Est-ce que l’art et l’écriture permettent de donner un sens à la vie ?
Ils sont quatre : Olivier et Éléonore, Ole et Léonie. Tous jouisseurs.
Atteint du syndrome de la page blanche, Olivier dérobe un automate, l'Écrivain, pour composer le roman qu'il n'arrive pas à créer. Sa compagne, Éléonore, visiteuse médicale, dévore sa propre cargaison de psychotropes et, dans ses hallucinations fantasques, s'empare de l'Écrivain pour imaginer Ole et Léonie.
Dans le Maroc de Lyautey, à deux siècles de là, ces derniers traversent le désert à bord de leur caravane de débauche, instillant le vice et l'alcool à mesure des escales. Comme Olivier et Éléonore, les contrebandiers cherchent à tromper leur mélancolie.
Des glaciers suisses aux dunes marocaines, du xixe au xxie siècle, existe-t-il une jouissance assez puissante pour échapper à la brutalité de l'instant terrestre et accéder à la joie de vivre ?
Est-ce que l’art et l’écriture permettent de donner un sens à la vie ?
C'est la séance rattrapage : tout ce qu’on avait envie de vous dire, et qu’il ne fallait pas manquer
Entretien avec Lisa Liautaud, directrice littéraire et responsable de la fiction française et étrangère
Depuis "Profession du père" il séduit ses lecteurs, mais quelles sont les lectures de Sorj Chalandon ?
Lu dans le cadre d’un Comité Lecture, ce roman de Sigolène Vinson » Les Jouisseurs « est paru aux éditions de l’Observatoire en 2017.
C’est l’histoire d’un écrivain victime du syndrome de la page blanche. En effet, il planche depuis cinq ans déjà sur un traité philosophique qu’il a choisi d’intituler « De la fascination des trains électriques », dont il n’a a ce jour écrit qu’un seul chapitre.
En panne d’inspiration, Olivier décide donc de dérober un automate, et non des moindres : l’Écrivain de Jaquet-Droz au musée de Neuchâtel.
p. 14 : » La caisse sur le dos, Olivier atteint le coffre de sa voiture. Il regarde tout autour de lui, les rues de Neuchâtel sont vides, personne pour témoigner du rapt de l’Écrivain. «
Arrivé chez lui, il le cache dans le sous-sol, où chaque nuit, celui-ci se met à écrire ce qu’Olivier espère le roman du siècle.
p. 14 : » L’Écrivain trempe sa plume dans son encrier et écrit : « Le roman du siècle ».
Éléonore, sa femme, est visiteuse médicale spécialisée dans la vente et le placement des psychotropes, dont elle écoule une partie pour sa consommation personnelle.
p. 43 : » Sa cargaison de psychotropes, elle ne l’a pas vendue, elle l’a bouffée. Elle débloque, la camée des lois chimiques. Son idéologie est une dépendance psychique. «
Elle, ne manque ni d’idées, ni d’inspiration…
p. 64 : » Si un jour elle devait écrire un livre, elle raconterait l’histoire d’une femme en caravane. Celle aussi de son mari, en caravane comme elle. Des êtres instinctifs aux désirs et besoins organiques, des constitutions fortes mues cependant par des considérations autres que le sang qui coule dans leurs veines, désireuses de recouvrir leur nudité de poésie et de philosophie danoises. «
Le roman du siècle prend forme, secrètement. Il s’intitule « La Caravane Wintherling »…
Les chapitres alternent entre l’évolution de l’écriture du roman, et les aventures du couple formé par Ole Wintherlig et Léonie Colombani, les héros de ce même roman. Ole est danois, contrebandier et profiteur de guerre dans le Maroc colonial de Lyautey, dont il vend de l’alcool frelaté à ses troupes.
p. 27 : » Hubert Lyautey exige une pénétration pacifique du Maroc. Mais alors, de quoi meurt-il, au juste, le clairon? Ole crâne un peu : « De mon alcool !«
Léonie, d’origine corse, est représentante pour un laboratoire pharmaceutique. Tout comme Éléonore, elle use et abuse de son chargement.
