Alors que Noël approche, faites le plein de conseils littéraires !
«Peu après la sortie de mon premier roman, Le coeur cousu, une lectrice m'a raconté une coutume espagnole dont j'ignorais l'existence : dans la sierra andalouse où étaient nées ses aïeules, quand une femme sentait la mort venir, elle brodait un coussin en forme de coeur qu'elle bourrait de bouts de papier sur lesquels étaient écrits ses secrets. À sa mort, sa fille aînée en héritait avec l'interdiction absolue de l'ouvrir. J'ai métamorphosé cette lectrice en personnage. Lola vit seule au-dessus du bureau de poste où elle travaille, elle se dit comblée par son jardin. Dans son portefeuille, on ne trouve que des photos de ses fleurs et, dans sa chambre, trône une armoire de noces pleine des coeurs en tissu des femmes de sa lignée espagnole. Lola se demande si elle est faite de l'histoire familiale que ces coeurs interdits contiennent et dont elle ne sait rien. Sommes-nous écrits par ceux qui nous ont précédés ? Il faudrait déchirer ces coeurs pour le savoir...» C. M. Carole Martinez, formidable conteuse, libère ses personnages morts et vivants et nous embarque à leur suite dans un monde épineux où le merveilleux côtoie le réel et où poussent des roses fauves.
Alors que Noël approche, faites le plein de conseils littéraires !
Cet étrange parfum de roses fauves dans le sillage des femmes
De beaux portraits de femmes, une nouvelle fois, sous la plume de l’auteur.
Bretagne de nos jour, la narratrice souhaite s’y réfugier pour écrire son livre. Mais une rencontre fait tout basculer et l’histoire va bien au-delà de ce qu’elle imaginait écrire.
Une femme qui boite, c’est la silhouette aperçue . Lola Cam modeste postière cache bien des secrets. Ce cœur vacillant, qui a toujours été rabrouée et ramenée à son handicap va éprouver un véritable coup de foudre amical pour cette nouvelle venue dans son paysage.
Côté cœur, son expérience se limite à veiller sur cinq cœurs cousus, enfermés dans une armoire ancienne. Le cœur d’une lignée de femme.
«Des cœurs de femmes battent dans la vieille armoire de Lola. Ils racontent une histoire qui a commencé il y a plus d’un siècle en Espagne, du côté de Málaga, là où la coutume voulait que les filles aînées héritent du cœur cousu de leur mère morte. Les femmes de cette famille n’avaient pas grand-chose à s’offrir, pas de terre, pas de maison, pas de bijoux, mais elles savaient toutes écrire, elles s’enseignaient ça de mère en fille, et leurs cœurs débordaient de secrets.
Un cœur bien rempli est-il le signe d’une vie riche ?
Écrit-on davantage quand on a aimé ? Quand on a vécu intensément ? Quand on a voyagé ?
C’est étrange de savoir ces cœurs tranquilles au fond d’une armoire bretonne, inviolés, pleins de vies émiettées. Des cœurs déplacés, exilés, défendus par un dérisoire verrou de fil. Des cœurs où nul n’est allé fourrer son nez, car on dit que le cœur d’une mère ne doit pas être ouvert, sinon malédiction ! Par superstition ou par respect, les Espagnols se plient à cet interdit et les cœurs ne sont jamais forcés. »
Un seul s’est ouvert de lui-même et c’est celui d’Inès Dolorès.
Le jour la poste sert de centre d’accueil pour ces femmes qui viennent s’y réconforter, c’est le lieu de tous les bavardages, nouvelles fraîches mais surtout étalage du temps passé. Cela va intéresser notre narratrice.
Lola Cam va oser l’inviter chez elle, elle qui ne reçoit personne.
La complicité est si évidente qu’elle va ouvrir son armoire à sa nouvelle amie . Et ce cœur qui a fendu l’armure, elles vont le faire vivre en prenant connaissance de tous ces petits papier qui raconte l’histoire de la femme qui les a écrits sentant sa fin proche.
À sa façon si particulière l’histoire va prendre de multiples tournures, des saveurs, des senteurs, des images, le tout à foison, comme pour nous envoûter, car ce parfum de roses le lecteur en a les narines emplies, jusqu’au vertige.
