"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'un boit, l'autre sniffe, le troisième fornique à corps perdu. Les autres ne sont pas en reste.
Tous sont addicts et se trouvent embarqués dans une thérapie de groupe d'un nouveau genre.
Ils y trouveront ce qui n'était pas prévu : la polyaddiction. Ça secoue. Mais pas seulement :
Car ces ennemis de la vie ordinaire vont aussi découvrir dans le groupe l'entraide, l'amitié, et l'amour, le bel amour.
Comédie hilarante, portée par une écriture brillante et rythmée, ce roman s'empare d'un sujet de société contemporain, l'addiction, pour mieux le détourner : un conte moderne aussi réjouissant qu'immoral.
Abstinents s'abstenir.
lu par Elysabeth
Drôles d'addictions
Une bande d’individus ayant des problèmes d’addictions suit une thérapie individuelle. Clarisse leur thérapeute décide de la réunir pour tester une thérapie de groupe en laquelle elle croit beaucoup. Ils se retrouvent donc une fois par semaine. Mylène est consumériste.
Mariette est une jeune toxico quasi SDF de 17 ans. Jean-Charles est un curé toxicomane.
Pablo est accro à l’exercice physique. Gunter est joueur, mais surtout au poker. Damien est obsédé sexuel. Elisabeth est alcoolique et maltraitée par son mari.
Rapidement, des liens se tissent entre les membres de cette bande et l’objectif de la thérapie de groupe échappe à Clarisse.
Ensemble, ils décident de ne pas se retrouver à la rue et dans la misère alors que les huissiers les expulsent un à un.
Hébergés par Elisabeth, ils vont apprendre à jouer au poker et se préparer à disputer des tournois internationaux de poker. Ils veulent gagner beaucoup d’argent pour rembourser les dettes de Jean-Charles vis-à-vis du diocèse mais aussi pour ne pas vivre des vies ordinaires.
L'un boit, l'autre sniffe, le troisième fornique à corps perdu. Les autres ne sont pas en reste. Tous sont addicts et se trouvent embarqués dans une thérapie de groupe d'un nouveau genre. Ils y trouveront ce qui n'était pas prévu : la polyaddiction. Ça secoue. Mais pas seulement : car ces ennemis de la vie ordinaire vont aussi découvrir dans le groupe l'entraide, l'amitié, et l'amour, le bel amour.
Cela commence par une idée de psy. A priori une idée plutôt intéressante, celle de réunir dans une thérapie de groupe différents genres "d'addicts", au lieu de cloisonner, de séparer, de discriminer. "En organisant la rencontre de mes buveurs et cocaïnomanes, les sex-addicts et mes acheteuses compulsives, je les fais sortit de leur ghetto (…). Mon credo : tous les addicts qui décident de participer à un groupe de paroles ont déjà touché le fond et sont prêts pour l'aventure de l'abstinence. Ils ont tous des stratégies. Toutes sont différentes. Leur entraide sera du jamais-vu. Moi, je les mets en synergie. J'attends des résultats époustouflants."
Le résultat de cette thérapie innovante sera en effet du "jamais-vu" et de "l'époustouflant"…
Comme toujours chez Héléna Marienské, il y a de la fantaisie, de la drôlerie, du loufoque. Les personnages ne sont pas seulement addicts, ils sont joyeusement ou tristement barrés, terriblement vivants, totalement excessifs.
Mais l'auteur ne se contente pas d'offrir au lecteur un conte moderne impétueux, débridé et résolument immoral. Derrière la fantaisie, l'humour et les dialogues à l'emporte-pièce, se dessine une réflexion bien plus profonde sur un sujet très contemporain et réel : les addictions, et tout ce qu'elles masquent.
Héléna Marienské s'amuse avec ses personnages, aves ses situations mais son analyse, elle, est sérieuse. Au-delà des addictions visibles, tellement évidentes sur les corps, les visages et dans les vies des personnes, se cachent toutes les autres dépendances, les manques, les doutes, les peurs, les humiliations, les angoisses, les fuites, les impératifs catégoriques de la société, les solitudes, les exclusions, tout ce que l'on cherche à oublier et à dissoudre dans les excès et les obsessions.