p. 33 : » Quand l’être humain, pour exister, réclame autre chose que l’air et l’eau, c’est que plus rien ne tourne rond. «
S’ils se suivent l’un l’autre à une certaine distance dans le désert marocain, à eux deux ils forment un couple dans la jouissance, dans le but de tromper leur mélancolie.
p. 119 : » – Aucun joueur-jouisseur ne parle comme vous, Ole. Si vous voulez mon avis, vous filez un mauvais coton. «
Mais quel rôle joue Éléonore dans l’écriture du roman du siècle ? Sa lassitude grandissante et son amaigrissement ont-ils un rapport avec celui-ci, ou est-ce seulement les conséquences de sa consommation de psychotropes comme le laisse entendre Olivier ?
p. 108 : » – Je te l’ai déjà dit, aucune de mes actions n’est politique.
-Peut-être pas tes actions, mais tes douleurs ?
-Mes douleurs, politiques ?
-Un jour, il faudra pourtant que tu te soignes, lui dit Olivier. «
Perplexe je l’avoue, à la lecture des premières pages, je me suis prise au jeu de l’Écrivain. L’idée d’utiliser cet automate comme « nègre littéraire » est audacieuse et originale. Les personnages d’Éléonore et de Léonie ont attisé ma curiosité. Complexes, mais passionnantes, elles tiennent un rôle essentiel dans un roman qui de prime abord traite du syndrome de la page blanche de l’écrivain.
En aval de chaque chapitre du roman du siècle, on retrouve une notice technique de L’Écrivain, de petites notes qui prêtent à sourire !
Sigolène Vinson fait référence, à plusieurs reprises, au philosophe danois Kierkegaard qui a écrit sur les stades esthétique, étique et religieux, questionnement mis en corrélation via les personnages du roman. Celui-ci est également ponctué des vers du poète danois Jens Peter Jacobsen.
On entre sans trop savoir dans ce roman étrange, protéiforme, sans concession. Le style est sec et exigeant, comme toujours. On ne sait pas de quoi il s'agit. Un automate est volé dans un musée. Il est nommé "l'écrivain". Son ravisseur, Olivier est en panne d'inspiration, un temps collectionneur de trains miniatures, il bute sur le roman qu'il sait porter en lui sans en trouver les mots. Sa compagne Eléonore est représentante médicale pour un labo. Elle va bientôt consommer les psychotropes qu'elle vend, en quête d'ivresse, en quête d'oubli et d'inspiration. C'est ainsi qu'elle va dicter ses mots à "l'écrivain". Un matin, il se met en marche et commence à rédiger l'histoire de la caravane Wintherlig avec ce couple étrange, Ole et léonie, convoyant des chargements d'alcool douteux dans le désert du Maroc d'il y a deux siècles. Olivier tente de décrypter le mécanisme du mystérieux androïde en écrivant une notice technique, Eléonore se perd de plus en plus loin dans ses blackouts et ses visions.
Ce roman c'est un tourbillon entre plusieurs dimensions. Trois histoires en une et trois mystères à déchiffrer. Comme des rêves chamaniques que l'on doit interpréter. Les chapitres courts font l'effet de flashs successifs. De ces premières ivresses dont on dit d'abord dans notre prime jeunesse, "Mais ça ne me fait rien? Tu es sûr que ça marche?". La langue de Sigolène Vinson est belle comme de l'absinthe. On peut s'y perdre, dans cette incandescence nue. On n'a plus l'habitude de ceux qui osent encore danser au bord des gouffres.
J'ai été absorbé par cet univers. D'abord interloqué, comme quand quelque chose est nouveau et que rien ne vous y prépare. Il faut lire ce roman comme on savoure un grand vin. En détailler le parfums, les saveurs, les visions qui s'incarnent à chaque mot. Peu de mots en vérité pour tant de sorcellerie évocatoire. "Minimaliste" pourrait-on dire. "Dépouillé". "Intransigeant". Depuis que je la lis, je cherche un adjectif en vérité, qui dirait la richesse qu'il y a dans tout cela. Je ne l'ai pas trouvé encore.
