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Jenny Nordberg a enquêté sur une pratique culturelle ancestrale, datant d'avant les talibans, ignorée en Europe, qui est celle des "bacha posh". Cette coutume est inconnue de la plupart des étrangers, même encore aujourd'hui, y compris chez les plus fins connaisseurs de ce pays. Travesties par leurs parents en garçon, des petites filles mènent une vie de garçon - et parfois de garçon et de fille en fonction des activités - jusqu'à la puberté.
Car l'absence de garçon dans une famille jette l'opprobre autant sur la mère que sur le père. Mieux vaut un fils de substitution que pas de fils du tout. D'où vient cette coutume ? Dans quel but a-t-elle été instaurée ? Qui la pratique ? Quelles en sont les conséquences ? Comment ces petites filles le vivent-elles ? Qu'advient-il de ces fillettes ensuite ? Pour réaliser cette enquête, qui est aussi une plongée inédite dans le quotidien des femmes afghanes de tous milieux, l'auteur a interviewé une trentaine de petites filles dont elle a recueilli librement le témoignage.
Et elle s'est en grande partie appuyée sur celui d'Azita, une des rares femmes à avoir siégé au parlement de Kaboul.
Qui sont ces clandestines de Kaboul?
Ce sont Mehran, Zahra, Shukria, Nader Shaded et bien d'autres encore. Des petites filles déguisées en garçon ou plus communément appelées des basha posh. Elles sont travesties pour diverses raison: pour l'une ça sera pour l'honneur de la famille parce qu'une famille sans garçon est perçue comme une honte et avoir un fils serait presque une fierté nationale. Certaines de ses filles sont donc déclarées garçon à leur naissance alors que d'autres le seront un peu plus tard, comme Merhan fille/ fils d'une parlementaire Azita. Faire de la politique et avoir un fils parmi ses enfants sera mieux vu par les électeurs et lui donnera plus de crédibilité.
Différents portraits sont dressés et se sont des destins différents qui sont décrits, toutes les couches sociales sont concernées. Ces "fils" aident aussi par leur travail et disposent d'une plus grande liberté que les filles. Ces dernières n'ont pas le droit de sortir seules. A contrario les basha posh ont elles le droit de sortir librement et de côtoyer les garçons bien qu'en étant de sexes différents.
Cependant l'auteur expose un problème : la transition ou le retour à la féminité. Certaines se rebellent telle que Nader qui enseigne le taekwondo à un groupe de filles . Elle refuse de se marier .
Certaines ne savent pas ce qu'elles sont et ne veulent pas redevenir cette fille. L'une d'elle envisage même une opération afin de ne plus être femme.
D'ailleurs le retour à la normale s’opère du jour au lendemain et les questions ne se posent même pas sur l’absence du" garçon" ou l'arrivée soudaine d'une jeune fille dans la famille.
On apprend donc que c'est monnaie courante de voir cela et que cela date depuis fort longtemps.
Ce livre a été très instructif et je le conseille à tous les curieux avides de découvrir ces portraits.
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