"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans quel monde entrait le vieil Eguchi lorsqu'il franchit le seuil des Belles Endormies ? Ce roman, publié en 1961, décrit la quête des vieillards en mal de plaisirs. Dans une mystérieuse demeure, ils viennent passer une nuit aux côtés d'adolescentes endormies sous l'effet de puissants narcotiques.
Pour Eguchi, ces nuits passées dans la chambre des voluptés lui permettront de se ressouvenir des femmes de sa jeunesse, et de se plonger dans de longues méditations. Pour atteindre, qui sait ? au seuil de la mort, à la douceur de l'enfance et au pardon de ses fautes.
Un roman troublant à plusieurs titres : tant par la relation qu’il met en scène (qui frôle le tabou) entre un vieil homme Eguchi et de toutes jeunes filles endormies artificiellement , donc entièrement à sa merci que par les mystères qu’il distille tout au long de ses pages . De nombreuses questions se posent au lecteur sur les belles endormies . D’où viennent-elles ? Savent-elles qu’elles sont offertes ? Sont-elles consentantes ? On peut aussi s’interroger sur ce qui se passe pendant le sommeil des deux partenaires ….
Ces interrogations sont non seulement entretenues par les réponses évasives de la tenancière de la maison mais surtout par le fait que le récit est toujours fait sous l’angle d’Eguchi , donc que prévaut constamment son point de vue d’homme ignorant . Le corps endormi des femmes perçu par l’homme allongé apparaît ainsi toujours comme déstructuré, un peu comme dans un tableau cubiste de Picasso .
Le mystère culmine dans les dernières pages avec en premier lieu la mort d’un des clients , puis surtout par celle de la dernière compagne de sommeil de Eguchi, deux morts qu’on escamote rapidement et qui confèrent au roman un dénouement ouvert .
Un huis clos étouffant dont on ne sort que lors des passages où Eguchi - dont en fait on ne connaît guère la vie- voit apparaître des images de son passé .
C'est d'abord la curiosité qui mène le vieil Eguchi dans cette maison particulière conseillée par un ami. Car, certes il a 67 ans, mais il n'est pas encore un de ces vieillards de ''tout repos'' qui n'ont plus la force d'honorer une femme. Eguchi se sait vieux mais se sent encore vigoureux. Alors que peut lui apporter la maison des Belles endormies ? Dans cette étrange demeure du bord de mer, des hommes âgés paient pour passer la nuit auprès de jeunes filles, des adolescentes, parfois même des fillettes, endormies par de puissantes drogues. Eguchi, réticent, méfiant, se laisse finalement happé par les lieux. La curiosité du début cède la place au besoin de se ressourcer au contact de ces jeunes corps alanguis. Au fil des nuits, il profite de la quiétude d'une chambre silencieuse et plongée dans la pénombre et de la proximité de la jeunesse pour se remémorer les femmes de sa vie, mère, épouse, filles, maîtresse et rencontres de passage.
Pudeur et poésie viennent ici se mêler à la sensualité et au malaise. Les Belles endormies est un livre dérangeant qui crée la gêne chez le lecteur. On ne peut que s'insurger contre les méthodes de cette maison qui offre à de vieux messieurs impuissants la possibilité de profiter d'une fille très jeune, de la respirer, de la toucher, de se réchauffer contre son corps, sans qu'elle même n'ait conscience de ce qui lui arrive. Eguchi commence d'ailleurs par se révolter contre ces faits. Il secoue la fille, tente par tous les moyens de la réveiller, souhaite un dialogue, un échange. Et puis, il s'y fait, goûte au silence pour établir un dialogue avec lui-même. Ces corps jeunes, abandonnés au sommeil, comme morts et pourtant si vivants par l'éclat de leur peau, la fraîcheur de leur teint le confrontent à sa propre décrépitude, lui imposent un retour sur le passé, des questionnements, une remise en question de ses actes. La sexualité laisse place à la méditation dans cette maison propice à la réflexion et à l'abandon.
Une belle écriture, toute en suggestion, pour un sujet a priori scabreux mais qui glisse vers la condition de l'homme voué à vieillir et à mourir.
Au-delà du thème qui peut choquer, surprendre ou dérouter, l'écriture de Yasunari Kawabata est sublime. Les mots se posent doucement, à l'instar des pétales de camélias évoqués dans le livre, rendant cette lecture des plus plaisantes. Rien de vulgaire, rien de laid, Eguchi découvre cette maison insolite avec crainte, puis se prête au jeu, malgré des pulsions bien légitimes qu'il éprouve encore, ne se considérant pas encore comme un vieillard. Il est assailli de souvenirs, le plongeant dans une grande mélancolie sur ce qu'il fut, mais retourne toujours dans la maison des Belles Endormies, où lui viennent des idées étranges près de ces filles inertes.
Un thème qui pourrait déplaire sans la plume de cet auteur, une maison qui ne saurait trouver sa place dans nos contrées, mais le Japon regorge de moeurs, coutumes et traditions qui nous étonnent.
Un prix Nobel, oui pourquoi pas, si on considère la délicatesse d'écriture.
En revanche, le sujet ne m'a absolument pas branché.
Des jeunes filles (et même des petites filles) sont endormies artificiellement et placées nues dans un lit pour que des vieillards en phase de décrépitude sexuelle puissent s'allonger à leurs côtés et ainsi préserver l'égo et la dignité de l'homme...
J'ai ressenti un vrai malaise à la lecture de ce livre que j'espérais voir disparaître au fur et à mesure des pages. Cela ne s'est pas produit, bien au contraire. Quelque chose m'a gêné... peut-être les descriptions des jeunes filles ou le regard porté sur elles... Je ne sais pas, mais ce que je sais c'est que je n'ai pas aimé ce livre.
" La Beauté tôt vouée à se défaire" et "Les Belles endormies"
Je poursuis dans ma découverte du Prixl Nobel Japonais Kawabata avec toujours beaucoup de plaisir, non seulement par la beauté du style mais aussi par l'évidente influence que cet auteur a pu avoir sur la littérature japonaise contemporaine et notamment sur Murakami. On y retrouve une ambiance fantastique ( "Le bras" nouvelle du recueil "La Beauté tôt vouée à se défaire") et le thème de la mémoire et des regrets, formidablement distillés dans ces "belles endormies", qui ne sont pas forcément les jeunes filles droguées aux côtés de qui des vieillards viennent simplement dormir dans une maison de tolérance, mais surtout les femmes de leur passé qui leur reviennent en mémoire au contact de cette jeunesse perdue. De le grande littérature.
Ce petit roman met mal à l'aise, il donne le point de vue d'un petit vieux qui va dans une auberge spéciale, réservé aux hommes très âgés. Dans une chambre des jeunes filles sont drogués et endormies pour la nuit.Le client rentre alors dans la chambre pour dormir avec l une d'elle...
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A priori un sujet un peu scabreux, abuser de jeunes filles endormies. Ce que tu écris, surtout la conclusion m'amène à penser que je pourrais le lire