On se retrouve au coeur de métaphores qui peu à peu s'affirment comme des aurores. Des couleurs insoupçonnables que l'on avait pas remarqués d'abord. Et le sortilège s'affirme. Ces personnages qui sont comme des émanations, des doubles jusque dans leurs noms et dans leur trajectoire, cette fuite en avant pour ne plus ressentir, pour enfin être heureux. Par delà l'espace, le temps, l'époque, le contexte.
J'ai aimé ce roman comme un paradis artificiel. J'utilise l'image à dessein. Je n'ai pas aimé si fort depuis Baudelaire. On s'y perd comme dans un vertige et on y demeure avec une certaine volupté. Car notre perception devient aussi bouleversée que celle des héros. Un méthodique dérèglement des sens. On partage l'écriture d'Eléonore, la perplexité d'Olivier. On est au XIXème, à suivre cette caravane étrange, ému par les liens de ce couple que le périple sépare. En quête de joie, en quête de vie, en quête de soulagement, en quête d'indolence. En quête de la jouissance qui ici pourrait tout envahir. Jusqu'à l'oubli.
Sigolène Vinson vous obligera à parler sa langue. On s'aventure dans son livre comme on s'aventure dans un pays lointain dont on ne possède pas les codes. On y est disponibles comme à un voyage qui vous change et vous bouleverse longtemps. Les histoires avancent, se dévoilent comme des énigmes, se devinent. Vous êtes pris au milieu comme dans le mouvement d'un océan. Peu à peu, vous êtes bouleversés, passé le premier regard interdit.
Parce que vous avez touché du doigt ce que vous croyiez connaitre.
Peut-être allez-vous redécouvrir ici un peu du mystère et de l'indicible élan qui vous a fait aimer la littérature.
J'ai eu pour ce livre et ce style l'émerveillement d'un enfant à qui on raconte une histoire pour la première fois.
https://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2017/10/les-jouisseurs-de-sigolene-vinson.html
Olivier n'arrive plus à écrire depuis cinq ans. En panne d'inspiration cet écrivain dérobe dans un musée un automate "L'écrivain" pour qu'il compose le livre qu'il ne parvient pas à écrire. Une fois installé chez lui, quand Olivier actionne l'automate, celui-ci trempe sa plume dans son encrier et déroule le premier chapitre d'un roman retraçant le destin d’un couple (Ole et Léonie) qui traversait le désert dans une caravane au début du 20ème siècle, dans le Maroc de Lyautey. Dans cette caravane Winterlig le couple transportait de l'alcool frelaté qui rendait aveugle.
On s'aperçoit rapidement que c'est Eléonore, la compagne d'Olivier, qui s'est emparée de l'automate pour écrire l'histoire de Léonie et Ole. Eléonore est une visiteuse médicale qui vend des psychotropes qu'elle consomme sans modération.
Pendant qu’Éléonore fait semblant de ne pas écrire, Olivier fait semblant d'écrire, dit à sa compagne que son travail avance et rédige la notice technique de l'automate.
Ce roman nous relate donc les destins parallèles, à deux siècle d'intervalle, de deux couples plongés dans la mélancolie qui tentent d’accéder à la joie de vivre.
Ce roman m'a complètement décontenancée, je l'ai abandonné une première fois pour le reprendre ensuite mais je n'ai pas réussi à rentrer dedans. J'ai essayé de lâcher prise comme me le conseillaient d'autres lectrices mais l'écriture de Sigolène Vinson s'est révélée trop singulière pour moi qui suis en définitive une lectrice avec des goûts assez classiques.
Une histoire étrange et pesante dont je n'ai certainement pas compris toutes les subtilités et une écriture trop sèche, trop dépouillée pour moi mais qui font le bonheur de nombreux autres lecteurs enthousiasmés par cet écrivain à l'univers bien particulier qui n'est pas pour moi, du moins pour l'instant...
C’est avec ces « Jouisseurs » que je suis entrée en communion avec l’écriture de Sigolène Vinson, et, comment vous dire ? Ce fut un choc, un beau choc, une rencontre inouïe !
