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« [...] la température était tombée en dessous de moins quarante degrés. La neige se fit bleue et la limite entre terre et ciel s'estompa. Le soleil, dépouillé de sa splendeur et privé de son éclat, végétait désormais dans une misère prolétarienne. Le froid vif buvait toute sa chaude et vivifiante liqueur - désormais seuls le feu de bois, l'amour et trois cents grammes quotidiens d'un pain mêlé de cellulose et d'arêtes de poisson devaient nous défendre contre la mort. » Au coeur du système répressif soviétique des années 1940, dans l'antichambre du goulag, quelque part en Sibérie, un petit garçon de huit ans tente de conserver cette joie de vivre propre à l'enfance. Malgré les morts, les disparitions, les emprisonnements, le jeune Petia, condamné à devenir adulte avant d'avoir dix ans, va survivre grâce à la foi, mais surtout grâce à la poésie. Un récit autobiographique bouleversant.
Comme des milliers d’autres Polonais lorsqu’en 1939 les Soviétiques envahissent l’Est de leur pays, l’auteur, alors âgé de cinq ans, est déporté en Sibérie avec toute sa famille. Son père est envoyé au Goulag, dans l’un des terribles camps de la Kolyma, cette région de l’Extrême-Orient russe transformée par le travail forcé en un centre majeur d’extraction minière, notamment aurifère. L’enfant, sa mère et sa grand-mère, sont relégués dans une petite ville, située dans la taïga sur le trajet du Transsibérien.
Semblant de petites nouvelles indépendantes, les courts chapitres se succèdent en autant de tranches de vie pour former la trame d’un quotidien inscrit dans un monde singulièrement à part. Dans ces confins écrasés de froid, où l’on manque d’autant plus de tout, en particulier de nourriture, que la guerre bat son plein, un assemblage hétéroclite d’exilés assignés à résidence, pour la grande majorité les membres de familles de prisonniers politiques, tente tant bien que mal de survivre. Le froid, la faim, mais aussi la menace permanente du NKVD qui, à tout moment, peut arbitrairement trancher le fil des existences, marquent leur dur ordinaire, où brutalité et duplicité côtoient entraide et générosité pour espérer gagner quelque temps sur la mort qui frappe à une cadence infernale.
La narration est menée par un petit garçon de huit ans, bien conscient de ce que la survie peut nécessiter de fausseté et de compromission, mais qui n’en aborde pas moins la vie avec la spontanéité et la fraîcheur de l’enfance. Les épisodes qu’il relate dessinent peu à peu un tableau d’ensemble, à plus forte raison terrible et impressionnant, qu’ils sont tous extraits d’une réalité pour lui banale, et que tout y a l’accent d’une histoire vécue. Aussi effroyable soit-il, le récit ne laisse jamais la place au désespoir, et s’éclaire plutôt de précieux éclats d’amour et d’amitié, de sincérité brute et passionnée, de foi pure et touchante - pépites d’humanité tranchant sur leur gangue de noirceur, et qui, au fil d’une écriture d’une magnifique simplicité baignée de poésie, ensorcellent le lecteur coeur et âme.
Un livre superbe, aussi marquant qu'émouvant, pour une plongée à hauteur d’enfant dans une période terrible de l’histoire russe. Très grand coup de coeur.
Vie quotidienne d’un enfant en Sibérie, au cœur du système répressif soviétique.
Alors que la Pologne en 1939 est partagée entre la l’URSS et l’Allemagne et que son père a été expédié au goulag, Petia, 8 ans, a été déporté avec sa mère en Sibérie, là où les mots « froid » et « faim » n’ont pas le même sens qu’ailleurs. Car la faim, Petia en souffre quotidiennement, idem pour le froid, glacial, qui transperce et tue. Les déportés assignés à résidence sont des éléments « hostiles au régime » et les envoyer dans la taïga en les laissant livrés à eux-mêmes pour se loger et survivre, est une façon commode de se débarrasser d’éléments gênants.
Le froid, la faim, donc, mais surtout l’angoisse et les humiliations arbitraires sont le quotidien de Petia et de sa mère, surnommée Beauté en raison de sa splendeur radieuse. Car Beauté rayonne d’une force magnétique qui aide le petit garçon à traverser cette période tragique avec une philosophie naïve et poétique qu’il puise en grande partie dans la lecture de la Bible, mais aussi avec la joie de vivre propre à l’enfance, aussi dramatique soit-elle.
Dans ce récit autobiographique, ni pathos ni misérabilisme : Petia raconte sobrement, et avec une écriture dépouillée, les moments déchirants de son enfance où la mort est une compagne quotidienne, mais aussi les minuscules plaisirs arrachés au dénuement. On assiste ainsi à la disparition successive, et pour ainsi dire normale, du grand-père, du père, de la grand-mère et enfin de la mère de Petia. Un récit poignant et salutaire.
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