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Les insolents

Couverture du livre « Les insolents » de Ann Scott aux éditions Calmann-levy
Résumé:

"À la sortie de la petite gare, en sentant la moiteur dans l'air et en voyant les palmiers sur le parking, elle a eu l'impression de débarquer dans un autre coin que le Finistère, quelque chose d'étrangement chaud, humide, enveloppant, et elle a su qu'elle allait être bien ici." Alex, Margot et... Voir plus

"À la sortie de la petite gare, en sentant la moiteur dans l'air et en voyant les palmiers sur le parking, elle a eu l'impression de débarquer dans un autre coin que le Finistère, quelque chose d'étrangement chaud, humide, enveloppant, et elle a su qu'elle allait être bien ici." Alex, Margot et Jacques sont inséparables. Pourtant, Alex, compositrice de musique de films, a décidé de quitter Paris. À quarante-cinq ans, installée au milieu de nulle part, elle va devoir se réinventer. Qu'importe, elle réalise enfin son rêve de vivre ailleurs et seule.
Après La Grâce et les Ténèbres, Ann Scott livre un roman très intime. Son écriture précise et ses personnages d'une étonnante acuité nous entraînent dans une subtile réflexion sur nos rêves déçus, la solitude et l'absurdité de notre société contemporaine.

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Avis (11)

  • Un temps colocataire de Virginie Despentes et longtemps figure des nuits techno-queer parisiennes, l’ex-mannequin et batteuse punk Ann Scott que son roman culte Superstars avait propulsée en 2000 porte-étendard de la Génération X et de la pop culture française, a tout quitté il y a une poignée...
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    Un temps colocataire de Virginie Despentes et longtemps figure des nuits techno-queer parisiennes, l’ex-mannequin et batteuse punk Ann Scott que son roman culte Superstars avait propulsée en 2000 porte-étendard de la Génération X et de la pop culture française, a tout quitté il y a une poignée d’années pour la solitude au plus secret d’un bout de côte bretonne. Dans ce dernier roman couronné du prix Renaudot 2023, elle met en scène son double littéraire, en quête de réinvention.

    A quarante ans passés, Alex ne supporte plus sa vie parisienne : son logement étroit en plein coeur du Marais ; le tapage de son milieu branché où, compositrice de musique de film et ex-guitariste fan de Velvet Underground, elle ne s’entend plus créer ; ses amours compliquées, masculines et féminines, désespérément condamnées à l’impasse. Sans même prendre le temps de la visiter, la voilà qui loue une maison en Bretagne, prend le train en attendant que ses cartons la suivent, et entame une nouvelle et spartiate existence, seule à proximité d’un maigre hameau désert, à plusieurs kilomètres du moindre commerce alors qu’elle n’est pas motorisée, sans chauffage ou presque, mais au calme avec son jardin et le voisinage vivifiant de la mer.

    Elle abandonne ses rares amis proches, tout aussi minés par le mal-être et pourtant à mille lieues de s’imaginer quitter le bitume parisien, mais, à l’heure où, jeunesse enfuie, s’impose le premier bilan d’une vie qu’elle aura voulu brûler par les deux bouts, à grands coups de déglingues, de passions et de défonces en tout genre, la solitude restant son bien le plus évident, autant qu’elle lui serve à renouer avec ses voix intérieures, pour son propre équilibre et pour sa création musicale. Si le ton est mélancolique, Alex fait preuve d’une résilience obstinée, contrairement à son amie Margot et à son nouveau voisin Léo à jamais la proie d’insurmontables démons intérieurs. « Les illusions sont faites pour être perdues », admet-elle. Alors, elle fait face à ses mille nouvelles servitudes quotidiennes, apprend à se contenter des petites choses : « La beauté est faite pour les gens qui ont le temps de l’absorber » et à se recentrer sur l’essentiel : « Il n’y a rien ici, rien d’autre que ce qui se passe en dedans ». Dans sa solitude bretonne, elle finit par se sentir moins seule que dans la foule parisienne. « Elle est entourée de tous les génies imaginables à chaque seconde. Il lui suffit de mettre n’importe quel disque, de plonger dans n’importe quel film, d’ouvrir n’importe quel livre. Elle parle à ses fantômes en permanence. »