La vie d’Inès est unique, troublante, dérangeante, enivrante.
L’auteur, visiblement croit que chaque femme a une vie digne d’un intérêt particulier.
Dans le sillage du parfum des roses fauves, la sauvagerie a sa place, ce parfum sème-t-il la mort ou la passion ? Et si ce parfum était annonciateur d’une passion entraînant la mort ?
A vous de le découvrir, une chose est certaine, ce n’est pas un récit linéaire et vous devrez accepter de vous laisser porter voire vous perdre dans ces multiples histoires, mais sans craindre de vous perdre puisqu’il n’y aura pas un chemin meilleur que l’autre.
C’est un conte merveilleux, sensuel, onirique et fantastique, qui va vous isoler dans une bulle, le temps de lire, et vous en sortirez empli d’émotions riches et hautes en couleur.
Cette légende de cœur cousu est comme la boîte de Pandore.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2023/04/05/les-roses-fauves/
Après un début de lecture plus qu'incertain, je crois bien que j'ai été littéralement envoûtée par la plume de Carole Martinez.
Quel délice de lecture !
Un mélange de conte, de poésie, de fantastique... avec des moments plus rudes et plus réels, d'autres sensuels voire érotiques...
Je me suis laissée porter par l'histoire de Lola Cam et de ses aïeules avec délectation, et dans celle de la narratrice qui plonge de toute son âme dans ce passé finalement découvert.
"Lola vit en Bretagne au-dessus du bureau de poste où elle travaille. Elle est jolie, sage et boiteuse. Elle ne désire rien et se dit comblée par son jardin. Dans son portefeuille, on ne trouve que des photos de son potager et, dans sa chambre, face au grand lit où elle s'interdit de rêver, trône une armoire de noces pleine des cœurs de ses aïeules.
Dans la région d'Espagne où sont nées ses aïeules, quand une femme sent la mort venir, elle brode un coussin en forme de cœur qu'elle bourre de bouts de papier sur lesquels sont écrits ses secrets... À sa mort, sa fille ainée en hérite avec l'interdiction absolue de l'ouvrir. Des cœurs de femmes battent dans la vieille armoire de Lola. Ils racontent une histoire qui a commencé en Andalousie, il y a plus d'un siècle. "
Lola se demande si le passé contenu dans ces cœurs l'ont construite, ont façonné sa vie, son histoire. Mais les secrets sont bien gardés dans ces cœurs cousus, qu'elle se doit de garder intacts.
"Un jour, l'un des cœurs éclate, libérant les secrets de son aïeule Inès Dolorès."
Elle hésite à lire les petits papiers qui en sont sortis, mais la narratrice réussira à la convaincre que c'est peut-être le signe qu'on l'autorise à découvrir ce passé.
Elle y trouve également "un plus petit cœur rempli de graines, d'où naîtront des roses au parfum envoûtant qui envahiront le jardin." Ce sont les roses fauves, des roses très particulières qui ne fleurissent qu'à certaines conditions, qui n'ont rien à voir avec le climat, ou la qualité du sol...
"Saura-t-elle se laisser porter par son désir, s'affranchir de la voix de son père qui lui a prédit un destin de solitude ?"
J'espère que vous aurez autant de plaisir que moi durant cette lecture. Laissez-vous porter, c'est le seul conseil que je peux vous donner.
Voilà un roman exigeant mais d’une rare qualité littéraire. La lecture n’en est pas immédiatement facile, puis au fil des pages, on se laisse porter, capter, envahir même par une étrange atmosphère, un lyrisme, une poésie singulière. La première partie est la révélation des secrets du coeur cousu d’Inès Dolorès, dont l’histoire résonne avec celle de Lola, que l’auteur rencontre et invente en même temps – car L’auteur est elle-même un des personnages.
Comme le veut la coutume en Espagne, les coeurs cousus par les femmes d’une génération à l’autre ont vocation à garder leur secret. C’est donc une transgression qui va s’opérer avec Lola et l’auteur, qui décident d’ouvrir le coeur d’Inès. Ponctuée par les roses et leur parfum entêtant, écloses des graines enfermées par Inès dans son coeur cousu puis semées par Lola, l’histoire d’Inès va se déployer avec des révélations qui vont reconstruire Lola dans sa propre histoire.
