Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Eva est photographe de mode pour enfants. Un appel pressant de sa soeur Liv l'oblige à revenir séance tenante dans son village natal de la frontière franco-allemande. Sur l'autoroute, souvenirs et pensées affluent et se bousculent à bord de la voiture de location : son rapport, parfois cynique, aux enfants qu'elle prend en photo, son enfance avec Liv, qui soigne aujourd'hui les gens à coups de petites phrases énigmatiques, et aussi les visites rendues à Irène, leur mère, perdue dans les méandres de sa mémoire défaillante. Au terme de ce long voyage sur l'autoroute rectiligne, Eva n'est plus la même.
Ce roman est celui d'une modification intérieure. Mêlant les temps et les portraits de trois femmes aux prises avec leur époque, il sonde en profondeur les rouages d'une société fondée sur le profit, le court terme, et remet en question la place de l'enfant et celle de la femme. Sa construction non linéaire est rythmée par des séances qui s'entrechoquent et s'éclairent les unes les autres. D'une écriture limpide, ce livre est une ode à la possibilité, loin des itinéraires tout tracés, de bifurquer. D'échapper.
Des séances de photos, des séances de psy (ou presque) ou des séances à la maison de retraite où l'on ressasse de vieux souvenirs...
Ces séances font le roman.
Eva et Liv sont deux soeurs, bien différentes. Eva est froide, peu tactile et photographe. Elle nous raconte ses séances de photos avec les enfants qui savent tant donner. Mais pas elle !
Liv est bien plus douce. Elle a décidé de reprendre le travail de sa mère et de sa grand-mère. D'abord soigner les gens, comme les rebouteuses. Puis elle se contentera de les écouter et les clientes repartiront avec un phrase à méditer qu'elles rumineront mais qui leur fera du bien.
Eva et Liv se retrouvent aussi régulièrement à la maison de retraite pour voir leur mère, atteinte par la maladie d'Alzheimer. Celle-ci raconte inlassablement son passé.
Merci à Masse critique qui m'a permis de découvrir cette auteure. Un livre que j'ai reçu et commencé à midi, que je n'ai plus lâché et qui était terminé le soir-même.
L'écriture est belle, le sujet est original et l'émotion est grande (dernière phrase...).
Un beau et court roman qui le temps d’un voyage vers la frontière entre la France, l’Allemagne et le Luxembourg, va donner à Eva l’occasion de faire le point sur sa vie, sur ses relations avec sa sœur Liv et sa mère Irène. Un temps qui offre aussi, avec mélancolie et poésie, l’occasion de s’interroger sur les choses graves. Sur la vie et la mort, sur la famille, la naissance, sur la sensualité et le désir, sur le Corps – pour reprendre le titre d’un précédent roman de Fabienne Jacob.
Si Eva a pris la route, c’est qu’elle répond à l’appel de sa demi-sœur Liv. Leurs différents parcours se rejoignent autour du titre du roman : toutes deux pratiquent des séances.
Eva est une photographe reconnue, directrice d’un magazine dont elle a eu l’idée et dont elle est aussi la principale photographe. Ses séances tournent beaucoup autour des portraits, notamment d’enfants, dont elle sait comme personne sonder les mystères : « En les photographiant, Eva prend aux enfants une chose qu’ils ont au fond d’eux et qui n’a pas de nom, qui irradie du fond de leur être, on ne sait pas exactement où, se fraye un chemin dans le noir et qu’elle finit par faire remonter au grand jour. Quand ça apparaît sur la bouche et dans les yeux des enfants, ça porte enfin un nom, un nom qui dit bien que ça sort, que ça sourd l’expression. »
Liv est pour sa part l’héritière « du don de sa mère Irène et de sa grand-mère Biwi, elle poursuivait leurs pratiques. Les mains de trop femmes soulageaient lumbagos, migraines, sciatiques, mais aussi chagrins et mélancolies. »
C’est ainsi que sa pratique a évolué vers la psychothérapie, mais de manière assez étonnante. Après avoir écouté ses patientes (elle ne reçoit quasiment jamais d’hommes dans son cabinet), qui mettent leur ventre au centre de tout, « certaines s’estimant trop visitées, d’autres pas assez, d’autres jamais, la plupart, mal. Presque toutes se disent insatisfaites à cet endroit de leur corps. » Liv prononce une seule phrase. Ainsi à cette femme venue se plaindre de ne pas avoir d’enfant, dont le «désir est un chemin de croix», elle dira «Rentre chez toi, ouvre grand ta fenêtre et jettes-y ton thermomètre.» Quelques mois après, elle tombera enceinte.
Au fil des kilomètres qui passent, des paysages qui défilent, on accompagne l’histoire d’Eva et de Liv, mais aussi celle de cette région.
De cette promenade dans le vieux cimetière juif de Frauenberg qui est situé sur la frontière entre le France et l’Allemagne (et où j’ai aussi traîné mes pas étant enfant) jusqu’à cette Lorraine du charbon et de l’acier qui n’a plus charbon ni acier, ou si peu. « Personne n’y a jamais cru mais un jour la bête est devenue peau de chagrin, le festin avait eu une fin, il y a eu à nouveau un jour et une nuit, le ciel est devenu comme partout ailleurs, bleu le jour noir la nuit, les hauts-fourneaux n’ont plus craché, les villes se sont tues, les villes sont devenues propres et silencieuses, tout a fermé.
Une évolution qui vient étrangement en résonnance avec le destin d’Irène, mère biologique de l’une et adoptive de l’autre, qui décline jour après jour dans une maison de retraite, fort peu justement baptisée Sérénité.
Elle retrouvera bientôt les anges, comme les suffixes de ces villes traversées, Florange, Hayange, Hagondange… Des suffixes qui «faisaient toujours la roue, la parade de paon se fout des mutations économiques.»
http://urlz.fr/4SWf
Eva va rejoindre sa sœur Liv dans leur village natal.
Le roman se passe le temps du voyage, sur l’autoroute Metz-Luxembourg.
Et les pensées, les tranches de vies se succèdent. Celles d’Eva, celles de Liv, celles d’Irène leur mère. Trois femmes si proches.
A petites touches légères, sensibles, les émotions, les sentiments sont dévoilés. Comme des séances.
Les séances, ce sont les séances de photos d’Eva. Elle est photographe de mode pour enfants.
Les séances ce sont les séances de guérisseuse d’Eva. Une guérisseuse un peu différente
Les relations sont très proches entre les trois femmes.
Les relations sont très particulières dans leurs métiers.
C’est un roman tendre et émouvant écrit avec beaucoup de talent et de profondeur où transparait l’amour des mots et de leur
étymologie.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
L’écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy poursuit l’exploration fantasmagorique de sa mémoire familiale...
Des romans policiers à offrir ? Faites le plein de bonnes idées !