    L’autodérision se mêle à la mélancolie dans cette évocation très autobiographique des désillusions qui ont fait place aux rêves des « insolents », cette jeunesse festive éprise de liberté maximale qui, de punk attitude en révolution sonique, a fait la vitalité de l’underground culturel parisien des années 1980 et 1990. L’avant-garde a pris de l’âge et ne se reconnaît plus dans le Paris d’aujourd’hui. Non seulement les artistes d’alors, en tête desquels Ann Scott aime citer Lou Reed et Bowie, ont disparu, mais personne ne les remplace. « YouTube est rempli de centaines de milliers de guitaristes et de bassistes et de batteurs qui font des reprises et qui sont super doués, mais sans le truc avant-garde qui sidère ou l’émotion qui va scotcher toute une génération. Ils ont la technique mais rien de plus, et quand bien même ce serait le cas, pendant combien de jours ou d’heures une découverte nourrit avant qu’on passe à la suivante ? » « Il n’y a plus que la frustration d’essayer de faire de l’art dans une époque qui s’en fout », le pire restant sans doute à venir avec l’intelligence artificielle pour, sans génie, refondre l’existant à l’infini.

    Roman intime des désillusions de l’auteur âgée de cinquante-sept ans, ce récit d’un exil volontaire loin de la scène parisienne est l’ultime révolte d’une artiste éprise de liberté, désespérée de voir les techniques numériques et les réseaux sociaux ronger peu à peu la création. Beaux objets techniques créés à la chaîne et sans âme par des machines – photographies, musiques et bientôt livres –, produits sitôt consommés, sitôt jetés et oubliés, qu’auront-ils encore d’artistique ? Alors, mieux vaut claquer la porte avant qu’elle ne se claque toute seule. « Elle ne reviendra que si l’art sauve de nouveau. Peut-être un jour, peut-être jamais. »

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  • Alex est musicienne et compose des musiques de films
    A quarante ans passés, elle décide de quitter Paris, ses deux amis, Margot et Jacques et part s'installer dans le Finistère, dans une maison assez isolée.
    Elle découvre avec bonheur l'océan et la solitude.
    Quelques autres personnages...
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    Alex est musicienne et compose des musiques de films
    A quarante ans passés, elle décide de quitter Paris, ses deux amis, Margot et Jacques et part s'installer dans le Finistère, dans une maison assez isolée.
    Elle découvre avec bonheur l'océan et la solitude.
    Quelques autres personnages gravitent autour d'Alex.
    La plupart ont un traumatisme qui gère leurs vies.
    Chacun est beau à sa manière.
    C'est une écriture qui coule entre poésie et mélancolie, sans dialogues..
    Un roman sociétal où il est question de réseaux sociaux, de covid entre autres.
    J.'ai bien aimé me plonger dans l'univers d'Ann Scott et passer ces moments avec Alex.

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  • On fait la connaissance de trois amis : Alex, Margot et Jacques. Tous les trois tentent de faire le bilan de leur vie. Alex est compositrice, on lui doit des BO et des albums, son talent est reconnu mais elle ne se sent pas très à l’aise à Paris depuis quelques temps déjà.

    Elle a eu des...
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    On fait la connaissance de trois amis : Alex, Margot et Jacques. Tous les trois tentent de faire le bilan de leur vie. Alex est compositrice, on lui doit des BO et des albums, son talent est reconnu mais elle ne se sent pas très à l’aise à Paris depuis quelques temps déjà.

