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Un jour, je me suis demandé : pourquoi est-ce moi qui ramasse les affaires qui traînent ? Je n'ai trouvé qu'une seule réponse. Parce que je suis une femme qui vit avec un homme et deux enfants et que, conséquemment, les corvées, c'est pour ma gueule.
Être une femme, ce n'est pas seulement l'idéal de minceur et de cheveux qui brillent, c'est le souci permanent des autres et du foyer, c'est être sans cesse ramenée à la saleté, aux taches, à la morve. L'égalité serait déjà là, mais les femmes conservent la conviction intérieure qu'elles doivent s'occuper de tout et de tout le monde, et d'elles en dernier, s'il reste cinq minutes à la fin de leur triple journée.
Cette féminisation de la sphère privée implique une autre conséquence : l'espace public est toujours masculin. Peut-on se dire égaux quand la moitié de la population adapte ses vêtements en fonction des transports et fait attention à ne pas être seule la nuit dans la rue ? Et si le combat féministe devait encore et toujours se jouer dans la vie quotidienne de chacune et chacun, chez soi, dans sa propre maison, devant le panier de linge sale ?T. L.Une auteure pop et incisive. Dorothée Werner, Elle.Un brillant essai. Anaïs Ballin, Page des libraires.
Vous est-il déjà arrivé de lire un livre en vous exclamant à chaque page, ou presque : « Ah mais c’est tout à fait moi/ce qu’il se passe à la maison, ça ! ». Cela risque de vous arriver avec ce livre. En effet, qui ne s’est pas déjà agacée devant une chaussette (ou un T-shirt, ou un caleçon) qui traîne par terre au lieu d’être dans la panière de linge sale ?
Titiou Lecoq part d’un fait banal du quotidien pour mener une réflexion caustique et décapante sur notre société. Bien sûr, le livre recèle une colère certaine et dénonce une injustice, mais cela se fait avec beaucoup d’humour et d’auto-dérision, ce qui rend la lecture de ces pages un réel plaisir. L’autrice nous amène à nous interroger sur l’égalité au sein des couples, sur les origines des rôles homme/femme et de l’attribution des tâches, sur la construction de la famille et l’éducation des enfants, sur le monde du travail et la vie dans l’espace public en général.
J’en ai lu des passages entiers à mon mari qui prenait un malin plaisir à se plaindre qu’on n’écrivait rien sur « Le combat des hommes qui commence devant une prise à raccorder au réseau électrique ». Il n’empêche que, si j’ai aujourd’hui envie d’offrir ce livre à toutes les femmes de mon entourage, je suis convaincue qu’il faudrait aussi que leurs conjoints le lisent. Peut-être en commençant par la fin où l’autrice les inclut dans le processus de changement qu’il serait bon de faire advenir.
Non, messieurs, il ne s’agit pas de dire : « Vous êtes tous nuls, soyez parfaits comme nous, les femmes ! » (ce que se plaît à dire mon mari) mais de remettre en question tout un système qui, il faut bien l’avouer, est toujours à l’avantage des hommes. Peut-être est-ce d’ailleurs pour cela que beaucoup ne sont pas pressés de voir les choses changer. Après tout, qui a envie de se départir de ses privilèges ? Il y a certainement des combats à mener des deux côtés : Titiou Lecoq propose de faire preuve d’empathie et de comprendre que l’égalité ne se résume pas au droit de vote et à la possibilité de travailler des femmes.
Sur ce, je vous laisse, je vais glisser le livre sous l’oreiller de mon mari (qui s’amuse à me faire tourner en bourrique en démontant le livre mais qui tend une oreille tout de même attentive, comme le démontre le nouveau partage des tâches ménagères depuis une semaine et le fait qu’aucun vêtement ne traîne par terre…).
J'aime beaucoup l'écriture de Titiou Lecoq, dont je ne ratais jamais les chroniques hebdomadaires sur Slate qui se sont achevées (snif !) tout récemment.
Je l'avais même rencontrée, grâce à Babelio, après avoir lu sa biographie de Balzac "Honoré et moi".
Ma fille m'a passé récemment cet essai féministe qui démarre avec une chaussette qui traîne par terre, et qu'elle décide de ne pas ramasser ... et cette chaussette va devenir invisible pour tous les membres de sa maisonnée sauf les siens et cristallisera toutes ces injonctions 'féminines depuis la nuit des temps' qui permettent de se réjouir d'une maison bien rangée, d'une cuisine étincelante et de piles de linge bien alignées ...
Mais au bout du compte n'est-ce pas les femmes elles-mêmes qui s'obligent à ces activités, qui s'interdisent de briguer des postes à plus hautes responsabilités parce qu'elles sont mères ou souhaitent le devenir ?
Quelle est la réelle part de misogynie et de plafond de verre vs le fait de ne même pas essayer ?
De nombreuses pistes de réflexions et notamment celle qui vise à ne plus se poser en victime !
Une lecture salutaire à mettre entre toutes les mains !
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