L'urgence, qui appelle l'impulsion, la fougue, la vitesse - et la patience, qui requiert la lenteur, la constance et l'effort. Mais elles sont pourtant indispensables l'une et l'autre à l'écriture d'un livre, dans des proportions variables, à des dosages distincts, chaque écrivain composant sa propre alchimie, un des deux caractères pouvant être dominant et l'autre récessif, comme les allèles qui déterminent la couleur des yeux.
Ce livre est fait pour ceux qui aiment écrire et lire... On entre dans l'intimité de l'auteur de 'Fuir', 'La télévision', 'La salle de bains, 'l'appareil photo'... Je pense qu'il faut avoir déjà lu et apprécier Toussaint pour se laisser séduire par 'L'urgence et la patience', recueil par lequel l'auteur nous fait entrer dans sa vie d'écrivain (bureaux, papeterie, lieux, discipline, machines à écrire ou ordinateurs, etc).
"L'urgence, qui rappelle l'impulsion, la fougue, la vitesse - et la patience, qui requiert la lenteur, la constance et l'effort (...) indispensables l'une et l'autre à l'écriture d'un livre. (...) Il y aurait ainsi, chez les écrivains, les urgents et les patients, ceux chez qui c'est l'urgence qui domine (Rimbaud, Faulkner, Dostoïevski) et ceux chez qui c'est la patience qui l'emporte - Flaubert, bien sûr, la patience même."
"L'urgence est un état d'écriture qui ne s'obtient qu'au terme d'une infinie patience".
Il conseille à ceux qui veulent devenir écrivains, de BEAUCOUP lire. Une montagne de 8000 ouvrages dont Ulysse de James Joyce, A la recherche du temps perdu de Proust, Beckett, Durell qui feront de vous un 'bon alpiniste'.
On trouve de nombreuses citations mais aussi la façon et l'état d'esprit d'écrivains comme Kafka, Barthes, et surtout Dostoïevski pour lequel plusieurs pages sont consacrées.
"Avec 'Crimes et châtiment', je découvris la puissance de la littérature (...) Dostoïevski n'est sans doute pas un grand styliste. Qu'importe. Crime et châtiment, je l'ai pris dans la gueule. "Un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous" dit Kafka (...) C'est le tranchant scintillant de cette hache - la littérature - que j'ai vu briller pour la première fois dans Crime et Châtiment".
Bernard Pivot conseille la lecture de ce recueil à tous ceux qui rêvent d'écrire mais je le conseille aussi (ainsi que ses autres ouvrages dont Fuir) à tous ceux qui aiment lire.
Je me suis délectée de ce ce petit livre de Jean-Philippe Toussaint à lire et relire.
Un court et passionnant livre sur le processus de l'écriture et la démarche de l'écrivain, avec beaucoup de références littéraires ce qui en fait un ouvrage interessant.
"Cézanne peint" chante la groupie...Toussaint écrit !
Toussaint écrit. Il nous livre les lieux et les outils, les ressorts et les émois, forgeant l'idée éponyme du livre : l'urgence du dire et la patience du comment dire. A chaque écrivain son alchimie : Rimbaud dans l'urgence, Flaubert dans la patience...
Toussaint écrit : « Je peux fermer les yeux en les gardant ouverts, c'est peut-être ça écrire. »
Toussaint écrit. S'il écrit, c'est qu'il a lu. Il a lu Proust, Beckett, Dostoïevski, trois repères privilégiés de son art, dont il évoque le magistère. Il s'incline devant une quatrième statue du commandeur, Jérôme Lindon son éditeur, austère figure des lettres françaises du XXe siècle finissant.
Toussaint écrit sur ce qu'il a écrit – rare et exigeant. J'aime ce chuchotement de confidences qui initie au mystère de l'écriture et à l'intimité de la littérature.
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