Loin de les aider en suivant ses propres préconisations – régler "le mal-être et les traumas à l'origine de l'addiction", définir précisément ce qu'ils veulent inconsciemment oublier – leur incompétente de psy, en les réunissant, emmêle les fils déjà complexes de leurs addictions respectives, ce qui conduira à un résultat bien différent de ce qu'elle avait imaginé. Résultat qui, aussi surprenant et déconcertant soit-il, permettra peut-être à chacun de s'en sortir. À sa manière…
Le nouveau roman d'Héléna Marienské n'est pas seulement divertissant, fantasque et drôle. Il interroge aussi le lecteur sur ses propres esquives, ses excès, ses obsessions – quelles qu'elles soient. Il l'invite à éviter les "ennemis de la vie ordinaire" pour leur préférer les bienveillants, les créatifs, les épicuriens. Et à se demander s'il ne faudrait pas, quelquefois, laisser place à certaines de nos addictions…
Certains portraits sont forts drôles, notamment celui du prêtre qui ressemble au pape François.
Certains passages prêtent à sourire.
Mais la dernière partie pendant les entraînement au poker m’a moins passionnée. Et j’aurais aimé en savoir plus sur Clarisse, la psy à l’origine de ce grand bazar.
Au final, des personnages attachants dans une histoire sympathique.
L’image que je retiendrai :
Celle du prêtre JC jouant au tournoi international de Las Vegas déguisé en pape François.
http://alexmotamots.wordpress.com/2015/11/24/les-ennemis-de-la-vie-ordinaire-helena-marienske
Hélène Marienské nous plonge dans les tribulations de sept personnes qui n’auraient jamais dû se croiser, et ont pour seul point commun d’être atteintes d’addictions : Damien addict au sexe, Elizabeth alcoolique, Gunter addict au jeu, Jean-Charles prêtre et sosie du pape François en proies à la drogue, Mariette également droguée, Mylène acheteuse compulsive, et Pablo addict au sport.
Leur psy Clarisse tente une méthode de thérapie de groupe qui vise à réunir ces sept patients pour partager leurs expériences individuelles, les dépasser, et en guérir. Malheureusement elle fait face à des patients récalcitrants, et c’est elle qui est bien rapidement dépassée, au point de disparaître bien vite du livre.
Abandonnées de tout encadrement, nos énergumènes partent en vrille, se libèrent de leurs poids respectifs, unissent leurs forces, et au lieu de guérir de leurs addictions respectives, plongent littéralement dans les addictions des autres. Jean-Charles révèle peu à peu qu’il a endetté sa paroisse pour se droguer. D’un seul homme, le petit groupe décide de s’appuyer sur l’addiction de Gunter au jeu, pour participer à des tournois de pokers, et surtout en trichant. Leur dérive va les porter jusqu’ à Las Vegas pour participer à un tournoi mondial, où parties truquées, drogue et alcool atteignent leur apothéose.
Ces personnages sont-ils totalement dominés par leurs addictions, ou jouent-ils de celles-ci pour fuir leur vie ordinaire? A travers le poker, veulent-ils bluffer les autres joueurs pour simplement gagner le maximum d’argent, nous bluffer par la rapidité à laquelle ils apprennent ce jeu, ou se bluffer eux-mêmes ? Ces joyeux fous font pour le moins preuve d’une énergie et d’une envie de vie débordantes dans toutes les expériences qu’ils entreprennent.
Un livre loufoque voire une farce remplie de symboles, où folie, fantaisie, rire mais aussi émotion l’emportent tour à tour.
Héléna Marienské n’a pas son pareil pour humer l’air du temps et la retranscrire en joyeuses comédies, en fantaisie-sarabande. Dans son nouveau roman, qui met en scène sept victimes d’addictions, elle réussit même à imaginer des personnages et des situations qu’un lecteur boulimique aura déjà croisé dans d’autres romans. On retrouve, par exemple, dans le portrait de Pablo, beaucoup du personnage de Cécile Coulon dans Le Cœur du Pélican. Mais plus étonnant encore, le personnage de Jamal imaginé par Michel Bussi dans N’oublier jamais a la même obsession que ce coureur à pied addictif : il «se verrait bien faire le super trail du Mont-Blanc avec une patte en titane.»
Au-delà de la coïncidence, on imagine la manière dont l’auteur se documente pour donner chair aux personnages. On se dit, par exemple, qu’elle a dû s’inscrire à un site de jeux en ligne, faire quelques sorties au casino d’Enghien, suivre quelques compétitions de poker à la télé pour camper le personnage de Gunter, joueur addictif. Car au-delà du jargon utilisé, elle sait parfaitement rendre l’atmosphère du lieu, la tension qui préside au moment ou rien ne va plus.
