"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Camille Destroit, quadra, responsable des achats du rayon frais à l'hyper de Cassel, est interpellé lors de l'évacuation du site de Zavenghem, occupé par des activistes. À sa sortie de GAV, le hangar où il stockait des objets de récup destinés à ses potes zadistes n'est plus qu'un tas de ruines fumantes, son employeur le licencie, sa copine le quitte... et il se fait tabasser par des crânes rasés. Difficile d'avoir pire karma et de ne pas être tenté de se radicaliser ! Heureusement, la jeune Claire est là qui, avec quelques compagnons de lutte, égaye le quotidien de Camille et lui redonne petit à petit l'envie de lutter contre cette famille de potentats locaux, ennemis désignés des zadistes, les Valter.
Site de Zavenghem, région des Hauts-de-France, un projet de plateforme multimodale est remis en cause par des contestataires, dont Camille Destroit, responsable des achats de produits frais dans un hyper de Cassel. Arrêté, mis en garde à vue, libéré. Son hangar dans lequel il entreposait pas mal de matériel aidant les zadistes, brûle. Puis Camille est tabassé par des fachos. Ça commence à faire beaucoup pour ce quadragénaire jusque là paisible. Heureusement, la jeune Claire est là, qui va lui redonner l'envie de lutter.
Evidemment, on ne peut pas s'empêcher de penser à la ZAD de Notre-Dame-des Landes, surtout lorsque, comme moi, on habite dans la région nantaise. La ZAD de JB Pouy est le prétexte à construire son histoire noire, à y placer des personnes simples, très réalistes, un type moins convaincu que les autres, un dilettante, Camille qui se pose pas mal de questions sur lui-même mais aussi sur le monde en général. C'est aussi l'occasion pour le romancier de nous placer quelques belles formules dont il a le secret, des tournures de phrases, des expressions imagées particulièrement parlantes et réjouissantes : "C'était ça le BTP, le Bilan Totalement Positif. Tout en bousillant les crapauds du périmètre. Et en expropriant des petits vieux, la bêche à la main. Mais une société qui, pour l'instant, avait le cul en feu à force de s'asseoir sur l'énorme projet de Zavenghem. A cause des loquedus de la ZAD." (p.32)
Puis, sur cette ZAD, pousse une histoire plus noire, plus polar. Camille, un peu perdu se laisse entourer de gens très bien et d'autres peut-être moins recommandables. Comme à chaque fois, chez l'auteur Pouy, les petites gens sont à l'honneur, ceux qui galèrent, ceux qui ont un idéal, qui se battent et rejettent pas mal d'obligations sociales et autres. C'est son côté anar qui ressort. Et comme à chaque fois, c'est vraiment bien, parce qu'on rit aux images, aux bons mots, aux expressions détournées, aux emportements des uns et des autres, tout en gardant en tête que la différence n'est pas facile à vivre. Puis, Pouy interroge sur la réussite sociale, sur les moyens de "réussir" sa vie -expression que je déteste au plus haut point.
Son texte est bourré de références cinématographiques, picturales, musicales, littéraires qui obligent à aller voir tel ou tel tableau pour bien comprendre l'allusion, chose que j'aime beaucoup faire. S'instruire en lisant un bon roman noir, ça, ça me plait.
J'adore l'auteur, sa personnalité et ses idées. J'avais dévoré La Belle de Fontenay. Je suis fan également de Ma zad. Le style, les libertés prises par l'écrivain, le fond. Bref, du grand Pouy ! A lire vivement !
Pourquoi n'avais-je jamais ouvert un livre de Jean-Bernard Pouy ? Il n'en est pas à son premier pourtant ! Et quel délice, quelle langue! Bon, allez, autant le dire tout de suite, je me suis régalée.
Si vous avez certainement entendu parler de la ZAD du barrage de Sivens et de Notre-Dame-des-Landes (au fait, ZAD signifie Zone d'Aménagement Différé, devenue Zone À Défendre pour les zadistes), vous ne connaissez peut-être pas encore celle de Zavenghem (Hauts-de-France) où un projet de plateforme multimodale est prévu pour accueillir les innombrables conteneurs venant du port de Dunkerque. Cela signifierait aussi l'ouverture d'usines, des camions et, bien évidemment, du bétonnage en veux-tu en voilà...
Adieu les salamandres, les crapauds et les fleurs des champs !
J'oubliais... les fermes et les familles qui y vivent depuis belle lurette.
Et ça tombe mal parce que la ferme de Camille est précisément à cinq kilomètres de ce lieu, et même si, au début, il a milité gentillet, comme ça, pour voir… maintenant, il se sent vraiment plus utile auprès des zadistes qu'ailleurs.
Que je vous présente Camille Destroit : il bossait (oui car ça, c'était avant la ZAD), il bossait donc à l'hyper Écobioplus de Cassel où il était « responsable des achats frais » - il cherchait des fournisseurs locaux et bio de préférence - mais il s'est fait virer parce qu'il a eu des ennuis avec la justice (à cause de la ZAD). Quarante balais, plus de boulot, plus de nana (Marie est partie), on a mis le feu à sa grange et en plus, il vient de se faire tabasser par des crânes rasés : bref, le moral est totalement en berne.
Or, il va rencontrer Claire, une zadiste, qui va l'aider à retrouver un semblant de sens à son existence et à reprendre la lutte contre l'ennemi juré : la famille Valter, Valter & frères, l'entreprise de BTP qui doit construire la fameuse plateforme multimodale (propriétaires aussi de l'Écobioplus, si vous voyez ce que je veux dire…)
Et puis, Camille a le coeur qui bat pour Claire. Elle pourrait lui demander la lune, il irait la chercher. Et… c'est bien ça le problème….
