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Dans une étrange maison close, les belles sont endormies, parées et nues pour recevoir la visite d'hommes de grand âge. Eguchi est l'un de ces visiteurs nocturnes, qui vient admirer le sommeil des jeunes filles, retrouver les images oubliées, respirer les parfums de sa jeunesse ; vivre quelques heures splendides et sensuelles. Frédéric Clément habille ce grand texte érotique de Kawabata, prix Nobel de littérature en 1968, et le ponctue, dans une délicate lumière, d'objets raffinés, de fragments usés de tissu peint et de troublantes photographies. Deux univers se rencontrent ici dans une précieuse alchimie.
Les Belles Endormies de Yasunari Kawabata illustré par les photographies de Frédéric Clément.
Récemment arrivé dans notre petite bibliothèque, à la suite d’un don d’un fond littéraire, ce livre fermé par un ruban noir avait tout pour attirer le lecteur curieux que je suis. D’une écriture rouge en quatrième de couverture l’auteur invite le lecteur, « dans une étrange maison close, les belles sont endormies parées et nues pour recevoir la visite d’hommes de grand âge. Eguchi 67 ans, apprend-on en lisant cet ouvrage, est l’un de ces visiteurs nocturnes qui vient admirer le sommeil des jeunes filles, retrouver les images oubliées de ces conquêtes, respirer le parfum de la jeunesse, vivre quelques heures sensuelles auprès de ces jeunes femmes, voire très jeunes filles endormies très profondément ». Yasunari Kawabata, prix Nobel de littérature en 1968 qui s’est suicidé en 1972 est dit-on, l’écrivain Japonais le plus lu en Occident. Dans ce livre les belles endormies, il nous invite à passer avec le vieil Eguchi cinq nuits dans cette mystérieuse maison, tenue par une maitresse-femme en bord de mer. Pour y entrer il faut se présenter. Etre en quelque sorte recommandé. Est-ce un hôtel particulier, une auberge car l’on y sert également le petit déjeuner lorsque l’on vous demande de sortir de la chambre après la nuit passée à côté d’une jeune femme, ou est-ce tout simplement une maison close ou l’on peut avoir des relations sexuelles tarifées ? Ce n’est l’un ni l’autre. Dans cette maison l’on propose aux vieillards d’éprouver des plaisirs sensuels, voir spirituels, aux côtés de jeunes filles plongées dans un sommeil, qui ressemble à un sommeil de mort. C’est ainsi que sans honte d’être reconnu, ces vieillards et donc Eguchi pourront jouir de la beauté et de la chaude présence de ces jeunes femmes endormies nues sous une couverture chauffante, avant de sombrer eux-aussi, dans le sommeil en prenant des somnifères mis à leur disposition. Lors de ces nuits sous le regard d’Eguchi nous serons en position de voyeurs. Nous serons témoins des fantasmes sexuels d’Eguchi qui ne resteront qu’à ce stade. Nous aurons de belles descriptions charnelles du corps de ces femmes, faisant ressentir à Eguchi son émoi, par leur texture de peau, leur finesse, leur douceur l’arrondi d’une épaule pur ne citer que celles-ci. Le positionnement de ces jeunes femmes est également sujet à des descriptions : ingénue, lascive, animale, permettant à Eguchi une observation anatomique des corps ; la fine sueur, les dents visqueuses, la coloration de la peau etc. Lors de ces différentes nuit Eguchi se remémore ces années passées ses relations sexuelles avec des femmes mariées, et son ressenti en étant passif réduit à la catégorie de sous-homme. Ce qui l’amène même, à réfléchir à mettre fin à sa vie. C’est un livre étrange, qui laisse toutefois un sentiment bizarre. Ce vieil Eguchi n'est-il tout simplement pas un pervers qui passe ses nuits auprès de jeunes femmes et de très jeunes filles. Qui lors de ces nuits, réfléchit à les violer étant droguées ; qui pense même à les tuer pour voir si dans leurs derniers moments elles ne se réveilleraient pas, avant d’avaler son somnifère. Qu’elle est enfin cette maison ou des règles strictes doivent être appliquées ? Essentiellement ne pas avoir de relation sexuelle avec les belles endormies, mais qui emploie des jeunes femmes, les endorment pour qu’elles deviennent des objets. Des jeunes femmes qui entièrement nues se laisseront, caresser, embrasser et toucher. Dans cette édition, chaque page de ce livre est illustrée par une photographie en couleur sépia, de Frédéric Clément, de Mademoiselle Ayako, « rencontrée un après-midi d’octobre au Jardin des Tuileries, blottie derrière des chaises. » Un porte-folio de photographies de cette jeune femme dans les positions décrites dans les belles endormies est également inséré dans cet ouvrage. De même sur différentes pages ou vous retrouverez cette demoiselle, vous trouverez de petits tableaux comme des estampes japonaises. Dans cette édition, achevée d’imprimer en mai 1998 à Hong Kong, le caractère poétique, sensuel mais jamais vulgaire de ce livre se révèle. Je vous invite à le découvrir. Maintenant il est temps pour moi de reconfectionner le nœud de ce ruban noir refermant ainsi l’histoire du vieil Eguchi dans les Belles endormies. Bien à vous.
Un écrivain japonais incontournable
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