    Elle a eu des aventures avec des hommes et des femmes, elle assume plus ou moins sa bisexualité. Elle a eu une histoire avec Jean ; ils sont passé de l’amitié à une relation amoureuse mais cela ne lui ne convenant guère, elle décide de ne pas continuer ce qui provoque une réaction brutale de la part de Jean qui l’exclut complètement de sa vie.

    Elle décide de partir, pour une nouvelle expérience en Bretagne, dans une maison sans confort qu’elle a choisie au dernier moment sur Internet, et pense pouvoir dans la solitude se remettre à composer un nouvel album.

    En fait la maison est sinistre, loin de tout, la région peu fréquentée durant la saison et sans voiture cela se révèle compliqué : le taxi pour aller au magasin le plus proche ou alors se déplacer à pied. Mais, en dépit du froid, de l’humidité, il y a les promenades au bord de la plage (il faut marcher assez longtemps pour y arriver mais je leu en vaut la chandelle.

    Coincée dans les problèmes domestiques, elle se rend vite compte que les amis ne viendront guère, les relations via internet ou téléphone sont de plus en plus compliquées car l’éloignement physique provoque l’éloignement des relations : on échange de moins en moins longtemps, de plus en plus rarement, chacun étant pris dans sa propre vie.

    Elle a compris qu’elle ne leur manque pas, que ça leur suffit de l’avoir au téléphone régulièrement, qu’ils sont trop pris par la ville pour ressentir son absence physique, mais eux, est-ce qu’ils se demandent de quoi elle a besoin. Est-ce qu’ils se disent que s’ils lui manquent trop, elle prendra le train pour revenir les voir ?

    Elle croise, lors de ses longues promenades Léo, un jeune homme durement fracassé par la vie, depuis une agression aussi violente que gratuite l’a cloué de longs mois à l’hôpital alors qu’un poste important l’attendait. Il a tenté une carrière aux USA mais désenchanté il a fini par revenir et fuir, lui-aussi vers la Bretagne.

    Il tombe sous le charme d’Alex mais elle le voit à peine. Le confinement survient alors et complique encore les choses. On peut fuir mais on ne se fuit pas soi-même…

    Ann Scott parle très bien des crises de milieu de vie, de la sexualité, de la solitude, des bilans, des réseaux sociaux et leurs dérives, des vies fracassées des protagonistes qui ont perdu leurs illusions tandis que la pandémie vient rendre la vie encore plus compliquée. L’auteure se livre à une analyse sans pitié de la société actuelle.

    Après avoir eu un peu de mal à entrer dans l’histoire, car les personnages étaient à des années lumières de mon monde, (je les trouvais assez nombrilistes, mais je connais mal le milieu artistique a fortiori parisien !) je me suis attachée peu à peu à Alex car son histoire pourrait être la mienne, celle de chacun de nous. Ce roman ne va pas arranger le pessimisme, ou la sinistrose ambiante alors à éviter en cas de blues…

    C’est le dixième livre de l’auteure et, en ce qui me concerne, c’est une assez jolie découverte qui me donne envie de lire un autre de ses livres, peut-être La grâce et les ténèbres…

    https://leslivresdeve.wordpress.com/2024/01/29/les-insolents-dann-scott/

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  • Avec ce prix Renaudot, je découvre une auteure que je n’avais encore jamais lue.
    L’histoire, assez courte et sans grandes péripéties, c’est celle d’Alex, une musicienne qui, un matin, décide de quitter Paris et son tumulte pour aller s’exiler dans un coin perdu du Finistère. La maison qu’elle...
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    Avec ce prix Renaudot, je découvre une auteure que je n’avais encore jamais lue.
    L’histoire, assez courte et sans grandes péripéties, c’est celle d’Alex, une musicienne qui, un matin, décide de quitter Paris et son tumulte pour aller s’exiler dans un coin perdu du Finistère. La maison qu’elle loue, elle l’a dénichée sur le net, c’est une maison sans charme et glaciale l’hiver, loin des zones habitées. Mais la mer est là, tout près.