Quelles sont les vraies motivations de Claire ? Camille n'est-il pas en train d'être manipulé par cette belle rousse qui le trouble de plus en plus ? Qui est cette fille et d'où vient-elle ?
Comme je vous le disais, j'ai vraiment beaucoup aimé Ma ZAD : le personnage de Camille, plutôt tourmenté, particulièrement attachant, et celui de Claire qui demeure longtemps assez mystérieux. Il y a un très bon suspense qui tient le lecteur jusqu'au bout du roman (qu'on lit d'une traite!) Et … la langue : Jean-Bernard Pouy est un jongleur : les mots volent, les expressions fusent, tout est poésie dans ce texte. Métaphores, jeux de mots, gouaille populaire, références culturelles se mêlent et s'entremêlent sur un rythme effréné et bien sûr, ajoutez à cela, une bonne dose d'humour, et des envolées perso contre tout ce qui énerve l'auteur au plus haut point ! En un mot : c'est JUBILATOIRE !
Et les dernières pages vous laissent sur le cul, le ventre noué ! Vrai !
Allez, je vous laisse avec Camille et son chat Glütz.
Je les adore tous les deux. Vraiment !
Un polar social et engagé qui donne envie de lever à la fois le poing et .. le coude !
LIRE AU LIT le blog
Camille Destroit, la quarantaine, est responsable des achats produits frais dans un hypermarché du nord de la France.
Accessoirement il détourne une partie des produits pas vraiment plus frais et autres rebuts du supermarché, pour alimenter la ZAD voisine.
Orphelin suite à l'accident de voiture qui a tué ses parents, il occupe la ferme familiale aux bâtiments bien trop grands pour lui seul ... et il se retrouve àhéberger les évacués par la force de la ZAD.
Parmi eux, la jeune Claire qui fera battre un peu plus fort le cœur de Camille qui ira très loin pour elle ...
A-t-il été manipulé ou s'est il monté la tête tout seul ... toujours est-il que ses aventures seront bien rocambolesques ...
Un roman qui m'a réconciliée avec ce Papou que je devrais ré-écouter :)
Pouy est un génie.
Quinze lignes après le 1er mot, vous êtes embarqués. Dans ce livre là comme dans les autres.
Pouy est un génie, lisez le.
Et si vous le croisez, remerciez le.
Ma ZAD est un vrai roman populaire noir, bourré d’humour noir, gris, de jeux de mots à la con, à deux balles (personnellement j’adore) et bien entendu chargé à bloc d’humanisme, (on est tout de même loin de la morale bienpensante actuelle). Pouy reste un libertaire dans l’âme et à 70 balais a la grosse niak.
Sa Zone A Défendre est bien entendu une assertion, une critique de notre bonne société. Certes le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, et les autres ZAD qui fleurissent sont d’actualité. Donc facile pour poser le décor. Mais c’est à travers les errements de son personnage principal Camille Destroit, un quadra qui ne s’est jamais vraiment battu que la critique arrive. Ce responsable des achats du rayon frais d’un hyper bio du le nord de la France a un karma de daube. Si les emmerdes volent en escadrille, il n’est pas prêt de redescendre. Le hangar où cette bonne âme stockait des bricoles pour ses copains zadistes part en fumée. Il est licencié dans la foulée. Sa copine le quitte et il se fait passer à tabac par des skins. Bref c’est le moment pour Camille de chercher un nouveau sens à sa vie pour ne plus être en proie à ses doutes, ses remises en cause. La jeune Claire est là pour lui insuffler énergie et nouvelles résolutions. C’est nécessaire, d’autant que les Valter brother’s sont bien décidés à exproprier les fermes qui entourent leur projet de construction de plateforme logistique gigantesque quitte à employer des bas besogneux aux méthodes discutables.
Alors oui. C’est presque facile. Ça fleurte avec l’actualité. Mais c’est parfois jouissif. L’écriture de Pouy est toujours aussi franche. Elle se taille la part du lion dans un verbiage parfois burlesque. Je pouffe. Tu pouffes. Ces 200 pages digressent à tout va comme la vie de Camille. Ça se chicane, ça part en vrille, mais ça revient dans les clous. Car Pouy a de l’amour pour ses personnages. Ils sont leur cœur de ses livres. Ma ZAD, c’est celle de Camille. Ce personnage qui se sent renaitre, forgé d’espoir avec une naïveté déconcertante dans un environnement aussi obscur. Car c’est bien la force de JB Pouy. Associer la déconne littéraire au désenchantement. Savoir être sérieux à grandes lampées d’humour noir. Souvent incisif, parfois spontané, ce roman est subversif et offre à son auteur une nouvelle possibilité de transmettre ses idées.
La plume de Pouy, pour peu qu’on la déflore un peu, qu’on lui ôte ses atouts de dérision immorale, de raillerie dévergondée et de joyeux foutraque, est aussi sérieuse qu’émouvante matinée. Sa verve sous une pointe de cynisme est robuste. Son éloquence montre une ferme résistance. Alors oui, ce livre a un côté « poil à gratter, je pète dans la soupe ». Il peut en gêner plus d’un. Mais, juste pour la maitrise du dernier chapitre pour l’envolée jouissive, rien que pour ça, Ma ZAD occupe bien le terrain.
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