"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Devenir lecteur est l'oeuvre d'une vie, pas seulement lire des livres mais lire la bibliothèque et découvrir les liens, les échos, les passages secrets entre les rayonnages, compulser et annoter les livres écrits sur d'autres livres : la lecture, la relecture surtout suscitent la connivence des lecteurs et enrichissent l'amitié, embellissent les histoires d'amour, offrent le calme et le retrait nécessaires à la pensée, à l'imagination, à la rêverie.
comment un livre peut il etre interpreté diffremment ailleurs? Dans l un de ces courts textes, patrick deville evoque les aléas de la traduction et comment il passe des jours a discuter de telle ou telle formulation. L ecriture nazairien reve aussi de son lecteur ideal , quelqun d attentif et rigoureux , capable de savourer au pres pres ses annees de travail
le romancier accumule des tonnes de documentation et parcourt le monde pour abtir se romans sans fiction , a grignoter patiemment. Une compialtion , enf orme d ode à la litterature , publiée en meme temps que l impressionnant Amazonia , 7 e volume d une folle oeuvre qui en comptera douze!!
J’attendais ce livre avec une certaine impatience pour rencontrer le lecteur Patrick Deville. Il s’agit d’un recueil de 5 textes déjà parus et remaniés, adressés à des personnes qui lui sont chères.
« Lecteurs » pour Pierre Michon. Avec sa compagne Véronique Yersin et un ami photographe, Patrick Deville rend visite à l’auteur des « Vies minuscules ».
« Le vin de La Guerche pour Gilbert Boureau. Patrick Deville aime rencontrer ce vieux monsieur taiseux de la Guerche, marathonien, gymnaste et fermier qui a vécu la guerre, les luttes ouvrières, qui cultive la vigne, aide aux foins, entretient le potager et qui est « Cet homme est une partie de mon lecteur idéal : ces cinq ou six personnes dont j’imagine la lecture lorsque je me relis. Nous sommes dans la lumière de l’été 2012. Je suis venu lui offrir un livre à paraître sur les pasteuriens, suppose qu’Alexandre Yersin, lequel revendiquait ce grand titre de paysan, le goût de la terre, la curiosité de la recherche encore artisanale, qui tout de même fit de lui le vainqueur de la peste, est un héros à sa mesure. »
« Bonheur de Babel » pour Rainer Michael Mason. C’est une lettre.
« Cher Rainer, Assis ce matin à la terrasse d’un café de Guéliz, devant l’Atlas marocain enneigé au loin, des orangers en fruits et ce carnet sur la table, ce 21 février 2018 (…) songeant à la proposition que tu m’as faite le mois dernier à Paris de rassembler pour toi quelques propos sur la traduction. »
Un regard sur la traduction des œuvres françaises et étrangères. Un passage hilarant sur comment traduire « avoir les bigorneaux à l’air » ou encore notre terme bien français lui aussi, soit « un pékin » Épineux problèmes… Un texte plein d’humour sur la traduction (P. Deville est Directeur de MEET à Saint Nazaire).
« ‘Cuerdas’ —mon dieu, des cordes !—jetées depuis le pont d’un navire vers le quai — de refaire d’autorité l’accastillage et d’y placer des haussières. »
« Cheval et perroquet » pour Véronique Yersin. « C’est un poème culte, ‘Le grand Burundun-Burunda est mort’ (de Jorge Zalamea).
Dans ces quelques pages, nous retrouverons l’érudit voyageur Patrick Deville en Amérique du Sud avec nombre de ses amis et rencontres, nous parler de littérature et de la grande histoire. Véronique Yersin, membre fondateur des Éditions Macula, créera une nouvelle traduction quarante après celle de Miomandre.
« Elle prend son temps, pendant des mois et des années cherche le pas juste du Cortège funèbre, celui des énumérations et des allitérations, le jeu complexe des rimes et des rythmes, la grande musicalité du texte original noir et baroque, imprime quelques exemplaires qu’elle offre à des amis.»
« Devenir lecteur est l’œuvre d’une vie. Non pas seulement lire les livres mais lire la bibliothèque, les grands morts et les contemporains, emprunter les chemins de traverse, découvrir les connexions secrètes, les souterrains cachés qui relient les textes. »
« Aux amis » pour Philippe Ollé-Laprune. Voyages, littérature, exils, séparations et retrouvailles. Conversations.
« (…) on n’écrit jamais seulement pour les contemporains, mais aussi toujours pour plus tard, pour des lecteurs qui ne sont pas nés encore. Les livres attendent dans nos bibliothèques d’être lus et relus et commentés après la mort de leur auteur ; cette étrange fraternité des grands solitaires se joue des siècles et de la géographie, de l’espace et du temps. »
« Et nous reprendrons ces conversations depuis longtemps entamées à Tampico ou Xalapa, à Oaxaca ou Guadalajara, au café La Selva dans la colonia Hipodromo, chez Dédé dans le Pâquis de Genève, au bar Le Skipper sur le port de Saint-Nazaire, à Guatemala, à Paris rue de Cherche-Midi au bien-nommé Bistrot des Amis, avec notre indéfectible complicité des lecteurs. »
L’assiette culturelle est généreuse. Comme à son habitude, l’auteur nous la sert pleine à ras bord. Digère qui pourra…
Je ne suis pas sure que les Éditions du Seuil me recruterait comme commerciale après ce que je vais noter mais, pour apprécier ce petit livre (petit par son format poche et ses 55 pages – mais grand dans son riche contenu comme tout ce qu’écrit P. Deville), pour apprécier ce livre, il faut déjà avoir lu ses romans et aimer la plume de ce conteur érudit et talentueux.
‘L’étrange fraternité des lecteurs solitaires’ est écrit du bout du cœur et sue la tendresse, le goût du voyage, l’attachement à sa ville de Saint-Nazaire, l’estime pour ses amis, la bienveillance pour son travail d’écrivain et son amour pour la lecture, les belles lettres et la poésie.
‘L’étrange fraternité des lecteurs solitaires’ est la reconnaissance intime d’un vibrant et délicat hommage à l’amitié et la littérature.
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