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Cette parution chez le Seuil m’a permis de lire pour la première fois de la littérature chinoise, et rien de moins qu’un prix Nobel. Mo Yan a en effet reçu le prix de littérature en 2012. Pour être claire, je ne connais pas grand-chose à la culture chinoise, ni à son histoire, ni à sa littérature. Pour dire, il m’a fallu une centaine de pages pour comprendre que le nom de famille dans, par exemple, le nom Mo Yan était la première partie, comme en coréen. De plus, lorsque vous ouvrez sa page Wikipédia, vous lisez « né le 17 février ou le 5 mars 1955 ou bien encore en mars 1956 », de quoi légèrement vous étonner. En revanche, on sait avec certitude qu’il est né dans la province du Shandong, au sud de Pékin, appartenant à la Chine du Nord. La liste de ses œuvres, composée de divers romans et nouvelles ainsi que des essais est assez longue. Ce recueil de onze nouvelles est son avant-dernière parution dans son pays, le titre français correspond à la dixième nouvelle.
Onze nouvelles agencées de manière croissante selon la longueur : nous commençons avec des textes de quelques pages jusqu’à quelques dizaines de pages pour les dernières. Le narrateur semble être un double de l’auteur d’autant que le village natal de l’auteur Gaomi est le décor de beaucoup des nouvelles. C’est donc un homme d’un certain âge, qui a grandi à Gaomi, a quitté tôt l’école pour travailler dans les champs, s’est engagé dans l’armée, est un écrivain reconnu. En revanche, il a deux frères, et non pas des sœurs comme détaillé dans certaines des nouvelles. Toutes ces nouvelles ont un cadre rural, loin des métropoles surpeuplées, c’est au milieu des champs et autres paysages de la région, dotés de Sophoras, d’étangs avec joncs et roseaux, que l’auteur fait évoluer ses novellas et ses personnages.
Première difficulté me concernant, la mémorisation des noms des personnages, d’autant qu’ils sont souvent remplacés par des surnoms, ou même simplement remplacés par un autre nom, le nom original portant alors la désignation de nom de lait. Deuxième difficulté, les liens de parenté sont parfois obscurs et ne correspondent pas à ce que nous considérons, dans notre culture européenne, comme parent. Ensuite, le système communiste administratif de Mao Zedong semble assez lourd et parfois très nébuleux, je pensais que le système soviétique l’était, mais ici, on touche à une autre sphère de la complexité obscure. Et il faut se faire à l’histoire moderne de la Chine, notamment à la Révolution culturelle (1966 à 1976). C’est évident qu’aborder des cultures très différentes des nôtres nous fait sortir de notre zone de confort, ce fut le cas, mais cela reste très enrichissant littérairement et culturellement.
Le style de la narration est assez affecté et imagé, souvent ponctué de proverbes, ce qui d’ailleurs est rendu par les noms des personnages dont je parlais plus haut, comme par exemples le forgeron et ses deux apprentis de la première nouvelle : Vieux Han, Petit Han (oncle et neveux) et le Troisième. On y découvre une société extrêmement hiérarchisée, très attentive à la place occupée par chacun dans la société, et même chez les agriculteurs, un même sens de la hiérarchie que l’on retrouve dans les familles, qui ici n’ont pas le même sens que l’on peut comprendre. Le vocabulaire du communisme chinois est quant à lui très formaliste et précis, il faut intégrer les termes, assimiler, par exemple, qu’un point-travail était une unité de calcul pour le travail fourni, ce qu’est un camp indépendant du bataillon de production et de développement.
Mais les comportements et les sentiments humains restent les mêmes, moquerie et méchanceté d’un groupe d’enfant envers un plus faibles, ils sont seulement décrits de façon différente par la complexité des normes sociaux, de l’importance de cette famille au sens élargie du terme, des valeurs portées plus lourdement sur les lignées familiales, sur leur histoire et toutes les références culturelles afférentes. Des jaloux, des rapiats, des hommes vénaux. Les récits ne sont pas sans humour, même si celui-ci est distillé très parcimonieusement à travers des traits de dérision ou de sarcasmes. Et c’est ce qui caractérise aussi cette écriture, toujours très noble et élégante, loin de toute vulgarité excepté lors de certains dialogues et du langage parlé alors usité, les caractères des personnages décrits avec beaucoup de circonspection (ce que j’admire), les faits un peu triviaux racontés avec fierté, comme cette nouvelle qui évoque un pétomane en puissance, Chang Lin. Des histoires de villageois, d’amitiés, d’amour, des vies qui essaient de s’en sortir, ces onze nouvelles sont idéales pour une première approche de la littérature chinoise, pour une immersion dans l’immensité de ce pays dont nous n’avons pas forcément les codes : au-delà des règles sociales très figées, les traits de caractère sont universels, et l’on rencontre les mêmes rapports, des réactions identiques, en occident ou en orient, les mêmes trahisons(...)
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