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Ce recueil parle de l’exil qui pousse des hommes sur les routes à cause de la guerre. Hala Mohammad l’a dédié aux Syriens, ceux qui sont emprisonnés ou morts et ceux « en exil qui s’en remettent à la rotation de la Terre pour retrouver leur maison ».
Retrouver sa maison, c’est la trame de ces poèmes où la poétesse parle de ses souvenirs, de l’absence et de sa maison dévastée par la guerre qu’elle sait ne pas revoir un jour.
L’exil, comme un leitmotiv pour la poétesse qui l’avait déjà évoqué dans son précédent recueil : « Les hirondelles se sont envolées avant nous. »
Elle revient sur ce sujet brûlant, jamais achevé, qu’elle aborde sur le thème de la maison et de ses fenêtres.
« Les syriens aiment les maisons aux fenêtres grandes ouvertes »
Ces fenêtres ouvertes sur le monde et ses possibles, ces fenêtres qui, malgré la guerre et le chagrin, ouvrent sur une forme d’espoir.
La poétesse a un pied ici, un autre là-bas, son pays est accroché à elle, avec ses souvenirs et ses morts, comme sa mère à qui elle s’adresse pour parler de la maison, toujours.
« Chaque matin je me réveille là-bas et je me réveille ici »
La vie oscille entre deux pays, celui qu’on a quitté, celui on l’on vit, et cette dualité se retrouve dans la composition du recueil qui offre le poème en arabe sur la page de gauche et en français sur celle de droite.
Les tentes ont remplacé les maisons pour les exilés, les familles dispersées par la guerre. Ces tentes ou naissent des enfants qui ne connaissent pas la maison. Une tente ne remplacera jamais la maison qu’on a laissée derrière soi.
« Personne ne frappera à ma porte
La tente n’a pas de porte
La tente n’a pas de clé… »
La voix d’Hala Mohammad s’élève pour mettre des mots sur le chagrin de l’exil, de la perte et de l’éparpillement des familles, elle le dit avec ses mots à la fois puissants et pudiques. Et l’émotion est là, palpable à chaque page.
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« La guerre est finie, mon aimé, et personne n’est revenu
Même les maisons ne sont pas revenues de la guerre
Le chemin a perdu le chemin du retour. »
Qu’on ne s’y fie pas, derrière ce très beau titre qui évoque ce petit oiseau migrateur, s’élève un chant d’exil et d’absence. Dès le premier poème, le lecteur est confronté à la guerre qui pousse à l’éloignement et à l’abandon des maisons.
En temps de guerre, il faut donc partir, quitter son pays, la Syrie, pour un autre, inconnu
« Nous étions sur le chemin, les oiseaux aussi »
Tous ont pris le chemin de l’exil et s’efface le passé et s’émousse le courage.
« La terre a été désertée par ses fils »
On devient étranger au milieu d’autres étrangers et on tend le doigt vers l’Orient.
L’histoire est un tyran qui jette les gens sur les chemins. Il faut se confronter à l’absence dans le souvenir de l’arbre penché sur la rue …et espérer
« Tout ce que je souhaite à mon retour
C’est retrouver le chemin, le trottoir, la vieille maison
Et que l’arbre se souvienne de moi »
Malgré l’absence et l’exil perdurent les rêves « aussi nombreux que les oiseaux, aussi simples qu’une tasse de café » alors que « des chansons sans chemin de retour » restent prisonnières de la mer.
Désormais, Damas et Alep sont les villes d’une patrie perdue que la poétesse se refuse à pleurer.
Il arrive que l’amour traverse le chemin, il le déserte aussi, il trébuche car, dit-elle, « après la perte, nous ne sommes plus les mêmes »
Et toujours les oiseaux qui accompagnent l’exilé, les oiseaux et les arbres : caroubier, pistachier, olivier…qui rappellent le pays.
Ce chant d’exil se termine sur une note d’espoir et d’amour au pays et à sa langue
« Que peut faire la poésie
Pour tirer l’humanité hors de son refuge
Pour que jamais ne s’assèche la chanson
Si ce n’est rendre hommage à la vie
Aux ombres de la vie…dans la langue. »
Dans ce recueil, les textes sont en miroir, à gauche le poème en arabe, à droite en français et passer d’une langue à l’autre, c’est comme passer d’un pays à l’autre. Ainsi, en lisant on voit l’exil mais aussi l’espoir et l’amour qui, malgré la souffrance, sont toujours là comme la lune.
La poésie d’Hala Mohammad suit l’ascension de l’oiseau, elle en possède la grâce et la beauté, l’émotion est là.
« Et cet oiseau qui passe…un vers de poésie »
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