"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans ce récit si simple et si uni qu'il convient d'en souligner l'originalité profonde, Georges Perec tente, le premier avec cette rigueur, de mettre au service d'une entreprise romanesque les enseignements de l'analyse sociologique. Il nous décrit la vie quotidienne d'un jeune couple d'aujourd'hui issu des classes moyennes, l'idée que ces jeunes gens se font du bonheur, les raisons pour lesquelles ce bonheur leur reste inaccessible - car il est lié aux choses que l'on acquiert, il est asservissement aux choses. " C'est qu'il y a [dira Georges Perec] entre les choses du monde moderne et le bonheur, un rapport obligé... Ceux qui se sont imaginé que je condamnais la société de consommation n'ont vraiment rien compris à mon livre. Mais ce bonheur demeure possible ; car, dans notre société capitaliste, c'est : choses promises ne sont pas choses dues. "
Prix Renaudot - 1965
Un classique parmi les classique. Comme le chante Alain Souchon "avoir des quantités de choses qui donnent envie d'autres choses..."
Où est le bonheur entre un appartement exigu en plein Paris plein d'objets divers et variés, ou un grand appartement sans ame quelque part dans une ville tunisienne?
Ce couple des années soixante est en fait tres contemporain.
Un roman nécessaire sur la société de consommation..et le pseudo-bonheur qui y est lié surtout de nos jours..
Jérôme et Sylvie, sont jeunes, amoureux et viennent d'emménager dans un deux pièces de la rue de Quatrefages dans e 5ème arrondissement parisien.
Ils travaillent pour le compte d'un institut de sondages, réalisant des entretiens sur les sujets les plus divers aux quatre coins de la France, en ce début des années soixante où on sonde à tout va.
Leur rêve : pouvoir acheter tous ces objets qui les fascinent : meubles de style qu'ils découvrent en vitrine des antiquaires, beaux vêtements de style anglais, chaussures de luxe. Tous ces objets dont ils rêvent sans pouvoir se les offrir - enfin en les achetant de deuxième main, même si c'est en se serrant la ceinture et en rognant sur la nourriture ou l'entretien du logement !
Leurs amis sont comme eux, ils partagent le goût des grandes tablées de plats achetés chez le traiteur, de discussions qui se poursuivent jusque très tard, soirées cinéma et balades le long de la Seine.
Ils apprécient la liberté offerte par leur travail, mais rêvent de revenus élevés, sans jamais avoir l'envie de travailler davantage, ni de s'investir à fond dans un emploi fixe où ils craignent être enfermés.
Ils rêvent de grands appartements bourgeois, de murs tapissés de bibliothèques lambrissées, de revenus qui coulent à flots ...
Petit à petit, un doute s'installe, ont-ils bien les codes nécessaires, la culture adéquate pour obtenir ce qu'ils souhaitent, eux dont les mères étaient coiffeuse et employée.
Sur un coup de tête, ils décident de quitter Paris poru aller enseigner en Tunisie. Mais Sfax est bien loin de Tunis et ils s'y sentiront toujours étrangers ...
alors ils rentreront, retrouveront leur appartement, accepteront un emploi chez un de leurs donneurs d'ordre et partiront s'installer en province, où ils trouveront peut êtree enfin le bonheur !
Avec une précision toute sociologique, Georges Perec décrit dans ce roman les envies de ce jeune couple qui rêve d'être bourgeois, et qui n'en peut plus d'être désenchanté.
Un roman qui casse l'idée du "c'était mieux avant", car il y a des relents du Michel H. du 'Le bonheur est au fond du couloir à gauche' dans ces deux personnages-là.
J'ai eu envie de les secouer, de leur expliquer qu'on n'a rien sans rien ... Ils vivaient dans une époque où le plein emploi était de mise, où ils avaient réussi à éviter d'aller faire la guerre en Algérie, ils étaient tout aussi mollassons et chouineurs qu'ils l'auraient sûrement été en vivant aujourd'hui !
Bref, un bon roman aux personnages peu attachants !
A la recherche du bonheur.
« Ils voulaient se battre, et vaincre. Ils voulaient lutter, conquérir leur bonheur. Mais comment lutter ? Contre qui ? Contre quoi ?
Ils vivaient dans un monde étrange et chatoyant, l’univers miroitant de la civilisation mercantile, les prisons de l’abondance, les pièges fascinants du bonheur.
Où étaient les dangers ? Où étaient les menaces ? (…) L’ennemi était invisible. Ou plutôt, il était en eux, il les avait pourris, gangrenés, ravagés. Ils étaient les dindons de la farce. De petits êtres dociles, les fidèles reflets d’un monde qui les narguait. Ils étaient enfoncés jusqu’au cou dans un gâteau dont ils n’auraient jamais que les miettes. »
A tort, un couple de jeunes gens abandonnent leurs études dont les débouchés les dépriment par avance. Ils veulent une liberté et un bonheur immédiats.
Ils trouvent un petit boulot d’enquêtes minutes qui, de provisoire va devenir définitivement alimentaire…
Consommer est leur bonheur.
« Ils succombaient aux signes de la richesse : ils aimaient la richesse avant d’aimer la vie. »
Ils convoitent et envient les choses. Les choses auront donc un rapport avec leur bonheur voire même à les conduire à un état d’asservissement.
Puis, ils finiront par s’ennuyer et ils quitteront Paris pour Sfax en Tunisie, persuadés que l’herbe est plus verte sous le soleil et en bord de mer mais malgré ce grand logement et ces mille et une choses dans les vitrines, les marchés et les souks, ils ne seront pas heureux là-bas non plus et rentreront en France chargés d’une accumulation de choses dans leurs malles… Ils ont maintenant trente ans. Ils fuient Paris à nouveau.
La belle table dressée des Wagons-Lits, est le « prélude d’un festin somptueux. Mais le repas qu’on leur servira sera franchement insipide. »
Avec sa talentueuse plume, Georges Perec nous livre une réflexion intelligente sur la quête du bonheur au quotidien mais surtout questionne sur l’idée qu’on se fait du bonheur et les moyens de possiblement l’atteindre par la recherche de vérité.
Édité en 1965, « Les choses » est un livre plus que jamais d’actualité sur nos modes de vie dans nos sociétés capitalistes.
Jérôme et Sylvie, tous deux psychosociologues de métier, sont âgés respectivement de 24 et 22 ans, et toute la vie devant eux.
Mais ce couple banal parisien semble insatisfait de tout, de manière chronique.
" Ils aimaient la richesse avant d'aimer la vie."
Ils cheminent donc perpétuellement en quête de mieux.
Même la guerre d'Algérie ne semble pas les perturber, ne pas les concerner, jusqu'à ce que celle-ci les perturbe dans leur quotidien et leur fasse ressentir une angoisse pour...eux-mêmes. Peur de manquer.
" La fortune devenait leur opium."
On nage en plein narcissisme !
Bien que ce roman nous plonge dans le pathologique, il n'est pas sans nous questionner sur notre propre attitude de consommateurs effrénés.
" Ils vivaient dans un monde étrange et chatoyant, l'univers miroitant de la civilisation mercantile, les prisons de l'abondance, les pièges fascinants du bonheur."
A méditer...
Comment dire...? Mais qu'il est ô combien , encore si actuel ce roman ! Appliquons le à la mode du vintage et hop , c'est exactement ça , un couple qui passe ses we dans des brocantes et vide greniers à accumuler ..;des choses... ! Ce roman m'a marquée à vie ! A lire et relire... Brillant !
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