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Banni de la famille après son installation en Californie, l'oncle Yeshayahou concocte un plan diabolique pour secouer son frère et sa belle-soeur Tonia, la grand-mère du narrateur, installés au mochav de Nahalal, une coopérative agricole de Galilée. Après la révolution d'Octobre, et alors qu'une importante partie de la communauté juive quitte la Russie pour émigrer en Palestine, se développe une défiance toujours plus grande vis-à-vis de l'Amérique au sein des communautés socialistes de la région. Autant dire que l'oncle - qui se fait maintenant appeler Sam - est considéré comme le traître de la dynastie, un vulgaire capitaliste essayant de se racheter par l'envoi d'enveloppes pleines de dollars.
Il connaît l'obsession de la grand-mère Tonia pour la propreté et décide de lui envoyer le tout dernier modèle d'aspirateur. Personnage à part entière, l'aspirateur nommé sweeper devient le moteur des histoires familiales, des tensions intergénérationnelles, et des anecdotes les plus folles. C'est que l'objet magique possède en réalité un secret. Grand-mère Tonia découvre avec stupeur que la saleté n'a pas disparu de son appartement mais s'est confortablement installée dans le ventre du cheval de Troie. Immédiatement enfermé dans la salle de bains et recouvert d'un linceul blanc, il restera cloîtré quarante années avant de revoir la lumière et finalement se volatiliser.
Plusieurs versions de sa disparition existent, mais peu importe les variantes, Meir Shalev met ici en scène sa vision de l'écrivain, un conteur qui s'applique à raconter l'incroyable sur le terreau de la réalité. Il nous plonge avec une légèreté jouissive dans son invraisemblable histoire familiale et dégage ainsi avec une grande finesse les ambiguïtés de la société israélienne naissante.
Avez-vous déjà acheté un livre uniquement sur son titre ? Et bien c’est ce qui m’est arrivée pour celui-ci et je n’ai pas été déçue.
Donc une grande-mère, Tania, pas n’importe laquelle, celle de l’auteur, et un aspirateur américain offert à Tania par son beau-frère, « double traître, ni sioniste ni socialiste» parti aux États Unis quand d’autres rejoignaient les pionniers de la deuxième vague d’immigration en Terre d’Israël.
Ce livre est un vibrant hommage à cette femme d’origine ukrainienne débarquée en Palestine au début du XIX° siècle (donc encore sous mandat britannique). Installée dans un mochav (une coopérative) de Nahalal (à quelques encablures de Nazareth), c’est à la fois l’histoire de cette grand-mère aimée, traquant la saleté et la poussière dans ses moindres recoins (vous commencez à deviner le lien avec l’aspirateur américain !?), mais aussi celle de la famille.
Et quelle famille ! L’oralité est omniprésente. Les histoires se transmettent de génération en génération, se transforment et ce sont toutes ses nuances que l’auteur tente de nous restituer avec beaucoup de tendresse et une certaine jubilation.
Les nombreuses digressions de l’auteur et les personnages foisonnants (la famille était nombreuse) peuvent être déroutants. Cependant, l’intérêt prend vite le dessus et grâce au style narratif, le récit, c’est la découverte d’un mode de vie et de cette femme au caractère bien trempé qui m’ont finalement happée.
Belle découverte !
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