Certes, les premières pages de ce roman peuvent sembler totalement déconcertantes, mais, dès lors qu’on se laisse embarquer , alors…
« Les jouisseurs » met en scène Olivier, écrivain en mal d’inspiration, et sa compagne, Eléonore. Pour tenter d’échapper à l’angoisse de la page blanche, il va dérober un automate du XIXe siècle , « L’écrivain », lequel est supposé lui venir en aide.
Et là, intervient, toute la force et l’incongruité magique de ce roman. En effet, c’est Eléonore, qui, sous l’emprise de psychotropes, alimente et nourrit toutes les nuits l’automate, donnant ainsi peu à peu naissance à " la Caravane de Wintherling", oeuvre qui se déroule deux siècles plus tôt, dans un Maroc aux images et aux descriptions à couper le souffle, et dont les personnages ,Ole et Léonie, ont fait le choix d’une existence de nomades jouisseurs.
Tout ceci peut sembler totalement loufoque ou décalé, mais derrière ces deux histoires en une, à laquelle il faut rajouter la notice technique de l’automate (un délice !), se posent, en filigrane, toutes les interrogations profondes introduites par Sigolène Vinson, notamment sur le sens de nos existences normées par une société qui l’est tout autant, où l’humain formaté se perd, n’étant plus souvent, ni réellement acteur, ni réellement auteur de son quotidien. C’est également un hymne à la littérature qui sauve, le tout avec une écriture qu’il faut absolument découvrir, car la décrire lui en ôterait sa substantifique moëlle. C’est enfin une très, très belle histoire d’Amour.
«Le soleil descend et projette les ombres bizarres du soir. A l’heure des chimères , la petite palmeraie, composée de cinq arbres nains, rentre en somnolence. Léonie décide de s’établir au cœur de ce calice du désert, forcément illusoire » .
http://www.leslecturesdumouton.com/archives/2017/09/01/35620501.html
« Il faut une rare vocation pour être un jouisseur » disait Camus. Cette citation résume parfaitement le nouveau roman de Sigolène Vinson et son écriture. Tout d’abord, les personnages qui évoluent dans le récit sont à une étape de leur vie où tout va mal et où ils cherchent une raison de vivre, d’en tirer du plaisir. Ensuite, Sigolène Vinson a une approche littéraire et une écriture qui déroutent. J’ai été assez déconcertée au départ par l’aridité de façade de l’écriture et le côté absurde de l’histoire. Mais, la beauté était bien là, cachée, attendant juste qu’on lâche prise, qu’on aille au-delà des premiers ressentis pour accéder à la jouissance du texte. Il ne faut pas chercher la beauté, il faut qu’elle s’impose à soi.
Olivier est un écrivain qui n’a plus d’inspiration. Dans un musée de Neuchâtel, il dérobe l’Écrivain, un automate capable d’écrire un roman. Olivier pense ainsi pouvoir rompre avec la page blanche. Mais, il découvre bientôt que c’est sa compagne Éléonore, une vendeuse pharmaceutique qui utilise elle-même sa cargaison, qui tire les ficelles de cet automate. Elle parvient ainsi, lors de ses délires psychotropes, à rédiger un roman, La caravane Wintherlig, que l’on découvre au fur et à mesure du roman. Nous sommes au XIXe siècle, dans le Maroc de Lyautey, à suivre les aventures d’Ole et Léonie, des contrebandiers d’alcool frelaté. Bien évidemment, ils sont les pendants d’Olivier et Éléonore et ces ressemblances s’accentuent progressivement.
Porté par une écriture elliptique, éthérée et poétique, ce roman « trois-en-un » (le roman, le roman écrit avec l’automate et la rédaction d’une notice technique de l’automate) nous invite à réfléchir à notre condition humaine, à notre difficulté à vivre tout en interrogeant le processus de création. L’art, l’écriture permettent-ils de se libérer, d’affronter son quotidien, d’en tirer du plaisir et un sens ? Enfin, il montre aussi une histoire d’amour à la fois banale, puissante et désespérée.