Il y a une recherche, une originalité dans la construction qui fait s’entremêler réalité et fiction et qui met en scène le processus-même de la création littéraire. Ce parti pris amène une vraie réflexion sur le rôle de l’imagination, littéraire ou théâtrale. Qu’est-ce qu’un personnage, comment on lui donne corps, comment on se l’approprie, qu’est-ce qui inspire cette création ? De très belles pages, à la lisière du fantastique, de la poésie et de l’onirisme, créent une forte émotion parce qu’elles restent ancrées dans une réalité (les lieux, les époques). De magnifiques passages, évitant l’écueil de la banalité, de la vulgarité, disent l’éveil du désir et de la sexualité. La symbolique de la transmission traverse le roman avec l’allégorie de ces roses magiques de couleur fauve qui réveillent les fantômes et nous entraînent sur les pistes imbriquées du passé et de présent. Ce livre nous parle aussi du poids des secrets, de l’emprise des coutumes, du rôle des femmes dans les histoires familiales, de la relation viscérale à la nature. Enfin, on voit le personnage principal de Lola – comme les autres personnages d’ailleurs – se créer sous nos yeux, on sait que c’est une fiction en train de s’écrire, et pourtant on y croit ! C’est un beau pari gagné par l’auteur que de se jouer de nous et de nous séduire en même temps.
La langue est magnifique, l’écriture évocatrice et lyrique, mais aussi réaliste dans les passages où l’auteur se décrit ou se met en scène.
Un parfum de roses et de fantômes...
C'est toujours un plaisir de retrouver Carole MARTINEZ, j'ai déjà lu 3 autres de ses romans dont je n'avais pas fait la critique à l'époque mais, je les avais adoré. Celui-ci est légèrement différent car l'auteure s'inclue parmi les personnages de son roman. En effet, elle va raconter comment lui est venu l'idée d'écrire ce roman, ce qu'elle faisait à ce moment-là et où elle était, tout en racontant son histoire. Cette histoire se déroule sous ses yeux, elle en est un des personnages, je me demande donc jusqu'à quel point le récit se base sur des faits réels et quelle est la part de fiction ?
Nous allons faire la connaissance de Lola, postière bretonne boiteuse et qui cache dans son armoire un trésor de famille. En effet, elle a hérité des cœurs cousus des femmes de sa famille. Il s'agit d'une tradition espagnole, les femmes à leur mort, écrivent leurs secrets sur des petits bouts de papier qu'elle enferment dans un petit cœur cousu et ensuite elles le lèguent à leur fille ainée. Un des cœurs gardés par Lola va éclater et avec Carole, elles vont lire les secrets qu'il contient. Lola va ainsi en apprendre d'avantage sur ses origines espagnoles du côté de sa mère.
Les roses sont très importantes tout au long du récit, elles sont presque un personnage à part entière. Tout commence avec Inès Dolorès, l'aïeule de Lola dont le cœur a éclaté, elle a grandit dans un jardin entourée de roses. Elle en a mit quelques graines dans son cœur cousu, que Lola et Carole vont planter et voir éclore. Ces roses sont "magiques". On voit aussi au fil des pages, quelques fantômes qui viennent orienter Carole dans son récit et lui délivrer plusieurs secrets... Ils deviennent eux aussi des personnages du roman.
Très joli roman, envoûtant, d'une belle écriture poétique qui mêle passé et présent, réel et surnaturel, où les femmes ont la part belle, dans toutes leurs dimensions.
Un beau moment de lecture que je recommande.
L'auteure aussi narratrice de ce roman, attirée par l'image d'une carte postale, part s'isoler dans le petit village de Bretagne qu'elle représente, pour écrire un livre modernisé de Barbe bleue. Elle va rencontrer Lola, la postière qui vit seule mais nourrie de son jardin. Peu à peu, Lola va ouvrir son coeur en ouvrant les coeurs cousus de dentelles par ses aïeules, et le roman va s'écrire sous nos yeux.
Partie d'une coutume d'Espagne finement mêlée aux légendes bretonnes, Carole Martinez nous emmène dans un conte onirique où la petite vie de Lola va prendre une ampleur auquel elle ne s'attendait en découvrant la vie de ses ancêtres. Un conte à la limite du fantastique avec ces roses fauves qui réagissent aux émotions et semblent intervenir sur la vie des gens.
