Après Les Amants de l'été 44 et Pour l'honneur des Rochambelles, la nouvelle grande saga féminine de Karine Lebert entremêlant Histoire et destins, passions et secrets de famille.
À Honfleur, en 1938, Pauline brave l'opinion publique en épousant Joachim, un réfugié allemand qui a fui la montée du nazisme. Les unions franco-allemandes sont mal acceptées et le couple est mis à l'index. Quand la guerre éclate, Pauline quitte tout pour suivre son mari, entré en clandestinité.
En 1946, dans un Berlin occupé par les Alliés, Hilda, la soeur de Joachim, tombe amoureuse d'un officier français. De cette liaison naît une enfant, Adeline, qui disparaît mystérieusement. Hilda se lance dans une recherche désespérée pour la retrouver.
Soixante-dix ans plus tard, à Cabourg, Valentine et Magda, deux jeunes musiciennes, deviennent inséparables. Valentine est normande et Magda, l'arrière-petite-fille de Pauline, allemande. Intriguée par l'histoire familiale de son amie, Valentine part sur les traces d'Adeline.
Entre passé et présent, souvenirs et mensonges affluent. Commence alors une véritable enquête...
- Prix du roman normand Luigi Bergamo 2022, Rotary Rouen
Avis : PERCUTANT
Après « Pour l’honneur des Rochambelles » et « Les ombres du palais », j’ai saisi l’occasion de lire le dernier roman de Karine Lebert, une auteure que je suis désormais.
Pauline, Hilda, Valentine : trois femmes aux destins différents mais intimement mêlés pour les deux premières. Pauline aime Joachim qui a fui l’Allemagne nazie ; elle le suivra presque jusqu’au bout. Hilda, la sœur de Joachim, devenue l’amie de Pauline, repartira en Allemagne rejoindre son fiancé et rencontrera la fureur des hommes. Valentine sera un trait d’union entre les générations pour reconstituer des vies fragmentées, oubliées, mensongères, torturées. Entre 1937 et 2015, de Honfleur à Berlin, du Sud de la France aux terres de Russie, ces trois femmes remonteront le temps pour trouver des destins.
Ce roman de 600 pages s’appuie sur une bibliographie importante, c’est une vraie force incitative et permanente. Même si la première partie m’a semblée longue, j’ai bien compris qu’il fallait installer la fiction mais surtout rendre visible l’environnement, la société, les horreurs de l’époque.
D’autres auteurs ont exploité cette période mais ici, j’ai redécouvert que les allemands fuyant le nazisme avaient rejoint le maquis aux côtés des résistants, que les vainqueurs de 39/45 n’avaient pas tous été respectueux des vaincus, que le retour des russes blancs en URSS avait été un piège pour beaucoup, etc. La romancière nous fait approcher au plus près de ce que l’on vivait quand on était allemand et qu’on rejetait les horreurs du nazisme. Les détails sont criants de vérité et la vie des couples franco-allemands est passée au crible.
Il y a du suspense, l’intrigue courant sur plusieurs générations ; à la fin j’avoue avoir apprécié les années en début de chapitre pour ne pas m’y perdre. Il y a des secrets de femmes et de familles qui peuvent détruire. Il y a surtout deux femmes courageuses, Pauline et Hilda, qui sont allées au bout de leurs choix.
L’écriture est fluide, ce qui facilite la lecture rendue compacte par les détails historiques savamment égrainés. Cette fiction a le grand mérite de nous faire appréhender de l’intérieur des périodes qui ne peuvent se résumer aux grands événements que l’on nous a appris. Il est toujours intéressant de découvrir ce qu’était le quotidien durant ces périodes terrifiantes
Je remercie #NetGalleyFrance et les Presses de la Cité pour le service presse de #Les Souvenirsetlesmensongesaussi
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