"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Emprisonné en même temps que ses parents, c'est à l'âge de sept ans que Pavel a découvert l'enfer du goulag. Séparé des siens, il a dû apprendre à survivre seul. Quelques années plus tard, il connaît bien les règles qui régissent son univers: la violence permanente, l'incurie des gardiens, la toute-puissance des chefs de gangs,... Il sait que s'adapter et s'endurcir ne suffisent pas. Grâce à ses talents de tatoueur, il obtient la protection de Kiril la Baleine, le plus cruel des caïds. Mais s'allier avec le diable a toujours un prix...
New-York, 1979, Paul est un tatoueur très expérimenté, à qui la police fait régulièrement appel pour des portraits robots, en raison de son exceptionnelle habileté à les dresser. Mais Paul n'est pas toujours cet homme placide, quand il est confronté à la violence, il peut se transformer ...
URSS 1941, les parents de Paul ont émigré à Moscou. Son père, dessinateur talentueux, rêvait de réaliser des décors de cinéma pour le génialissime réalisateur Eisenstein. Mais en raison de la grande guerre patriotique mise en place par Staline, la famille de Paul est arrêtée au motif d'espionnage, condamnée et déportée dans un goulag en Sibérie.
Paul, devenu Pavel et âgé de 7 ans, va alors vivre l'enfer sur Terre d'abord avec d'autres enfants puis au milieu de criminels chez qui, son habileté à dessiner va bientôt faire mouche et lui permettre d'assurer sa survie.
Deux histoires en parallèle, des réminiscences d'un terrible passé au goulag, un tueur en série qui sévit dans les rues de New York, une jeune adepte elle aussi passionnée par le dessin de tatouages, la transmission d'un savoir, des règlements de comptes... cette page ne suffit pas pour énumérer le foisonnement de thèmes abordés dans cette bd Little Tulip réalisée en 2014 par François Boucq et Jérôme Charyn chez Signé Le Lombard.
Les dessins, ô combien sublimes, se suffisent à eux-mêmes pour décrire l'indicible, l'abjection des faits.
Comment résister à cette beauté graphique alors qu'elle montre l'horreur dans toute sa splendeur !
C'est toute l'antinomie de cet album que j'ai aimé à un point que je ne saurais décrire.
Une révélation que cette exceptionnelle bd
❤️ Coup de cœur pour ce très bel album que ce Little Tulip, avec de superbes dessins de François Boucq sur un excellent scénario de l'américain Jerome Charyn.
Le script fait s'entrecroiser deux périodes : 1947, le jeune Paul se voit brutalement déporté avec ses parents au goulag de la Kolyma et se retrouve bien vite orphelin dans les pattes des malfrats qui font régner leur terreur sur le camp.
Son don pour le dessin (hérité de son américain et couillon de père, venu en URSS dessiner des décors pour Eisenstein avant de se faire dénoncer pour le goulag), son don pour le dessin va assurer sa promotion au rang de tatoueur des gangs de la Kolyma.
Seconde histoire, 1970, Paul a bien vieilli mais continue de dessiner et de tatouer à New-York (la ville fétiche de Charyn), tirant des portraits robots pour la police à la recherche d'un serial-killer déguisé en père noël.
Bien entendu les deux périodes, les deux intrigues vont s'entrecroiser et plutôt deux fois qu'une. Le scénario est plutôt bien monté qui enchaîne les événements d'une époque après l'autre comme s'ils se répétaient à 25 ans de distance.
Mais il n'y a pas que les péripéties qui s'imbriquent, c'est aussi le cas des dessins puisque les tatouages dessinés sur les corps forment presque une BD dans la BD et là encore, les effets de cadrage et de mise en scène sont plutôt bien vus.
Bref, voilà un album sacrément bien foutu, tout en échos et répons, une histoire de deux enfances sans innocence, une histoire dense et violente qui se lit trop rapidement mais que l'on va feuilleter plusieurs fois avant de refermer.
Les dessins fouillés de François Boucq rappellent un peu le Jean Giraud de Blueberry et, avec des visages et des corps très expressifs, sont au même niveau d'exigence que le scénario.
Les deux compères viennent de sortir un nouvel album, New York cannibals, qui s'annonce comme une suite plutôt réussie. On vous en parlera donc bientôt et c'est pourquoi on avait ressorti cette Petite Tulipe qui datait de 2014.
Pour celles et ceux qui aiment les tatouages.
Une BD majoritairement dans les tons bruns, marron, aux dessins explicites et forts. Les différents contextes le sont aussi, le goulag et la promiscuité, la difficulté d'y survivre, de résister aux manques et à l'extrême violence. Mais aussi le salon de tatouage de Paul et surtout les rues de New York en 1970 et ce tueur qui fait des ravages. L'ensemble fonctionne très bien, tant l'intrigue que les descriptions des environnements et des personnages. Pavel devenu Paul est un taiseux, un mec qui ne se confie pas du tout. Il vit avec Yoko et sa fille Azami, ce sont ses deux seules attaches à ce monde, elles et son travail de tatoueur.
L'histoire est suffisamment dense et forte pour nous tenir en tension et haleine les quatre-vingt-cinq pages de cet album. Vous avez pu remarquer, pour ceux qui me suivent régulièrement (les autres, je me répète, mais ce n'est pas bien, vous devriez venir plus souvent) qu'en ce moment je fais une cure de BD : en fait je suis allé à la bibliothèque de ma commune et comme je n'y étais pas entré depuis longtemps, il y avait plein d'albums que je n'avais pas vus et empruntés. Je suis revenu avec les bras chargés, il y en a donc d'autres à venir...
J'ai dévoré Little Tulip d'une traite, sans même m'en rendre compte, emportée par une histoire passionnante et très bien illustrée.
L'intrigue se développe en deux lieux très différents, à deux époques bien distinctes : le New York des années 1970, où Paul, tatoueur professionnel, vient en aide à la police en dessinant des portraits robots plus vrais que nature, et le goulag de la Kolyma, dans l'Extrême-Orient russe, à la fin des années 1940. Dans ce tristement célèbre "centre de rééducation" où ont été déportés criminels, intellectuels et opposants politiques, le petit Pavel, sept ans, fait tout ce qui est en son pouvoir pour retrouver ses parents, citoyens américains arrêtés et envoyés au goulag sur dénonciation. Artiste, son père lui a donné le goût du dessin, et c'est ce qui sauvera Pavel : il se fera remarquer pour ses talents et deviendra après un apprentissage auprès d'un "chaman du dessin" le tatoueur de l'une des bandes de criminels qui peuplent la Kolyma. Entre Pavel et Paul, il y aura toute une enfance brutalement terminée, un apprentissage du dessin et du combat, le tout dans une ambiance d'une rare violence.
L'histoire se déroule aisément, les nombreux flashbacks se fondent harmonieusement dans l'intrigue principale et permettent de découvrir peu à peu le passé et la personnalité de Paul. Les dessins ne sont pas désagréables du tout et rendent bien compte de l'ambiance du récit, de même que les très belles couleurs utilisées. Mon seul petit regret concerne la fin de l'histoire, trop abrupte à mon goût, et qui fait intervenir une touche de fantastique qui m'a un peu dérangée car rien ne l'annonçait auparavant. Ceci mis à part, cette bande dessinée est excellente.
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