Cela faisait longtemps qu’un livre ne m’avait pas décontenancée à ce point. Obsédant et jouissif… Quel voyage ! Sous forme, apparente au premier degré, de conte abstrait, déjanté et amusant, l’auteur réalise un essai philosophique de haute volée sur la jouissance.
4 personnages :
Au XIXe siècle à l’époque des débuts de la colonisation du Maghreb, sur les pas de Liautey et Isabelle Eberhard, on suit, chacun dans leur caravane, Ole le Dannois et Léonie, la Corse, tous deux amants, contrebandiers, profiteurs de guerre et jouisseurs. Ils aiment le cannabis et le bon vin bien qu’une de leurs activités principales est de vendre de l’alcool frelaté aux diverses légions militaires rencontrées sur leur chemin dans la vallée (non pas du Nil…) mais du Drâa, en route vers Ouarzazate.
Au XXIe siècle, deux personnages. Olivier, un ancien vendeur de petits trains électriques, devenu écrivain à succès fait face depuis 5 ans à la page blanche. Frustré, il vole dans un musée, un automate ancien qui écrirait des livres. Il le cache dans le sauna de l’appartement où se trouvent encore un reste de son stock de jouets. Eléonore, sa compagne, représentante dans un laboratoire, teste sur elle les psychotropes qu’elle doit vendre. Certains de ses médicaments la conduisent à un sommeil profond hanté de rêves qui lui font revivre un naufrage qui a eu lieu à l’embouchure de l’Orénoque.
Tous cherchent à tromper l’ennemi c’est-à-dire l’ennui et à accéder à la joie de vivre et certains même, prendront des antidépresseurs, des drogues ou de l’alcool si cela doit aider à éviter la crise de nerfs si mal orienté. Etre bêtement hilare ou endormi, ‘penser peu’ sont-ils éclairs de lucidité et calmants contre la peur du noir ?
Existe-t-il une jouissance assez forte face à la réalité de notre monde ? Est-ce là une quête éternelle et inhérente à l’âme humaine ? La jouissance serait un but inaccessible mais qui nous mène comme un guide sur les chemins de nos vies ? Puisque nous voulons jouir de nos vies et faisons tout pour atteindre la joie de vivre et fuir l’ennui depuis que le monde est monde. La jouissance de nos vies serait donc la solution pour une humanité en paix… Et si jouir de nos vies était le lâcher prise ? Ce livre nous propose des symboles mais chacun de nous les interprétera à sa façon.
Ce livre nous apprend beaucoup mais surtout nous invite à réfléchir par nous-mêmes. De plus, ce texte riche nous offre des informations politiques, religieuses, historiques et sociétales (passées et présentes) mais c’est à nous d’aller les chercher (Ouch… Vive Internet !) Donc, du coup j’ai beaucoup appris entre autre sur la colonisation. Ce texte ne calque rien mais comporte plusieurs doubles fonds auxquels on peut accéder grâce aux nombreuses clés données sans évidence, par l’auteur.
Je vais garder ce livre, car je le relirai pour y fouiller à nouveau comme un chercheur d’or passe et repasse le tamis pour y récolter des pépites.
Mais au fait… Qui écrit « La Caravane Wintherling » ? L’Ecrivain ?
:)
Comme Nicolas Houguet, j’ai eu ce sursaut d’étonnement en lisant une nouvelle littérature. C’est un renouveau absolu. Et, Madame Vinson, oui, je suis d’accord avec lui : « T’es une putain d’écrivain. »
http://www.nicolashouguet.com/2017/08/lettre-sigolene-vinson-sur-les.html
Ci-dessous quelques infimes pistes pour ceux qui liront « Les jouisseurs » et voudront en explorer quelques histoires sous-jacentes et instructives. Vous en trouverez beaucoup d’autres mais il faut les chercher…
Les 3 AUTOMATES Jaquet-Droz
http://archive.horlogerie-suisse.com/articles/automates-JaquetDroz/automates-jaquet_droz-1338100711.html
LYAUTEY
http://www.editions-perrin.fr/livre/lyautey-l-africain/9782262026882
http://www.lhistoire.fr/lyautey-lafricain
TAMNOUGALT
http://www.routard.com/guide_voyage_lieu/3966-tamnougalt.htm
JACOBSEN
« Les roues de la fortune tournent
Si vite qu’on ne sent rien ;
Mais pourtant le chagrin, lourd et pénible fardeau,
Nous attend quand nous nous arrêtons.