    « Et brusquement, elle le voit. L’océan est là, au bout de la petite route à une centaine de mètres. Elle voit le blanc du sable, et la ligne qui sépare le bleu du ciel de l’eau. Elle commence à sentir l’air marin au fur et à mesure qu’elle se rapproche »

    Cet isolement que la musicienne quadragénaire a voulu, loin de ses amis, doit lui permettre, enfin elle l’espère, de se recentrer sur sa musique et de composer un nouvel album solo. Dans sa solitude, elle se recentre sur elle et revient sur sa vie qu’elle fait dérouler comme les séquences d’un film. Elle explore ses relations amoureuses, Lou, Margot ou encore Jean qu’elle vient de quitter et à qui elle ne parle plus. Dans cette maison inconfortable et isolée, elle organise une nouvelle existence.

    « Elle ne se sent pas seule, ici, et elle ne l’est pas. Elle est entourée de tous les génies imaginables à chaque seconde. Il lui suffit de mettre n’importe quel disque, de plonger dans n’importe quel film, d’ouvrir n’importe quel livre. Elle parle à ses fantômes en permanence. »

    Puis c’est le confinement dû au Covid. Ses amis parisiens le vivent avec difficulté tandis qu’elle, sur son bord de mer, poursuit ses promenades sans rien changer à ses habitudes.
    Le long de ce récit intimiste, passent les vies de ses amis. Il y a Margot dont le petit frère s’est suicidé, et Jacques qui ne sait comment quitter son jeune amant. Et surtout Jean, l’ami devenu son amant et qu’elle a quitté. Il lui renvoie son amertume et son mépris en disant d’elle qu’elle n’est qu’une « petite conne habituée à être courtisée et à qui tout est dû. Une égoïste qui s’est servie de lui à un moment où elle se sentait trop seule. »
    On croise aussi Léo, jeune homme fracassé, qui ne fera que couper la trajectoire d’Alex.
    Ces personnages qui gravitent autour d’Alex comme des papillons attirés par la lumière, nous en disent davantage sur la personnalité complexe de l’héroïne.
    Tous ont perdu leurs illusions, et l’épidémie de Covid ne fait qu’accélérer les choses. Peut-être qu’Alex est précurseur en voulant d’une autre vie déconnectée des réseaux sociaux et loin de Paris afin de se retrouver.
    Ce sont tous ces personnages qui sont les insolents du titre, mais j’avoue ne pas avoir très bien compris ce choix des insolents pour des personnages dont l’auteure nous montre les fêlures.

    Avec une écriture sans fioriture et tout en nuance, Ann Scott nous offre un récit intimiste et mélancolique et un portrait de femme tout en finesse.

    .

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  • Peut-on se reconstruire loin du bruit, du tumulte de la vie parisienne ? C'est la question que se pose Alex, une musicienne quarantenaire qui a décidé de quitter la capitale pour le Finistère.
    Mais la solitude est-elle la solution ?

    Peut-on se reconstruire loin du bruit, du tumulte de la vie parisienne ? C'est la question que se pose Alex, une musicienne quarantenaire qui a décidé de quitter la capitale pour le Finistère.
    Mais la solitude est-elle la solution ?

