"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans un bourg proche de Turin, durant les années 1940, celles de la guerre et de l'après-guerre, quelques familles de la bourgeoisie piémontaise se croisent dans une paisible cohabitation. Leur petite communauté assigne a` chacun un rôle déterminé et des aspirations convenues. L'occupation favorite des uns et des autres consiste a` «enterrer ses pensées» pour laisser place a` d'insignifiants commentaires sur un quotidien étriqué et répétitif. Un environnement étouffant pour les plus jeunes parmi lesquels se trouve l'invisible narratrice de ce récit distancie´, Elsa. Étrangement absente de ces histoires familiales, elle sort soudain de l'ombre, révélant un visage jusque-là inconnu de tous, comme du lecteur.
Une mère et sa fille cheminent. Et discutent. Même si très vite, la conversation semble à sens unique. Comme si la fille s'effaçait derrière la volubilité de sa mère. Simple spectactrice d'un monologue.
Et c'est justement elle. Elsa. Qui va nous conter l'histoire de son village, tout près de Turin. Chronique d'existences à l'ombre d'une usine et juste après les ravages de la Seconde Guerre mondiale.
Cela faisait quelque temps que je rêvais de découvrir la plume de Natalia Ginzburg.
Parce qu'elle fait partie des autrices plébiscitées par Elena Ferrante.
Parce qu'elle est aussi très souvent mise en avant dans les coups de cœur en littérature étrangère par les librairies londoniennes.
Le premier chapitre m'a un peu desarçonnée. Et puis, je me suis laissée emporter par la musique si particulière de cette écrivaine. Sa manière de croquer les uns et les autres. Quelques traits et c'est comme si ils apparaissaient sous nos yeux. Sa façon de nous surprendre avec son personnage principal qui comme en retrait de l'action pendant les 2/3 de l'ouvrage prend soudain toute la lumière.
Natalia Ginzburg a un sens du dialogue percutant et souvent drôle. Un art également pour laisser des blancs. Sortes d'inserstices narratives qui dissimulent certaines fêlures mais offrent en même temps la possibilité au lecteur de combler ces béances par son pouvoir imaginatif.
Un livre resserré. Un livre dense. Un livre comme un cycle où se répondent les séquences d'introduction et de conclusion. Un livre que je ne peux que vous conseiller pour entrer dans l'univers de Natalia Ginzburg. Un univers que je continuerai très certainement à explorer.
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