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" À quoi bon des poètes en des temps de détresse ? " se demandait, en 1800, Friedrich Hölderlin.
Cette question, reprise par Theodor W. Adorno. hante la conscience poétique de l'après-Auschwitz. Comment, encore, parler. alors que la parole et tous les systèmes de pensée n'ont mené qu'à la destruction, qu'à la mort ? A travers la comparaison des trois figures majeures de la poésie européenne du XXe siècle que sont T.S. Eliot, Georges Séféris et Yves Bonnefoy, c'est ce rapport entre l'acte créateur et la conscience de la mort qu'il s'agira d'étudier dans cet ouvrage.
Des ruines de Babel au mythe du Roi Pêcheur, des enfers gréco-romains à la résurrection chrétienne, c'est en puisant dans un vaste horizon mythocritique que se conduira notre étude : au-delà de cette mort qu'il faut, comme Dante dans sa Divine Comédie, traverser pour parvenir, de l'Enfer, au Paradis. Le poète qui, à l'image du remembrement d'Osiris, aura su, par la reconstruction de la parole, créer la poésie, permettra ainsi à chacun de sortir de cette épreuve comme neuf : sauvé, en quelque sorte, par la beauté et la vérité de son existence terrestre - notre existence à tous, qui comprend à chaque instant, hic et nunc, toute vie et toute mort.
C'est donc à vivre plus intensément, plus profondément, creusé par la conscience de sa propre finitude qu'invite, toujours, la poésie.
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