Jeune professeur dans le sud de la France, Hélène hérite d'un lointain grand-oncle. La voilà propriétaire d'une mine de graphite perdue dans la forêt malgache. Elle ne connaît rien à cette île fabuleuse, ni à ce minerai obscur. D'abord résolue à vendre ce legs encombrant, elle tombe amoureuse de ce cadre époustouflant et de ses habitants. Contre les éléments et les hommes, elle relève ce défi inouï, comme une chance de nouvelle vie. Elle se sait pas qu'en même temps que ce filon, elle hérite d'une histoire ancienne et douloureuse... À Madagascar, au fil de terribles déconvenues et de petites victoires, Hélène va faire, d'une épreuve à l'autre, l'apprentissage d'un métier mais surtout d'un peuple énigmatique et d'une terre luxuriante. Ballottée mais curieuse, effrayée mais courageuse, rabrouée puis amoureuse, la jeune femme résiste à l'ombre de deux somptueux ravenales, les "arbres du voyageur", chargés de lourds souvenirs.
« Loin » : parce que c'est à Madagascar que l'action se passe; « sous les ravenales » : parce que ce sont les « arbres du voyageur » (ils servent d'éventail (p 10) / parapluie (p 45). Ils retiennent l'eau à la base des feuilles en la stockant et permettent ainsi au passant de boire. « Ils produisent aussi des graines que l'on peut manger, ils font de l'ombre où l'on se repose » (p 45)). Voilà pour le titre choisi.
Mais le livre aurait pu s'appeler « La mine » ou « le graphite » ou même « Nouvelle vie » car c'est bien de cela qu'il s'agit de façon principale. Et le dilemme s'est imposé à Hélène à chaque instant. Entre deux cultures (française et malgache), entre deux choix (rester ou partir) et les multiples décisions au quotidien pour continuer à pouvoir faire tourner l'affaire, entre deux histoires d'amour, entre déforestation et exploitation minière faisant vivre plus de trois mille ouvriers et famille, les choses ne sont pas simples, loin, sous les ravenales.
Car les deux arbres plantés, l'un chez les Berthier qui détenaient l'exploitation dont hérite Hélène Deschamps, et l'autre chez les Lourmel, ancien patron devenu concurrent et rival incarnent le destin shakespearien d'un Roméo et d'une Juliette joués par Émile et Sarah. Ils seront encore là pour conclure le livre et la vie à Madagascar pour Hélène tout en commençant, de manière retorse, une autre nouvelle vie pour elle et son fils.
Les insertions épistolaires, sans briser la fluidité de la narration, interrompent la linéarité du récit. Elles renforcent non seulement le côté authentique, mais aussi une lecture à deux voix d'une même personne. Quant aux lettres écrites par Sarah, elles montrent un autre visage de la femme que les rumeurs ont dépréciée. La mentalité malgache, avec des dédicaces de chapitres savoureuses, n'est pas jugée, quand bien même Hélène est obligée de transiger avec sa propre éducation. Son approche franche, sincère et naïve parfois nous fait découvrir un pays captivant.
C'est le premier livre que je lis publié par les éditions : Les Nouveaux Auteurs (Le Lys Bleu - maison d'édition indépendante de littérature francophone fondée en 2007). Je pense qu'elle n'a rien à envier à celles qui ont pignon sur rue depuis plus longtemps.
Loin sous les ravenales a remporté le prix littéraire GEO du voyage extraordinaire 2010.
Nota bene : Ce livre a été ajouté à ma liste « Titres d'ordre végétal » sur anne.vacquant.free.fr/av/
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