On aime, on vous fait gagner les livres sélectionnés par Etienne, libraire passionné
Camille Pascal, lauréat du Grand Prix du roman de l'Académie française, prend la plume pour se désennuyer d'une société où les bien-pensants triomphent et pour rendre un hommage ému et amusé à la France qu'il aime et qui tend à disparaître.
" Après m'être essayé à emboîter mes pas dans le sillage de ces mémorialistes qui avaient fait mes délices, pouvais-je pour autant prétendre succéder aux auteurs qui ont élevé la chronique mondaine au rang de chef d'oeuvre absolu ? Evidemment non. De création littéraire il ne pouvait donc pas être question, sauf à sombrer dans le pastiche sans talent. Il n'était pas d'avantage envisageable de maquiller ce livre en grave ouvrage d'histoire ou de sociologie, ils abondent et je n'inscris pas le Collège de France au programme de mes ambitions. J'ai repris ma plume pour me désennuyer d'une société où les bien-pensants et l'égalitarisme triomphent, il aurait été un comble que je m'emploie à ennuyer mes lecteurs par de savantes démonstrations.
Si j'ai entrepris l'écriture de ce livre c'est pour le plaisir d'écrire et de sacrifier tout à la fois à mon goût du récit et à ma passion de l'anecdote mais c'est aussi pour rendre un hommage ému et parfois amusé à cette France que j'aime, qui ne veut pas mourir et qui est parvenue, mais pour combien de temps encore, à suspendre la marche du temps perdu. " Camille Pascal
On aime, on vous fait gagner les livres sélectionnés par Etienne, libraire passionné
Comme un clin d’œil à ma récente intronisation dans le très prisé « cercle livresque » de lecteur.com, c’est par le surprenant opuscule de Camille Pascal intitulé « Les derniers mondains » que se fit mon baptême du feu. L’auteur, après nous avoir, comme en passant, fait entrevoir le blason familial lui autorisant cette familiarité ([…] d’Hozier, juge d’armes de Louis XIV, […]avait eu le bon goût et surtout la prévoyance d’armorier, dès 1696, ma famille paternelle […]), entrebâille à l’intention de ses lecteurs des portes qui lui « étaient naturellement ouvertes » afin de dérouler sous leurs pas le tapis quelque peu mité mais toujours digne menant aux vestiges d’une noblesse autrefois florissante.
C’est à l’ombre de son glorieux prédécesseur que Camille Pascal, autoproclamé chroniqueur mondain le temps de quelques pages, tente à son tour de nous entraîner à la recherche d’un temps perdu quelque part entre fantasme et réalité, entre les pages de Point de vue images du Monde et celles du Bottin Mondain. Dans une langue maîtrisée en virtuose et sur un ton qui ne parvient pas toujours à éviter la condescendance, ce Proust du XXIème siècle semble se dévouer pour offrir à son tour « des perles aux pourceaux » et nous inviter à le suivre, insigne faveur, dans l’intimité jalousement gardée des (toujours !) grands de ce Monde. Un monde où rien n’est laissé au hasard, où chaque geste, tenue, parole, obéit à un code immémoriale, un monde où chacun sait quelle est sa place et comment la tenir, que ce soit à table ou au salon, un monde où l’on se lève, où l’on s’incline, où l’on s’efface au rythme d’une chorégraphie muette et ointe de convenances séculaires. Un monde où l’on glisse de déjeuners de semaine en dîners placés avec la souplesse et la discrétion d’un soulier vernis sur un parquet ciré, où l’on sait recevoir avec élégance dans les vieux meubles de famille, fût-ce sous les combles d’un vieil hôtel particulier devenu trop lourd à entretenir à tous les étages, où l’on a compris, depuis fort longtemps, que l’on avait bien plus à craindre du fisc que du manant et bien moins à redouter de se voir couper la tête que les vivres.
Néanmoins, remontant au fil des chapitres les pages de l’agenda mondain de l’auteur, guidée par le style clair et distingué de cet habitué des tableaux historiques, je n’ai pu m’empêcher de songer au vide abyssal que recouvrent ces restes de dorures et de me demander pour qui diantre pouvaient bien être écrits pareils comptes rendus détaillés de dîners chez la Baronne de N.*** ou de déjeuners chez la Comtesse de P.*** ? Car enfin, s’il est une leçon que j’ai bien retenue de cet ouvrage qui se faisait fort d’en donner plusieurs, c’est qu’une devise semble supplanter toutes les autres au cœur de cette aristocratie bon teint : « Pour vivre heureux, vivons cachés ». A quoi bon vouloir à toute force montrer à ceux qui n’en ont cure les rituels de ceux qui ne veulent surtout pas les partager ? Mais, me direz-vous, qui suis-je pour juger...
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