"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Pendant qu'Ulysse parcourt le monde et enchaîne les exploits, Pénélope demeure immobile, supporte l'attente, tisse et détisse son ouvrage, restant au passage fidèle à son époux. Quand l'homme part, la femme attend son retour. Les femmes étant historiquement des êtres captifs, le voyage est l'un des moyens les plus symboliques pour qu'elles s'affranchissent de leur condition : voyager est toujours pour la femme un acte fondateur ; c'est dire «je vais où je veux, je ne suis qu'à moi». S'inspirant des histoires vraies de la littérature de voyage et de son expérience personnelle (dix ans d'arrivées et de départs), l'auteure évoque les territoires érotisés (comme le harem), dénonce la vision masculine de l'aventure et s'intéresse à la tension entre voyage et maternité. Lucie Azema le constate : il faut être libre «de» voyager et être libre «pour» voyager. Les femmes aussi sont du voyage s'adresse aux femmes qui sont déjà parties et à celles qui n'oseraient pas encore.
Dans la pensée collective, l’aventurier est celui qui a le goût du risque et de l’inconnu alors que l‘aventurière est une intrigante sans scrupules vivant d’expédients.
Avec cet essai très documenté, Lucie Azema traite de tout ce qui entrave l’envie de voyager chez les femmes. Elle dénonce une masculinité dominante dans le voyage et la transgression que représente, pour les femmes, le fait de partir.
Elle compare les valeurs sociales que le voyage représente dans nos sociétés où l’homme voyage pour acquérir indépendance et liberté, alors que la femme l’attend à la maison dans la passivité.
Pour le bien-pensant, un homme qui prend des risques prouve sa virilité, tandis qu’une telle femme fait preuve d’inconscience.
L’autrice traite également de la parentalité où les pères ont tous les droits et les mères tous les devoirs, avec des hommes qui s’allouent l’extérieur, tandis que les femmes sont cantonnées à l’intérieur.
Elle dénonce la mystification du mouvement Beat initié par Jack Kerouac, misogyne et homophobe, qui prône un entre-soi exclusivement masculin. Elle consacre aussi un chapitre édifiant au « tourisme sexuel » qui a motivé nombre d’hommes en quête d’exotisme, à voyager.
Toutes les grandes exploratrices sont citées, et les difficultés qu’elles ont rencontrées dans leurs périples sont analysées au regard des pays et des époques.
Avec cet essai, Lucie Azema nous offre une approche féministe du voyage et encourage les femmes qui se sentent une âme d’aventurière, à se libérer de l’asservissement de leur condition pour suivre leur nature profonde.
Il y a tellement de choses passionnantes dans ce livre que j’en suis ressortie grandie, sans aucun doute, mais chamboulée également d’être peut-être passée à côté de la vraie liberté.
Je suis sûre que ce livre contribuera à aider certaines femmes à franchir le pas vers leur indépendance et à se lancer dans le voyage, avec en tête cet indémodable slogan féministe : « Les petites filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent ».
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