler, cheveux coupés, sévices moraux et physiques allant jusqu'au viol ; les lourdes séquelles qui se révèlent à l'âge adulte, de l'alcoolisme au suicide.
Beaucoup de romanciers seraient tombés dans le piège de la colère manichéenne ou du pathos larmoyant. Ce n'est jamais le cas, sans doute parce que l'écriture de Michel Jean rompt radicalement avec l'insupportable violence qui surgit très souvent des pages. Simple en apparence, en fait posée et empreinte de douceur, toujours humble, elle n'en accentue que plus l'empathie totale qui nous envahit à l'égard des personnages. Ces enfants de papier sont devenus les nôtres, quelque chose de très fort s'est noué entre eux et nous.
Et puis, il y a cette lumière qui réchauffe, comme un miracle, lorsque naissent, à la vie à la mort, amour et amitié entre ces trois-là, lorsqu'on voit l'avocate, à la recherche des survivants pour les aider à recevoir une indemnité étatique, se transformer au fur et à mesure de ces découvertes. Jusqu'au bout d'une quête de vérité qui la dépasse et la submerge.
Ce livre est absolument bouleversant. Révoltant. Marquant, de ceux qui font voir le monde différemment. Surtout, il résonne très fort avec l'actualité outre-Atlantique. Tout récemment, c'est une part sombre de l'histoire canadienne qui ressort, une histoire qui n'est pas dans les manuels scolaires. En mai 2021 ont été retrouvés les restes des corps de 215 enfants sur le site de l'ancien pensionnat autochtone de Kamloops. Et depuis, les douloureuses exhumations se multiplient, comme en juin dernier à Marieval où ce sont 751 sépultures anonymes qui réapparaissent. Michel Jean offre à tous ces enfants martyrs, les décédés comme les survivants, le plus digne des tombeaux.
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