Coule le chagrin, coule la peine sur la rose rouge.
Jean Peter Jacobsen était son ami à l’université de Copenhague. Tous deux faisaient le même rêve de mourir de leur propre mort. Cela s’était joué à peu de chose qu’Ole devienne contrebandier et Jens, poète. A quelques parties de brelan. »
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jens_Peter_Jacobsen
TALIOUINE
« Ole plane, son chariot avance sans maître jusqu’à la nuit.
… L’homme porte l’uniforme des sapeurs de la Légion…
… Je suis à Boulmane ?...
… Oh non… vous êtes à l’entrée de Taliouine, la cité du safran, dans la vallée du Drâa. »
http://www.mezgarne.com/maroc/taliouine.php
CHARLES DE FOUCAULD
« Tiens, nous voyageons avec les mêmes documents dit le sapeur. Ce Charles de Foucauld faisait un bon topographe. Dommage qu’il ait abandonné la géographie pour le sacerdoce… »
https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_de_Foucauld
Léonie a choisi de voyager sans anaïa.
https://fr.wiktionary.org/wiki/ana%C3%AFa
AIN-SEFRA
« Un homme et un enfant sont juchés sur un cheval noir… Léonie se saisit de son Mauser…
On dirait oncle Mahmoud !
Qui est oncle Mahmoud ?
El-Sayyed Mahmoud, mort en Algérie dans la catastrophe Aïn-Sefra le 21 octobre 1904. »
http://cent.ans.free.fr/pj1904/pj72906111904b.htm
AUGUSTIN DE MOERDER
https://www.littera05.com/rencontres/isabelle_eberhardt_bio.html
Olé, pensant Léonie morte, va s’installer à Marrakech, faire fructifier son business de safran, se convertir au judaïsme, épouser Esther la fille du cordonnier et avoir 3 filles.
ESTHER
Le livre ou rouleau d’Esther (hébreu : מגילת אסתר Meguilat Esther) est le vingt-et-unième livre de la Bible hébraïque. Il fait partie des Ketouvim selon la tradition juive et des Livres historiques de l’Ancien Testament selon la tradition chrétienne.
Il rapporte une série d’événements se déroulant sur plusieurs années : Esther, d'origine juive, est la favorite du plus puissant souverain de son époque — Xerxès Ier. Or, sous son règne, le grand vizir — Haman — intrigue et obtient de pouvoir exterminer toute la population juive. Devant pareille menace, Mardochée fait appel à sa cousine Esther afin qu'elle obtienne du roi l'annulation du décret qui les condamne. Xerxès Ier — informé par Esther — prend toutes les mesures nécessaires pour protéger la population juive, et condamne le vizir, ainsi que tous ses fils, à être pendus au poteau destiné initialement à Mardochée. Enfin, les Juifs instaurent une fête annuelle, appelée Pourim, afin de commémorer ce miracle.
Villiers de l’ISLE-ADAM
« Notice technique de l’Ecrivain : … Certains ont dit de lui : « Programme et mémoire, l’Ecrivain est le premier ordinateur ». Avant eux un homme s’était extasié : « Un androïde, l’Adam nouveau ! » L’auteur de ces mots qui se fichait de la rime s’appelait Auguste de Villiers de l’Isle-Adam. »
https://fr.wikipedia.org/wiki/Auguste_de_Villiers_de_L%27Isle-Adam
Les œuvres de Villiers de l’Isle Adam les plus connues aujourd'hui sont ses Contes cruels (1883), et L'Ève future, un court roman, écrit en 1886, où l'ingénieur Edison, invente une femme artificielle censée racheter l'Ève déchue. C'est d'ailleurs dans cet ouvrage fondateur pour la science-fiction que Villiers utilise le mot « Andréide » (du grec andr- humain et -eides espèce / à l'image de) pour désigner une créature artificielle conçue comme la réplique d'un être humain, donnant ainsi son sens moderne à un terme qui désignait autrefois les automates.
