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Femmes fatales, hommes en perdition, exotisme poisseux...l'avènement du duo Loustal Paringaux dans le journal (À suivre) au début des années quatre-vingt a été un choc pour tous les amoureux du neuvième Art. Le graphisme pictural de Loustal, porté par les textes ciselés de Paringaux,nous plonge dans des atmosphères sensuelles et violentes de film noir. Cette compilation rassemble leurs meilleurs récits, dont le chef-d'oeuvre Barney et la note bleue.
Compilation de 5 des meilleurs romans graphiques signés Loustal et Paringaux, duo mythique dans l’univers de la bande dessinée française.
Le rapport texte/image est d’une complémentarité remarquable entre un écrivain et un dessinateur avec un rendu cinématographique hypnotisant.
En cartouches au bas de chaque image, les polars singuliers et poisseux de Paringaux sont portés par une justesse des illustrations tout aussi singulières et talentueuses de Jacques de Loustal dont j’admire le travail inconditionnellement.
Je ne reviendrai pas sur le légendaire album « La note bleue » déjà chroniqué dans ma bibliothèque et qui s’appuie sur la vie du saxophoniste Barney Wilen. Fabuleux.
« Cœurs de sable » se situe au Maroc à l’époque coloniale avec ses liners et hôtels de luxe fréquentés par le haut commandement de l’armée française et les jolies femmes. Une histoire d’amour qui finit mal.
Il faut dire que les polars de Paringaux finissent rarement bien… Le graphisme pictural de Loustal nous projette au Maroc avec un réalisme étonnant.
Avec « Le sang des voyous », on suit un tueur professionnel assez abject errant dans les bas-fonds bien glauques pour faire son boulot sordide. L’homme malade sait qu’il n’en a plus pour longtemps et, après trente ans d’absence, entreprend de retrouver sa femme et sa fille avant de mourir. On le suit dans des trains à vapeur, des bus, des voitures en route pour Avignon et Marseille. La fille a été vendue à une maison close spécialisée dans la prostitution à l’abattage pour les ouvriers magrébins comme on en trouvait dans le temps.
Les dessins suant de talent sont magnétisant et l’écriture remarquable de Paringaux arrive malgré tout à nous faire voir la petite lumière qui brille en chaque humain soit-il violent et tueur de métier.
« Un garçon romantique » met en scène un gigolo qui œuvre chez les très riches jusqu’au jour où il va tomber vraiment amoureux d’une princesse russe. L’argent et les classes sociales auront le dernier mot. Paringaux nous embarque dans une intrigue fort bien ficelée où amour et vengeance ne vont pas faire bon ménage. Les dessins de Loustal traduisent à merveille l’ambiance, l’époque et les sentiments.
« Kid Congo » prend aux tripes. Époque coloniale au Sénégal. Une pute s’est mariée avec un colon Français triste à mourir. Alors que ce mari la surprend au lit avec Joseph leur homme à tout faire, une dispute éclate et l’homme décide d’aller à la police. Elle le bute. Elle va dénoncer Joseph pour ce crime qu’elle a commis. De connivence, elle va retrouver Joseph au port de Saint Louis et ils vont tous deux embarquer pour la France.
Rose a vieilli et les maisons de passe huppées de Paris ne la reprennent plus. La voilà rejetée sur le trottoir et les bars de fortune crasseux. Joseph l’Africain va être recruté dans une maison close chic comme portier et vigile. Lors d’une bagarre, il est remarqué par un entraineur de boxe et Joseph sous le nom de Kid Congo va devenir une star du ring.
Le flic de Saint Louis revenu en France, le repère en lisant les journaux. Il l’arrête et lui demande de dénoncer Rose et comme Joseph refuse, le flic lui met un deal en mains. Soit c’est la peine capitale de retour à Saint Louis, soit c’est rejoindre les tirailleurs sur le front alors que la 1ere guerre mondiale vient d’éclater. Joseph choisit les tranchées où les combats sont de l’ordre de la boucherie humaine.
Violence et déchéance crasse pour ces deux hères dont tout espoir d’une vie meilleure est foulé au pied. Deux vies gâchées par la misère, l’alcool et la haine. Les images de Loustal sont prenantes et adhèrent cinématographiquement au scénario de ce drame sordide et empreint d’amertume.
Deux interviews de Loustal et Paringaux sont livrés en fin d’album.
Deux artistes remarquables qui ont uni leurs talents en une osmose parfaite pour un résultat d’exception et dont les œuvres vives multi primées sont devenues des classiques mythiques de la bande dessinée.
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