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  • C'est l'histoire de trois amis Alex, Margot et Jacques, Alex est compositrice de musique, reconnue, mais du jour au lendemain elle décide de quitter Paris, pour s'installer au fin fond du Finistère. Une maison qu'elle a loué sans la voir, Elle se retrouve dans une demeure glaciale, loin de tout,...
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    C'est l'histoire de trois amis Alex, Margot et Jacques, Alex est compositrice de musique, reconnue, mais du jour au lendemain elle décide de quitter Paris, pour s'installer au fin fond du Finistère. Une maison qu'elle a loué sans la voir, Elle se retrouve dans une demeure glaciale, loin de tout, loin des commerces, difficile de parcourir plus de 10 km sans permis, mais se problème va vite être résolue, La mer, la nature l’entoure, loin du bruit seul le silence règne. Pour Alex une nouvelle vie, se retrouver, se reconstruire, loin des lumières parisiennes. Margot et Jaques restent sur Paris, restant sceptique du départ de leur amie D'autres personnages viennent se greffer autour de ce trio, certains vivent avec des maux ensevelis au plus profond d 'eux,
    A travers ce roman Ann Scott met en évidence d'une façon subtile, une remise en question des personnages, une remise en question de leur passé ,leur avenir, un au revoir à la quarantaine pour laisser place à la cinquantaine. Elle nous met en garde également sur les nouveaux réseaux sociaux, qui bouffent la vie des gens, Des personnes qui sont obnubilés pour avoir le plus nombre de like sur leurs commentaires, une sorte de maladie psychique, ce système de compétitions qui se créent, un milieu malsain, tout cela sous la période du Covid, où tout à changer. Elle nous parle également de homosexualité, qui permet de mieux comprendre également la psyché de certains personnages
    Un roman fort réaliste sur la vie., qui nous laisse dans le questionnement du début jusqu'au final, Les déboires de la vie, des personnes mais où l'amitié reste intact. Ce roman est une ode à la vie, à l'espoir Ce roman est sensible, subtile, nous ouvrant les yeux sur la vie de notre société actuelle.
    Un roman qui m'a transporté, je me suis reconnue sur certains passages de l'histoire, Une réalité qui prend la place de la fiction Ann Scott signe un livre remarquable, Une belle découverte.

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  • «Dans cet autre Finistère»
    Ann Scott a amplement mérité son Prix Renaudot avec ce roman d'une rare élégance qui suit l'installation d'une compositrice de musique en Bretagne. À l'approche de la cinquantaine, elle laisse ses proches et sa vie bien rangée pour une vie solitaire, recentrée sur...
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    «Dans cet autre Finistère»
    Ann Scott a amplement mérité son Prix Renaudot avec ce roman d'une rare élégance qui suit l'installation d'une compositrice de musique en Bretagne. À l'approche de la cinquantaine, elle laisse ses proches et sa vie bien rangée pour une vie solitaire, recentrée sur l'essentiel.