Mais reprenons. Le roman s’ouvre au moment où Clarisse, thérapeute spécialisée dans le traitement des addictions, vient proposer un nouveau traitement. Elle entend organiser la rencontre de patients victimes de troubles différents : «tous les addicts qui décident de participer à un groupe de parole ont déjà touché le fond et sont prêts pour l’aventure de l’abstinence. Ils ont tous des stratégies. Toutes sont différentes. Leur entraide sera du jamais-vu. Moi, je les mets en synergie. J’attends des résultats époustouflants.»
Aux côtés de Gunter et Pablo, on va retrouver au sein de ce groupe – et par ordre d’apparition – Jean-Charles, sosie du pape François, qui ne dédaigne pas sniffer une ligne de coke en disant la messe, Damien, le professeur d’université qui éprouve un besoin constant de sexe, Mariette, la jeune et jolie junkie, qui n’arrive pas à décrocher, Mylène dont le compte en banque n’a pu résister à ses achats compulsifs et Élisabeth qui tente de noyer la déliquescence de son mariage dans l’alcool. Voici donc les septe plaies d’Egypte réunies autour d’une thérapeute qui ne sait pas trop si elle vient d’inventer un concept génial ou si elle a ouvert la boîte de Pandore.
Car bien vite, on passe du dérapage à un joyeux capharnaüm et à la rechute quasi-simultanée de tous les membres du groupe, avant que la simple addiction ne devienne une addiction multiple.
Clarisse va bien tenter de reprendre la main en affirmant que la rechute fait partie intégrante de son traitement et que cette étape est même nécessaire à une meilleure prise en compte de leur addiction, sorte de tremplin vers la guérison. Mais, s’agissant d’une première expérience de ce type, elle ne peut qu’émettre cette hypothèse. Peut-être pour conjurer le sort.
Il serait dommage de révéler ici comment tout cela va finir. Disons simplement que, comme toujours avec Héléna, les choses ne vont pas tarder à déraper, les situations devenir aussi cocasses qu’incongrues et que le final est comme un grand feu d’artifice qui fera fi des conventions et du politiquement correct. C’est jouissif et cru, immoral en diable et effectivement bien loin de la vie ordinaire. En un mot, c’est addictif !
https://collectiondelivres.wordpress.com/2015/10/20/les-ennemis-de-la-vie-ordinaire/
Qu'est-ce qu'une addiction? Un état de dépendance à quelque chose, plus communément la drogue, l'alcool, le tabac mais étendue aussi aux connexions de la vie moderne.
Comme le dit si bien le titre, les personnages fuient l'ordinaire dans la vie.
Point de départ mais pas seulement, la «patte» d'Héléna est de les faire cohabiter dans une thérapie de groupe.
Clarisse: psychothérapeute.
Gunter: addict au jeu.
Pablo: addict aux sports extrêmes.
Jean-Charles: addict à la cocaïne (je vous laisse découvrir sa profession).
Damien: addict au sexe.
Mariette: addict à l'héroïne et autres substances.
Mylène: addict aux achats
Elisabeth: addict à l'alcool.
Lors de la première séance de groupe, le caractère de chacun s'exprime et s'exacerbe presque jusqu'au pugilat.
C'est un monde noir, très noir dans lequel le lecteur pénètre, même si certaines scènes cocasses se dessinent et nous font rire aux éclats, mais ses inadaptés de la vie ont plus d'un tour dans leur sac.
Ils ont un point commun: ils s'emmerdent dans la vie et la vie les emmerde au-delà du supportable.
Modus operandi commun: ennui,apathie et solitude dans le déni total.
Ce groupe de parole devrait être un sésame pour chacun... Mais Clarisse n'est vraiment pas douée pour arrêter les dérapages.
Une belle comédie sur les comportements de notre époque, avec une solide construction dramatique qui nous amène à réfléchir.
Les problématiques de notre temps, construites sur autant de schémas narratifs qu'il y a de personnages, renforcent le propos.
D'une écriture érudite alliant le littéraire et le familier avec aisance, l'auteur nous embarque dans un univers réjouissant, immoral, rusé et toujours original.
Un roman tellement jubilatoire, qu'il ferait une excellente pièce de théâtre.
Cette auteure a un talent fou celui de faire rire, de la farce jusqu'à la comédie de caractère: brillante.
C'est rondement mené, intelligent et très, très habile, ne pas oublier qu'il est plus difficile de faire rire que de faire pleurer.
Une fois de plus je suis séduite par le talent d'Héléna Marienské.
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