"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Elles sont trois soeurs : Madeleine, Denise et Simone Jacob, rescapées des camps de la mort. Madeleine, dite Milou, et Simone déportées avec leur mère Yvonne parce que juives à Auschwitz et à Bergen-Belsen ; Denise, à Ravensbrück. Rapatriées en mai 1945, Milou et Simone apprennent à Denise, déjà rentrée, que leur mère est morte d'épuisement. De leur père, André, et de leur frère Jean, elles espèrent des nouvelles. Déportés en Lituanie, ils ne reviendront jamais.
Pour les soeurs Jacob, le retour est tragique. À la Libération, on fête les résistants, mais qui a envie d'écouter le récit des survivants ? Milou et Simone ne rencontrent qu'indifférence, incompréhension et gêne, alors elles se taisent. Mais, peu à peu, la vie reprend ses droits. Les jeunes femmes semblent heureuses quand, en 1952, Milou meurt dans un accident de voiture. Denise et Simone restent les deux seules survivantes d'une famille décimée. Plus que jamais inséparables.
Dans ce récit poignant, Dominique Missika éclaire la jeunesse des filles Jacob, toutes trois si belles et si vaillantes, et raconte ce qui a souvent été tu : la difficulté de certains déportés à trouver une place dans la France de l'après-guerre. À partir de ses souvenirs personnels et d'archives inédites, l'auteure, qui a été proche de Simone Veil devenue une icône républicaine, et de Denise Vernay, combattante inlassable de la mémoire de la Résistance et de la déportation, dévoile ici un pan intime et méconnu de l'histoire de ces soeurs admirables.
Dominique Missika évoque la jeunesse de Simone Weil et ses sœurs: Madeleine, Simone et Denise Jacob, protégées par leurs parents et leur frère.
Le début du livre est placé sous le signe de la légèreté, de l'insouciance et de la joie : entre la famille, le lycée et les scouts. Soudain ,c'est l'explosion de ce bonheur avec l'arrestation et la déportation.
Seules rescapées: les 3 filles , Madeleine, Simone et Denise. Elles vont devoir faire face à leur difficile réadaptation à la vie civile, se réhabituer à l'absence des parents et du frère, leur interminable recherche , l'espoir longtemps chéri de les retrouver, leur non retour, l'acceptation de ce non retour, apprendre à vivre avec cette absence et être capable de continuer à avancer.
La rencontre avec son futur mari, puis la naissance de ses enfants, son entrée en politique, n'effaceront jamais l'horreur des camps de concentration. Ces traces qu'elle continuera de partager au fil des années, avec les camarades des camps, en dépit de sa vie politique.
J'ai apprécié ce livre, qui m'a permis de découvrir, un autre pan de la vie de Simone Weil, en dehors de celle de la femme politique.
Dans ce roman apparait, une femme plus fragile, bouleversée par la perte de sa mère, bien différente de la femme médiatique et politique.
Je recommande ce livre aux adultes et aux adolescents, pour découvrir un pan de l'histoire et une autre facette de Simone Weil.
A travers le récit de Dominque Missika, nous découvrons la jeunesse de Simone Veil, heureuse dans une famille épanouie.
L'auteure évoque la complicité des enfants de la famille Jacob et surtout des trois filles que nous suivons dans leurs activités, insouciantes entre bains de mer et camps de scoutisme.
Une vie qui semble paisible et protégée jusqu'à ce que la ville se transforme en véritable souricière où chacun épie son voisin jusqu'à la dénonciation qui entraîne l'arrestation de la famille et la déportation.
Seules les trois filles sortiront de cet enfer.
Dominique Missika s'attarde sur le retour à la liberté, sur les difficultés à réapprendre à vivre, lorsque les mots sont tellement dérisoires pour décrire l'inconcevable, que le silence est préférable.
J'ai lu ce récit avec intérêt, mais je dois reconnaître qu'il ne m'a rien appris sur la vie de cette femme exceptionnelle.
