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Elle ne dit pas l'effroi des bombardements, les corps démembrés, la route boueuse de l'exil ; elle dit l'arbre et l'oiseau, le chagrin des maisons, le miroir de l'absence. Elle ne filme pas les colonnes de soldats en route pour la guerre, ne fait pas le procès des monstres, ne pleure ni Alep ni Damas ; elle dit simplement que « l'aube n'abandonne pas la terre », que les hirondelles font leur nid « avec la paille du silence », que l'amour demeure le premier alphabet. Bien sûr, le fleuve de la vie ne sait plus ce qui lui arrive, les chansons roulent sur les chemins, la lune est la maison de l'exilé. Mais une femme, assise sur la rive de la poésie, fait entendre sa voix. « Elle chante une chanson et la chanson est sauvée ». Comme le seront les naufragés qu'elle aide à fouler la terre ferme.
Qu’on ne s’y fie pas, derrière ce très beau titre qui évoque ce petit oiseau migrateur, s’élève un chant d’exil et d’absence. Dès le premier poème, le lecteur est confronté à la guerre qui pousse à l’éloignement et à l’abandon des maisons.
En temps de guerre, il faut donc partir, quitter son pays, la Syrie, pour un autre, inconnu
« Nous étions sur le chemin, les oiseaux aussi »
Tous ont pris le chemin de l’exil et s’efface le passé et s’émousse le courage.
« La terre a été désertée par ses fils »
On devient étranger au milieu d’autres étrangers et on tend le doigt vers l’Orient.
L’histoire est un tyran qui jette les gens sur les chemins. Il faut se confronter à l’absence dans le souvenir de l’arbre penché sur la rue …et espérer
« Tout ce que je souhaite à mon retour
C’est retrouver le chemin, le trottoir, la vieille maison
Et que l’arbre se souvienne de moi »
Malgré l’absence et l’exil perdurent les rêves « aussi nombreux que les oiseaux, aussi simples qu’une tasse de café » alors que « des chansons sans chemin de retour » restent prisonnières de la mer.
Désormais, Damas et Alep sont les villes d’une patrie perdue que la poétesse se refuse à pleurer.
Il arrive que l’amour traverse le chemin, il le déserte aussi, il trébuche car, dit-elle, « après la perte, nous ne sommes plus les mêmes »
Et toujours les oiseaux qui accompagnent l’exilé, les oiseaux et les arbres : caroubier, pistachier, olivier…qui rappellent le pays.
Ce chant d’exil se termine sur une note d’espoir et d’amour au pays et à sa langue
« Que peut faire la poésie
Pour tirer l’humanité hors de son refuge
Pour que jamais ne s’assèche la chanson
Si ce n’est rendre hommage à la vie
Aux ombres de la vie…dans la langue. »
Dans ce recueil, les textes sont en miroir, à gauche le poème en arabe, à droite en français et passer d’une langue à l’autre, c’est comme passer d’un pays à l’autre. Ainsi, en lisant on voit l’exil mais aussi l’espoir et l’amour qui, malgré la souffrance, sont toujours là comme la lune.
La poésie d’Hala Mohammad suit l’ascension de l’oiseau, elle en possède la grâce et la beauté, l’émotion est là.
« Et cet oiseau qui passe…un vers de poésie »
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