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Deux jeunes filles d'une quinzaine d'années et un petit garçon aiment à s'aventurer dans une forêt du Massif Central, au bord d'un lac qui vient d'être vidé. Autour d'eux, les adultes vaquent à leur existence, égarés, tous marqués de séquelles plus ou moins vives et irréversibles.
Il y a les anciens, ceux qui sont nés ici, aux abords des volcans d'Auvergne. Il y a les moins anciens, il y a les très jeunes, puis ceux qui viennent d'ailleurs. Il y a aussi ceux qui sont partis, ont tout abandonné, et dont les traces subsistent dans les esprits. Une des deux jeunes filles est retrouvée morte, puis c'est sa dépouille à la morgue qui disparaît en pleine nuit...
Les Mauvaises dresse deux paysages infiniment blessés :
Celui des volcans où l'on déboise intensivement les forêts et où l'on vit dans les vestiges de l'ère industrielle ; celui des hommes et des femmes qui se trouvent ici, enracinés ou parachutés au hasard.
Les alternances d'époques dans le roman interviennent à la façon de doigts posés sur des brèches de vécus. Il y a pourtant très peu de sang dans ce roman noir, car les blessures les plus éprouvantes et durables ne saignent pas ;
Elles se vivent. Blessures et drames se succèdent ainsi sous la plume rigoureuse de l'auteur de Clouer l'Ouest, façonnés sous la forme de courts épisodes où le poids des mots agit comme un venin très lent, mais redoutable.
Micheline Broume dit Roberto est une jeune adolescente vivant avec son grand-père et son père dans un petit bled du centre de la France. Sa mère est partie quand elle était un bébé. Le 9 août 1988, le jour de la St Amour, rien ne sera plus pareil pour les habitants de Souterre. Roberto est retrouvée morte pendue à un viaduc. Son corps disparait de la chambre mortuaire dans laquelle il est conservé avant son enterrement. « Le cadavre disparut la même nuit que les bêtes ». Suicide, meurtre ? Qui a bien pu soustraire le corps et pour quelle raison ?
L'intrigue se passe au plein cœur du Massif central dans les années 80. Ce roman rural noir est avant tout une histoire d'amitié, celle de trois enfants qui sont un peu différents et qui se sont bien trouvés : Roberto, Ouafa et Oé.
Ils aiment se promener ensemble dans la forêt et tentent de protéger cette nature dans laquelle ils se sentent chez eux, en luttant à leur manière contre l'extension de l'usine du village.
La plume de Séverine Chevalier est brute, vive et acérée, sans concession. La nature est omniprésente. Les personnages sont très travaillés et bouleversants. Le lecteur ne peut que ressentir de l'empathie pour ces enfants abîmés par la vie, qui n'ont pas eu beaucoup de chance jusqu'à présent et dont l'avenir semble bien sombre.
« Les mauvaises » est un roman qui remue les tripes. Il ne peut pas laisser insensible le lecteur. C'est violent, noir de chez noir sans vraiment d'espoir et magnifiquement poétique. Une vraie réussite !
Il y a des livres dont il est très difficile de parler et celui-ci en fait assurément partie. J'ai du mal à trouver les mots justes pour exprimer et partager mon ressenti.
Je ne connaissais pas l'auteure mais il est certain que je vais m'empresser de lire ces deux précédents ouvrages « Clouer l'ouest » et « Recluses ».
Un grand merci aux éditions "La manufacture de livres"
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