L’ORENOQUE
http://venezuela.atd.free.fr/pages/delta.html
https://fr.wikipedia.org/wiki/Or%C3%A9noque
L’Orénoque a inspiré de nombreux ouvrages littéraires dont ‘Robinson Crusoé’ de Daniel Defoe, « Le superbe Orénoque » de Jules verne, mais aussi « Remonter l’Orénoque » de M. Enard, ‘Moravagine’ de Blaise Cendrars qui tous 2 vont rejoindre bien vite les dessus de ma PAL !!
https://fr.wikipedia.org/wiki/Robinson_Cruso%C3%A9
La Traversée de l’Orénoque est aussi un jeu d’éveil pour les enfants : C'est la ruée vers l'or en pleine jungle ! Plusieurs équipes d'aventuriers cherchent des trésors enfouis dans des ruines sur les bords de l'Orénoque. Mais l'or se trouve sur l'autre rive du fleuve impétueux! On ne peut la traverser qu'en marchant sur des troncs d'arbre flottant dans le sens de descente du fleuve. Qui fera preuve de courage... (Face à l’ennui, la jouissance de l’aventure et de la réussite, dès enfant…)
GRAND NUAGE DE MAGELLAN
Livre : LA VILLE DANS LE GRAND NUAGE DE MAGELLAN (les Magellanians perdent leur peau et deviennent tous bleus donc plus de racisme ! mais sur la galaxie où ils vont, ils découvrent de l’or et du pétrole ce qui les conduit à l’extinction de la Magellanité. "Le libraire dit : -Un succès mérité. – Pourtant l’histoire est d’un pessimisme, répond Olivier. –Quoi, la fin de l’humanité ? Mais les gens sont pour. Ils ont besoin de ce sursaut collectif…".
https://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_Nuage_de_Magellan
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nuages_de_Magellan
LOCOMOTIVES CROCODILE et MAMMOUTH
Le train électrique en jouet, prend une certaine place dans le livre. Jouissance de l’enfant, symbole du voyage. Depuis les origines de la Terre, nous sommes tous dans un même train ! « … le train n’a pas cessé de tourner. – Il est étrange ton train, dit Olivier. Tu as assemblé des éléments qui ne vont pas ensemble. – Tu crois ? J’ai mis la locomotive Crocodile en tête parce qu’il n’y avait pas de locomotive Mammouth… »
https://fr.wikipedia.org/wiki/Crocodile_(locomotive)
https://www.google.fr/search?q=locomotive+mammouth&tbm=isch&tbo=u&source=univ&sa=X&ved=0ahUKEwiptcOIkIHWAhWJBcAKHcD1AxwQsAQILA&biw=1366&bih=635
« Si tu devais écrire le roman du siècle, quel siècle choisirais-tu ?
« N’importe. Ils se ressemblent tous, tous disent pourquoi nous en sommes arrivés là. »
Lien : http://livresselitteraire.blogspot.fr/2017/08/les-jouisseurs-de-sigolene-vinson.html
Olivier, ex-commerçant de modélisme ferroviaire désormais écrivain, est confronté au drame de la page blanche. Pour tenter de résoudre ce problème, il se rend au musée d’Art et d’Histoire de Neuchâtel et vole L’Ecrivain, un automate datant du XVIIIe siècle.
Sa femme, Eléonore, consultante pour un laboratoire pharmaceutique, shootée aux psychotropes, construit chaque nuit, par le biais de L’Ecrivain, un nouveau chapitre d’un roman intitulé La Caravane Wintherlig dans lequel deux jouisseurs Ole et Léonie, arpentent le désert marocain à l’époque de Lyautey pour vendre leur alcool aux soldats, habitants ou nomades. Toujours à deux jours de distance, pour ne pas perdre la totalité de leur cargaison en cas de problème.
