"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Les habitants d'un petit village se réfugient à l'intérieur d'une église afin d'échapper aux exactions d'une horde de pillards, une mère décide de venger l'assassinat de sa fille en exécutant un ancien chef de guerre, un assistant vétérinaire se livre à des opérations punitives contre les chiens, un obscur figurant de cinéma finit par tomber de haut, victime de sa vanité⦠Confrontés à des événements parfois étranges, parfois absurdes, mais toujours implacables et cruels, les personnages de ces douze histoires courtes connaissent, chacun à sa manière, un sort tragique. Jusqu'à le lecteur pourtant rompu aux sortilèges de la fiction et qui ne peut qu'assister, impuissant, à la disparition de son livre.
Lucide, sombre, subliminal, « L’éternel figurant » est un kaléidoscope manteau gorgé de pluie sur notre monde vacillant.
Le regard visionnaire et les mots annonciateurs, c’est un électrochoc nécessaire. Il donne la parole à douze nouvelles. Brise le plafond de verre, lames gelées, brise-glace sur nos égarements. Le macrocosme du monde ployé sous les affres des perditions et de l’impondérable. Les conséquences des actes lancinants et violents.
« Dans mon pays en guerre » est un symbole fort.
« Si certains prient, c’est tout bas, comme s’ils avaient honte. C’est aussi la preuve qu’on peut encore se réfugier en soi-même. »
Église asile, grotte matrice-mage, où les habitants repliés pensent le feu s’arrêter sous le porche des regrets. Il n’en sera rien. Le bûcher parabolique, annonciateur des mécanismes implacables où le prochain doit mourir.
« Les premiers brandons s’abattent en sifflant autour de nous. »
La guerre fratricide, mordante et tueuse qui ne laisse aucune miette pour les affamés de la paix. Si près de nous encore…
Les signaux vifs de Raymond Penblanc rassemble l’épars. Existe-il un bruissement de rédemption ?
On déambule dans un labyrinthe où les racines accrochent nos pieds. Les résistances, contre-pied au nihilisme, au cynisme, à l’effroyable.
« Qu’importe si on ne me reconnaît pas. Je serai cent, je serai mille, je le suis déjà, si je m’amuse à mettre bout à bout toutes les figurations… Un sacré sport qui vaut toutes les figurations. »
Un peu du mime Marceau, de la transmutation, les mythes théâtralisés, le masque tombe. La figuration, scène exutoire.
Que dire de la douzième qui sonne le glas de la finitude littéraire. Autofafé sur nos consciences qui n’ont pas compris combien le mot est l’oxygène du monde. Le néant, le dernier lecteur, la parabole est l’encre égarée dans les méandres des perditions. Prenez soin de celle-ci. « Le dernier ouvrage » mirage annonciateur.
Les fragments sont des étincelles tragiques et tremblantes. Des soubresauts réalistes et inéluctables, d’une beauté inouïe. Raymond Penblanc dresse le portrait de la vie et de ses inévitables errances, à rebours des non dits et des fausses joies. En cela ce texte est aussi une urgence de lecture. La tristesse douloureuse, ces douze nouvelles sont la traversée du miroir de notre vaste humanité. Grave et superbe, cette noria de nouvelles est un ballet d’oiseaux noirs qui transpercent nos indifférences. Inoubliable.
Publié par les majeures éditions Le Réalgar.
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