Il est à mon sens bien en deçà des autres biographies qui lui sont consacrées.
Simone Veil, 4ème enfant de sa fratrie, est une grande femme qui a « réussi » dans la vie mais elle n’aura de cesse, tout au long de ses responsabilités et de ses combats, de les resituer au cœur de sa vie, de son histoire et de l’Histoire de France. Tout un chacun la connaît : une jeune fille déportée en tant que juive avec sa mère et sa sœur, sa 3ème sœur, quant à elle, déportée en tant que résistante… Comme si ces deux souffrances, ces deux horreurs de déportation pouvaient s’opposer ou se hiérarchiser.
Toutes deux ont vécu ou ont survécu avec leurs souffrances, leurs rancœurs, leurs souvenirs mais surtout cette volonté de construire et de se souvenir.
Ce roman pourrait être un nième livre sur Simone Veil ou sur la déportation mais il n’en reste pas moins intéressant de par la mise en perspective de ces deux histoires intenses et profondes. Il me semble qu’on ne peut qu’être interpelé par ce récit mais, néanmoins, il ne m’a pas semblé que l’intérêt du document résidait ici dans la vie de Simone Veil et de ses sœurs en tant que telle mais que cette histoire pourrait être celle de n’importe quelle personne ayant vécu les arrestations, la déportation et le retour en laissant un ou plusieurs membres de sa famille, l’histoire de toute famille qui a subi le drame de la déportation. Comment continuer à vivre ? Comment se séparer du sentiment de culpabilité d’être revenu ? Comment supporter les reproches exprimés ou non, par l’entourage proche, du retour sans « les autres » ? Comment être compris ? Cette histoire me semble être celle de tous ces héros qui ont continué à vivre sans montrer leurs souffrances.
Je ne me lasse pas de lire ces témoignages de survivants qui me semblent hors du commun, Simone Veil en est une plus connue que les autres dont le témoignage a été fort tout au long de sa vie, en parler est la force de ce livre mais je garde finalement le regret que l’auteure ait choisi la facilité en parlant de Simone Veil, Grande Dame si reconnue, alors que le sujet me paraît encore plus puissant s’il est abordé du côté de ces héros moins connus. Il aura néanmoins l’intérêt, par ce biais, d’attirer sur ce sujet tragique et de permettre de se souvenir comme le souhaitait tant Simone Veil.
Lors de sa parution en 2007, j'avais lu "Une vie", où Simone Veil se raconte à la première personne sur sa famille, sa mère adorée, sa fratrie détruite, ses combats, la famille qu'elle a elle-même construite.
Mon admiration et mon respect pour cette grande dame qui nous a offert, à nous les femmes, plus de reconnaissance et de liberté grâce à ses combats politiques et personnels acharnés, s'étaient intensifiés après la lecture de ce livre. Cette biographie m'avait permise de mieux la connaître, d'aller au-delà de l'image de femme publique.
J'ai voulu approfondir cette connaissance en lisant "Les inséparables" dans lequel Simone n'est pas le centre mais un des éléments de la famille Jacob.
Le père, architecte, est un ancien combattant de la 1ère guerre mondiale, la mère a arrêté de travailler pour suivre son mari et élever ses 4 enfants nés en l'espace de 5 ans. C'est une famille juive laïque, installée à Nice pour le travail du père, dont les 4 enfants sont éclaireurs laïcs et non israélites. C'est une famille bourgeoise qui a des problèmes d'argent depuis la crise de 1929 et qui est parfaitement intégrée, pensant que l'état français va la protéger. On suit le destin de cette famille jusqu'à la disparition des deux dernières soeurs.