Pendant qu’elle est entrain de composer un roman issu de ses hallucinations loufoques, Olivier, lui, ne sait que poser sur le papier une notice. Celle de L’Ecrivain. Parce que oui, il a été volé sans mode d’emploi, le comble! Mais cette notice parlera-t-elle vraiment de l’automate en bois ou finalement des automates que nous sommes toutes et tous ? Les délires fantasques d’Eléonore suffiront-ils à la maintenir la tête hors de l’eau face à l’addiction ? Olivier parviendra-t-il à rester impuni pour le vol ? Tout ce beau monde, continuera-t-il finalement à jouir face à la cruauté du monde ?
Quel curieux voyage nous amène à vivre Sigolène Vinson en compagnie de ces quatre jouisseurs. Un curieux voyage à travers les époques, entre le XXIe siècle d’Eléonore et Olivier et le XIXe de ces contrebandiers et profiteurs de guerre que sont Ole et Léonie. Mais tous les quatre, derrière les apparences d’amour qui les unissent, sont habités par de profondes solitudes et mélancolie et chercheront, chacun à leur manière, à les rejeter pour tenter d’accéder au bonheur et à la jouissance à tout prix.
Dis comme cela, ça ne prête pas à la franche rigolade et pourtant là est tout le talent de Sigolène Vinson : réussir avec une déconcertante facilité et maîtrise à imbriquer le tragique à l’absurdité des situations et réactions pour offrir une sorte de conte moderne et poétique derrière lequel se cache le réalisme de notre société, de nos désirs, de nos douleurs enfouies. Les chapitres extrêmement courts donnent à découvrir un style déroutant et épuré qui rend ce roman tout à fait fascinant, dont on se surprend à être arrivé aux chapitres finaux en un rien de temps, avec un goût de trop peu dans le cœur. Personnellement, j’aurai aimé continuer à voyager dans cet arc-en-ciel de sentiments, oscillant entre éclaircies et orages, entre rire et gravité.
Une chose est sûre, après avoir refermé ce troublant mais néanmoins sublime roman, nombre de questions viennent envahir l’esprit. Et il n’est pas improbable d’avoir envie de relire une deuxième fois Les jouisseurs pour essayer d’y trouver les réponses. Mais y en a-t-il seulement ?
Rentrée littéraire Editions de l’Observatoire : Parution le 23/08/17
On pourrait croire qu’il s’agit là d’une histoire somme toute assez banale, une histoire comme on en a déjà lu… Celle d’un écrivain, en panne d’inspiration. Mais il n’en est rien… La banalité n’y a pas sa place.
Comment qualifier « d’ordinaire » ce que Sigolène Vinson nous raconte et nous fait découvrir. Voler un automate Ecrivain n’a rien d’ordinaire ! Et c’est ainsi qu’Olivier se lance dans cette épopée littéraire dans le seul but d’écrire un roman, LE roman.
Mais c’est sans compter sur Eléonore, sa compagne représentante médicale, qui n’hésite pas à se délecter des médicaments qu’elle est censée vendre. Et dans ses moments de folie, elle apprivoise l’automate et crée l’aventure de Ole et Léonie… destination le Maroc de Lyautey, à deux siècles d’ici… En route pour l’aventure, où contrebande d’alcool et quête de joie de vivre se mêlent…
Ils m’ont embarquée pour le Maroc, je les ai fait voyager jusqu’à Vienne, ville au sein de laquelle j’ai profité d’un déplacement, pour faire leur connaissance, les suivre tous les 4, à deux siècles d’intervalle. Bien rythmé, quelques grammes de suspens, une pincée d’humour et quatre personnages atypiques… Tous les ingrédients sont réunis pour une très belle découverte, un très bon moment de lecture agréable. Ma petite préférence se dirigerait vers la partie contemporaine d’Olivier et Eléonore, que j’aimerais d’ailleurs retrouver dans une suite… Sigolène, mon message est-il bien passé ? A lire, incontestablement !
Merci à Sigolène, pour ce sympathique voyage, ainsi qu’aux éditions de l’Observatoire, sans qui cette rencontre n’aurait pas eu lieu.
https://littelecture.wordpress.com/2017/08/23/les-jouisseurs-de-sigolene-vinson-2/
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