C'est original, bien mené, même si parfois un peu tiré par les cheveux. Assez poétique tout en restant dynamique, de nombreuses époques se croisent et certaines histoires se ressemblent un peu trop. Mais Françoise Gillard donne le ton et fait de cette écoute un agréable moment.
Bonjour . Voilà une idée que j'ai trouvé magnifique : coudre un coeur de tissu que l'on choisirait comme bon nous semblerait , et y glisser des bouts de papier qui contiendraient nos secrets . Puis un jour chacun(e) fermerait son coeur et personne ne saurait jamais ce qui nous rendait pensive . Ce bout de tissu ne trahirait jamais ces moments qui n'appartiendraient qu'à nous : il serait le confident de nos silences ." Des coeurs de femmes battent dans la vieille armoire de Lola . Ils racontent une histoire "
J'ai aimé cette histoire un peu folle , un peu féerique , un peu triste qui parle d'histoires de femmes qui ont vécu il y a longtemps et dont Lola, Dolorès de son vrai prénom, est la gardienne: "la coutume voulait que les filles aînées héritent du coeur de leur mère "
Carole Martinez loue un chalet en Bretagne où elle compte écrire une histoire sur Barbe Bleue . Mais c'est la panne .
Alors qu'elle range ses affaires dans cette location , deux lettres tombent de l'armoire ..Elle ne peut s'empêcher de les lire . Aussitôt naît dans son esprit l'amorce de son roman , le roman de l'amour , des dévoreuses d'hommes , de roses lascives , couleur sang , étouffantes . Des mots d'amour , de violence , d'une liberté sauvage .
Dans cette maison , elle veut pour son histoire , une femme différente , elle l'imagine comme une prémonition, elle la rêve et ses pas la conduiront à la poste . La féerie semble retomber et pourtant l'autrice va vers de ce lieu est un endroit magique , plein de douceur et de mystères . On s'y attarderait bien nous aussi dans cette petite poste bretonne.
Timidement elle achètera des timbres , sans trop croire que cette femme , derrière son guichet , est bien celle qu'elle a crée , qu'elle est là , sous ses yeux.
Nous allons suivre Carole Martinez dans les méandres des vies de ces femmes , parentes de Lola , à travers les mots d'un coeur en tissu décousu :"la nuit , j'imagine toutes ces femmes , placées les unes derrière les
autres , prêtes à se remplacer , une longue file de Dolorès ...Je suis la gardienne d'une histoire que j'ignore."
Je vous laisse vous enivrer des vies d'Inès Dolores , de ses filles , de ses petites filles . Laissez- vous porter par la folie et l'Amour .
Belles lectures . Prenez soin de vous
À l’origine de ce roman, une coutume andalouse. Des femmes qui, sentant la mort approcher, renferment leurs secrets dans des coussins cousus en forme de cœur.
Dans un village breton, Lola Cam, une femme boiteuse et solitaire qui partage son temps entre son travail au bureau de poste et son jardin, possède cinq cœurs en tissu dans une armoire. Les histoires de ses ancêtres qu’elle n’a jamais osé découvrir.
Travaillant sur son nouveau livre, la romancière est un personnage à part entière de ce récit et fait la rencontre de Lola. Ces dernières vont peu à peu mettre en lumière le passé de toute une lignée de femmes qui semblent sous l’emprise d’une malédiction familiale. Des roses au pouvoir mystérieux.
C’est la première fois que je lis Carole Martinez et j’ai été charmée par son univers singulier. C’est un récit foisonnant, peut-être trop parfois, mais je me suis laissée porter par les histoires enchevêtrées de ces femmes espagnoles.
Oscillant habilement entre réel et fantastique, l’auteure est une formidable conteuse à l’imagination fertile qui fait la part belle aux femmes.
La plume est sensuelle, poétique et le merveilleux s’immisce dans cette histoire de transmission pour notre plus grand plaisir. Mais, j’ai été moins séduite par les interventions de la romancière sur son travail d’écriture.
Une lecture envoûtante qui sort des sentiers battus.
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Bonne idée que ce coeur