Ce livre souligne des aspects absents de l'autobiographie de Simone Veil ou qui y apparaissent seulement en filigrane comme la différence qui a été faite, au retour des camps, entre les déportés résistants reçus en héros et les déportés juifs, rejetés et méprisés. Ce témoignage insiste également sur l'impossibilité pour les déportés de parler de ce qu'ils ont vécu car personne ne peut comprendre et ils finissent par taire leurs traumatismes. J'avais déjà trouvé cette idée force dans le livre de Marceline Loridan-Ivens, "L'amour après". Enfin, est également souligné le besoin des déportés de se retrouver entre eux, eux qui ont survécu ensemble, qui ont partagé les mêmes horreurs, créant ainsi une famille de coeur où ils peuvent être eux-mêmes.
Ce livre émouvant complète bien l'autobiographie de Simone Veil et nous la fait découvrir dans les yeux et le coeur de ses proches.
Si on sait à peu près tout de la vie professionnelle de Simone Veil à partir de 1974, date à laquelle elle devint ministre de la Santé, on connaît beaucoup moins les détails de son enfance passée auprès de ses parents et frère et sœurs. C’est à cela que s’attelle Dominique Missika, se basant sur des photos, des documents, et des conversations avec les protagonistes pour appuyer ses dires.
Son livre, bien documenté, évoque la vie douce et harmonieuse des enfants Jacob jusqu’à la déportation. 1944: Denise est la première arrêtée pour faits de résistance et se retrouve à Ravensbrück. Simone, Milou et leur mère sont envoyées à Auschwitz. Quant au père et au frère, Jean, ils disparaissent sans laisser aucune trace.
Beaucoup de choses ont déjà été dites sur la vie des Jacob au camp de concentration mais là où le livre Les Inséparables devient à la fois passionnant et poignant c’est sur le retour à Paris de Denise, Simone et Milou à la fin de la guerre.
Leur père disparu, leur mère morte au camp, les filles Jacob sont orphelines et recueillies par une tante. Devant l’incrédulité, le manque d’écoute et d’empathie qu’elles remarquent autour d’elles, elles se réfugient toutes trois dans le silence, ne parlent pas, ne racontent rien de l’horreur.
Mais là où Denise, comme tous les autres résistants, est partout fêtée, son courage célébré, Simone et Milou comme les autres déportés juifs n’ont droit à rien, et pire, leur souffrance n’est ni reconnue, ni entendue. (Ce n’est en effet qu’à la fin des années 70 que les survivants juifs ont commencé à raconter.)
Comment se reconstruire sur des cendres? Chacune le fera à sa manière, en se mariant, en ayant des enfants, en étudiant. Liées à jamais par leur expérience, les filles Jacob deviendront jusqu’à leur mort Les Inséparables.
Les Inséparables, Dominique Missika, Seuil
« Il y a pire que la mort , l’oubli. »
Dominique Missika nous propose un ouvrage consacré à la famille Jacob dont sont issues Simone Veil et ses soeurs Denise Vernay et Madeleine.
Difficile de se renouveler car Madame Veil fait partie de notre mémoire collective et son entrée au Panthéon en 2018 a remis en mémoire les informations la concernant.
Pourtant ce travail est un travail de qualité, travail d’historienne bien documenté et j’ai apprécié qu’il mette en lumière les sœurs de Simone Veil et notamment Denise Vernay, grande résistante. On sent à la lecture de ce livre qu’il n’a pas toujours été facile pour Denise de n’être finalement aux yeux de beaucoup que la sœur de Simone.
Ce livre évoque la difficulté du retour pour les déportés, ce retour à la normalité, le fait que personne n’ait réellement envie d’entendre l’indicible et l’obligation pour ces femmes jeunes de donner un sens à leur vie. Il apporte un éclairage nouveau, des choses que Simone Veil elle-même n’avait fait que survoler dans son autobiographie.
Ce livre apporte une pierre à l’édifice de notre mémoire collective.
Relecture sélection de décembre 2018 du Grand Prix des Lecteurs Elle 2019.
Nice et sa douceur de vivre dans les années 20.
Un homme André, brillant architecte, Yvonne sa femme juste divine et leurs quatre enfants : Madeleine dite « Milou » 1923, Denise 1924, Jean 1925 et Simone 1927. Ils forment une famille laïque, bourgeoise et cultivée mais surtout unie. Une vie de rêve jusqu’à l’indicible des années 40.
