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Premier opus d'une série intitulée « La maison des dames », ce polar d'idées aborde des sujets de société dérangeants comme le vieillissement et sa place dans la cité, la question du genre. Une écriture subtile et envoûtante.
« Peu prisé des Parisiens qui partent en masse passer leurs week-ends à l'ouest de la capitale, le sud de l'Aisne, à une heure et quart de Paris, dévoile une beauté douce. C'est une modeste provinciale aux atouts discrets et sûrs, quels que soient les caprices du temps. Les chanceux qui l'ont découverte y restent attachés comme Thésée au fi l d'Ariane. » En quelques lignes, Danièle Ohayon campe son univers de fausse douceur, de lumière mouillée et de perversité. Autour de la Maison des Dames et du personnage central, la toubib humaniste Mars Catalano, se déploie une histoire vénéneuse où le théâtre des apparences perd délicieusement le lecteur. Sur les terres de l'Aisne en effet, sévit un serial-killer d'un nouveau genre : un tueur de personnes âgées. Où l'on voit aussi des activistes pro-seniors, les Indignés gris, un journaliste transgenre, une étrange station de radio, et même un médecin tchadien en exil.
Étrangement, les personnes qu'interroge Adam, jeune journaliste enquêtant sur "les vieux et l'amour", sont assassinées les unes après les autres. Que ce soit en Bretagne, à Paris où dans ce sud de l'Aisne aux paysages faussement veloutés, là où habitent Mars Catalano et son mari, on pourrait suivre Adam à la trace par les morts qui jalonnent son parcours. Évidemment les policiers ne pouvaient manquer de faire des liens entre les meurtres et la présence d'Adam... Alors que la tante du jeune homme sombre dans une mystérieuse dépression, Mars se démène pour démêler un écheveau que les secrets des uns et des autres contribuent à embrouiller davantage. Une équipe de militants chenus, communauté soudée par des relations déconcertantes, la lutte d'un médecin tchadien pour les exilés politiques, l'histoire de Mars, elle-même, viennent encore compliquer cette affaire aux implications aussi personnelles qu'universelles.
Sous l'intrigue aux multiples rebondissements, affleurent des thématiques actuelles, souvent sujets à polémiques, sur lesquelles Danièle Ohayon a la subtilité de ne pas insister, laissant au lecteur sa part de questionnement et la liberté de ses réponses. Vieillesse, déchéance, filiation, identité sont quelques-uns des motifs qui servent de trame à l'énigme de l'existence : quel contrôle, chaque individu peut-il exercer sur sa propre vie ?
La question n'est bien sûr jamais posée de manière aussi formelle dans le roman ! Mais elle est sous-jacente à l'intrigue, au système de personnages et à leurs histoires. La fluidité de l'écriture joue sur les (fausses) apparences des individus aussi bien que des paysages et nous embarque dans cette histoire méandreuse, sillonnée de mélancolie.
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