    Trente ans séparent les deux premiers chapitres de cette histoire. Dans le premier, une jeune fille part à New York s'acheter une guitare qu'elle va se faire voler avec sa valise. Son billet d'avion, resté dans la poche de son jean, va lui permettre de se faire faire des papiers provisoires et de rentrer chez elle.
    Dans le second, à l'approche de la cinquantaine, elle repart en voyage. Elle quitte Paris pour aller s'installer dans une maison au bord de l'océan, dans un village du Finistère. Une maison où elle imagine dès son arrivée, qu'elle va se sentir bien. En entendant ses meubles et la visite du propriétaire, elle commence à apprivoiser son nouvel espace, essaie de faire du feu, se promène pieds-nus sur la plage. Mais elle ne peut se départir d'un sentiment de culpabilité à chaque fois que son portable sonne et qu'elle se rend compte qu'elle ne reverra sans doute plus nombre de ses amis et connaissances, à commencer par Jean. "Elle sait que ce qu'elle a fait est impardonnable. Ça n'existe pas de passer de meilleure amie à petite amie au bout de quinze ans. Quand quelqu'un confesse brusquement qu'il est amoureux depuis le début et qu'il a besoin de couper les ponts parce qu’il n’arrive plus à gérer, faut le laisser partir, pas envisager la chose pour le retenir. Même si le mail qu’on reçoit est sublime. Même si personne ne nous avait encore jamais rien dit d'aussi beau, d'aussi habité, d'aussi définitif."
    Puis, pendant trois ans environ, il y a eu Lou. Des mois à se chercher et à se rapprocher et des mois à hésiter, Lou ne voulant pas tromper son amie. Puis la force du désir, l'envie de se toucher, se sentir et se prendre, malgré la peur, malgré ce malaise qui signait pourtant la fin d'une relation avant qu'elle ne commence.
    Alex essaie de l'oublier dans ce coin perdu de Bretagne où elle s'installe maintenant que les déménageurs sont passés et qu'elle va pouvoir installer son studio. Mais avant, il y a des dizaines de cartons à vider. "Mais comment les déballer sans qu’une chose ou une autre lui fasse penser à Jean. Ou à Lou."
    Avec le temps, elle va pourtant finir par prendre ses marques, même si, "à ce stade elle ne sait toujours pas si elle est venue ici pour se sentir en sécurité ou se mettre en danger, mais si elle veut danser toute seule au milieu du salon à trois heures du matin sur Losing My Religion à fond, elle peut.
    À propos de danger, un homme croisé près de chez elle accapare ses pensées. Et réciproquement. Cabossé par la vie, il se dit que cette femme pourrait bien être celle avec laquelle il pourrait remonter la pente.
    Découpé en trois parties, le roman va alors verser dans l'introspection, un peu comme le monde qui découvre avec la covid et le confinement de nouvelles raisons de s'interroger.
    Ann Scott réussit à merveille à rendre cette atmosphère particulière, un peu suspendue, qui régnait alors. Et qui bousculera bien des certitudes, remettant en cause des vies trop formatées, trop artificielles. Le choix d'Alex d'aller se ressourcer en Bretagne n'était-il pas prémonitoire? Si elle est loin d'avoir trouvé les réponses qu'elle cherchait, elle a déjà trouvé un chemin pendant que d'autres errent toujours. Un roman à lire avec L'autre Finistère en bande-sonore:
    Il est un estuaire
    Un long fleuve de soupirs
    Où l'eau mêle nos mystères
    Et nos belles différences
    J'y apprendrai à me taire
    Et tes larmes, retenir
    Dans cet autre Finistère
    Aux longues plages de silence
    NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
    https://urlz.fr/oVUt

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  • Alex, 45 ans, compositrice de films, décide de quitter l'effervescence parisienne pour le calme du Finistère. Mais si en s'éloignant de ses amis, elle souhaite vivre pour elle-même, elle ne s'attend pas forcément à être vulnérable et ébranlée. Envahie par ses souvenirs, mais rattrapée par la...
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    Alex, 45 ans, compositrice de films, décide de quitter l'effervescence parisienne pour le calme du Finistère. Mais si en s'éloignant de ses amis, elle souhaite vivre pour elle-même, elle ne s'attend pas forcément à être vulnérable et ébranlée. Envahie par ses souvenirs, mais rattrapée par la réalité, elle nous confronte à l'idée que l'on se fait de la solitude, entre questionnements, douleurs et dépassement de soi...

    Ce roman nous offre une complexité des personnages qui les rend intéressants, à travers leurs histoires bien sûr, mais également plus encore, à travers leurs interactions. Il est question d'introspection, à l'automne de la vie, où l'écorce craquelle pour filtrer la lumière. Il y a une forme d'ascèse, de dépouillement dans cette fuite en avant qui n'en est finalement pas une.

    L'écriture nous plonge dans une dynamique pas toujours confortable. On y exprime une nostalgie certaine, des regrets, des désillusions, des dissonances aussi.

    Le milieu artistique est décrit comme inapte, contradictoire et exigeant. Les blessures sont béantes et néanmoins pudiques, comme si les dire était une faiblesse à tenir à distance. L'expérience grandit, et les choix s'affinent et se confirment, sans compromission, tandis que l'épidémie de COVID redéfinit les contours des vrais désirs, plutôt que les tacites et convenues aspirations. On peut y voir une remise en question personnelle, mais aussi une critique sociale sur l'influence des nouvelles technologies, au détriment de l'humain.

    L'autrice nous révèle un récit acide et lucide sur la nécessité de se déconnecter de l'autre pour être soi-même, et dénonce un éloignement viral aussi paradoxal qu'il n'en finit pas de s'amplifier.

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