1944 l’arrestation de la famille Jacob : le père et le fils disparaissent destination inconnue, Denise part pour Ravensbrück, Yvonne, Milou et Simone elles vont à Auschwitz.
De cette famille, seules reviendront des camps les trois filles, Milou décédera accidentellement à l’âge de 28 ans, laissant ses deux sœurs inconsolées.
Résumer ainsi une vie, celle de la famille Jacob serait peu, pour dire le combat de toute une vie : celle de Denise résistante de la première heure et celle de Simone au sommet de la République, inlassables combattantes du devoir de mémoire.
« Si tu reviens, dis-leur. Au camp, tout le monde avait peur que l’on ne sache jamais ce qui s’est passé. C’était le cauchemar le plus répandu. »
L’auteur se concentre sur cette période du retour à la vie dite « normale »
Simone la sensible, sous cette carapace de force qu’elle a endossée, est rongée par un sentiment d’injustice face à la pitié, l’indifférence, voire le mépris. Comme si être déporté signifiait être coupable de faiblesse.
Un livre qui me laisse sur un sentiment mitigé, car il n’apporte rien à ceux qui ont admiré cette femme Simone Veil, qui a su dépasser l’atroce pour transcender la vie et se battre pour d’autres qu’elle. Pas de repli, au contraire elle déploie ses ailes pour la protection et le respect des droits de millions d’anonymes.
Cette femme a su avec intelligence et humilité ne pas oublier ce qu’est la vie au quotidien. Beaucoup pourrait prendre exemple, mais peu on ce niveau.
Alors comme elle nous a offert ce cadeau qu’est son livre Une vie, était-ce utile de faire ce livre-là ?
Personnellement, j’aurais préféré que Dominique Missika qui est historienne, nous livre ce que la connaissance, l’approche des sœurs Veil, lui a apporté dans son travail, ce que cela a changé dans le regard qu’elle porte sur cette période de l’histoire. Ses techniques de travail ont-elles changé ? Cela lui a-t-il ouvert des portes inaccessibles, etc.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 14 janvier 2019.
Comment se reconstruire après être littéralement revenu de l'Enfer ? Comment raconter et se raconter après avoir vécu le pire dans les camps ? Comment avancer ? le récit (parfaitement documenté) de Dominique Missika retrace le long chemin de croix de trois jeunes filles : celui de Simone Veil et de ses soeurs, Denise et Milou. Trois orphelines, ayant perdu parents, frère et de nombreux amis.
L'écrivaine, historienne et amie de la famille, a voulu se pencher sur le destin de la famille Jacob. Un destin qui a basculé du jour au lendemain. En effet, la famille Jacob était une famille comme les autres, mais a été arrêtée et déportée car elle était juive, alors même qu'elle n'était pas pratiquante et plutôt du côté de la laïcité. Ce récit, juste et poignant met en lumière le parcours des trois femmes de cette famille : de leur jeunesse, à la fin de leur vie. Un parcours différent, mais avec un même objectif : le travail de mémoire.
le récit est documenté et foisonnant, mais la construction du récit a malheureusement trop tendance à nous perdre, car on passe d'un personnage à un autre sans réelle continuité. On déplorera les nombreuses répétitions, la platitude de la plume, bien que l'on comprenne que l'objectif n'était pas de verser dans le pathos.
Enfin, malgré ses imperfections, ce livre nous plonge, avec brio, au coeur de ces vies brisées, et nous fait découvrir un nouveau pan, parfois méconnu, de cette terrible période de l'Histoire : celui du retour des camps, du long chemin de croix qui s'ensuit, du long et parfois compliqué travail de reconstruction de soi. Surtout, le lecteur découvre la différence de traitement entre les rescapés qui avaient été déportés pour acte de résistance et les autres.
BLOG:https://devoratrixlibri.wordpress.com/2019/01/05/les-inseparables-dominique-missika/
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