Avec le soutien de l’administration pénitentiaire, dix détenus de Fleury-Mérogis se transforment en jurés littéraires
Avec impertinence et humour, L'Enlèvement des Sabines démonte la mécanique des rapports de force et opère une libération, aux confins du meurtre et de la folie.
Pour son pot de départ, Sabine reçoit une sex doll. Stupéfaite, la jeune femme rentre chez elle accompagnée de sa poupée aux seins démesurés et au visage figé de manga. Un renversement s'opère face à cette étrange colocataire convoitée et confortablement installée.
D'un naturel effacé, Sabine se confie et pas à pas s'impose dans le jeu mortifère de son couple avec Hans - un metteur en scène mondialement connu pour ses spectacles ultra réalistes, encensé par toute la critique qui veut y lire une dénonciation de la violence.
Pourtant en coulisse sévit un monstre féroce protégé par son charme, son succès et son aura de créateur génial.
Avec le soutien de l’administration pénitentiaire, dix détenus de Fleury-Mérogis se transforment en jurés littéraires
"L'enlèvement des Sabines" paraît le 11 janvier aux éditions Héloïse d'Ormesson. Tentez de gagner votre exemplaire !
Histoire originale, style et forme du texte aussi. J'ai adoré.
Je vais être honnête, ce livre ne m’a ni déplu ni plu. Il restera dans ma mémoire comme un ovni littéraire somme toute agréable à lire et complètement déjanté qui m’a laissé, à la fin, un peu pantoise, ne sachant pas où j’avais atterri ni par quel chemin j’étais passée !
J’ai adhéré à la plume de l’autrice et à la construction un peu décousue du roman. Les chapitres s’enchaînent et alternent entre les monologues assez cocasses de la mère de Sabine, l’héroïne, des dialogues très bruts et mordants et les pensées et confidences de Sabine sur son passé, sa relation aux autres et à la vie en général.
Sabine, vous avez envie de l’aimer et en même temps de la secouer. Fille tyrannisée par sa mère qui lui préfère sa sœur, femme rabaissée par son metteur en scène de mari, enterrée dans une vie de couple qui n' plus d'âme, elle s’ennuie au travail et finit par le quitter pour écrire de la poésie. Comme cadeau de départ, ses collègues lui ont offert un cadeau : une poupée plus vraie que nature. Une poupée pour les grandes personnes…enfin, surtout pour les grands messieurs si vous voyez ce que je veux dire…avec une peau soyeuse, un visage plus vrai que nature, un nombril, une télécommande pour actionner la main… (pour plus d’informations tapez « poupée gonflable Japon » dans Google, vous comprendrez véritablement de quoi je parle…)
Et elle se retrouve avec sa deuxième Sabine sur les bras. Après avoir voulu la revendre, elle va finalement en prendre soin, la protéger de la violence des hommes, de leur désir, de leur emprise comme elle va vouloir s’en protéger également. Sabine se confie à Sabine, elle lui raconte, elle s’expose, elle a confiance en cette poupée qui l’écoute, ne la juge pas. La prise de conscience se fait, doucement mais sûrement. Et Sabine explose, finit par se révéler et se libérer.
Je remercie lecteurs.com de m'avoir permis de découvrir ce roman.
Un récit à la forme très originale: dialogue théâtraux, messages de répondeurs et récit à la première personne s'entremêlent pour évoquer un couple à la dérive, celui de Hans et Sabine.
Le sujet et la modernité du texte m'ont beaucoup plu mais j'avoue avoir eu du mal à accrocher à l'histoire tant le tout est fragmenté.
Allégorie fantastique de la femme objet , Sabine cherche la limite entre l'appartenance du corps et le don de soi. Ce roman nous provoque et nous bouscule. Puis persiste cette petite voix entêtante qui ne nous quitte plus: "ce corps: à qui? pour qui? pour quoi?"
Moderne, sociétale et oui disons le: féministe !
Il était une fois Sabine. Quadragénaire plutôt timide, plutôt effacée, plutôt soumise. Soumise à une mère abominable, mal-aimante, despotique, insupportable… Soumise à un conjoint dont le pseudo génie artistique est supposé légitimer la tyrannie qu’il impose autour de lui.
Sabine a un rêve : écrire de la poésie, et vivre de sa plume. Prenant son courage à deux mains, elle démissionne de l’emploi qu’elle occupait depuis…trop longtemps. Lors de la traditionnelle cérémonie d’au-revoir, celle où chaque employé partant reçoit le traditionnel ficus (ailleurs, c’est aussi le bonzaï, j’en suis témoin ), elle découvre avec stupeur que ses collègues lui ont offert … une sex-doll ! (prénommée Sabine : eh oui, ils ont un humour fou chez Gutenberg)
« Une poupée aussi grande qu’elle, une cicatrice de varicelle en relief sous le nez, le bleu des yeux scintillant de fièvre … »
Elle, "la fille à ours", va se prendre peu à peu au jeu, voir en ce double en élastomère thermoplastique cette alliée dont elle a toujours manqué. Commence alors entre Sabine et Sabine un face-à-face étonnant. Les carences enfantines vont remonter à la surface. Les souvenirs aussi. Et les non-dits. C’est un peu comme si la Sabine de chair et d’os naissait à nouveau à sous le regard de celle dont on peut changer les yeux. Elle, si en retrait face à une sœur-préférée et à une matriarche ancien mannequin, va se révéler à elle-même. Elle va renoncer à la vente initialement envisagée de cette étrange invitée , faisant d'elle une confidente, nouant avec elle des dialogues dont le lecteur saura saisir toute la saveur, et tout l’effroi.
« Tu ne peux pas t’imaginer comme la violence a le sommeil léger. Elle dort juste sous la peau des hommes, un rien la réveille. J’ai reçu des réponses à ma petite annonce. Des dizaines, avec des fautes d’orthographe comme de l’acné sur un front d’adolescent. On me demande si tu es vierge, si ta matière est assez résistante pour supporter les coups de poing… »
Emilie de Turckheim a une fois encore trempé sa plume dans l’encrier d’un univers décalé, nécessairement dérangeant (oui, il faut faire bouger les consciences !). Elle dénonce avec ce style si particulier la violence, celle de la société, celle faite aux femmes. Elle libère la parole. Elle incise, et son scalpel est le sarcasme : celui qui provoque, subversif, atypique, aussi léger que fort, cynique, et tellement, tellement essentiel dans ce monde ! La liberté et la libération (des carcans sociétaux entre autres) sont des thèmes chers à cette autrice que j’aime autant que sa maison d’édition, les Editions Héloïse d'Ormesson. Il fallait oser les aborder comme elle l'a fait dans « L’Enlèvement des Sabines ». Brillamment !
Lien : http://www.livresselitteraire.com/2018/02/lenlevement-des-sabines-emilie-de-turckheim.html
La peau n’est plus aussi ferme. Poupée vieillissante. Aspiration nouvelle. Et pourquoi pas la poésie ?
Poupée discrète, polie, lisse prend son courage à deux mains et quitte son job.
Cette poupée humaine se nomme Sabine. Elle a la quarantaine. Elle voit parfois des mouches.
Pour la remercier de ses bons et loyaux services ses chers collègues lui offrent non pas le traditionnel ficus mais une sex doll. Jolie poupée en élastomère thermoplastique. A la peau douce. Multifonction.
Petite fortune made in France, possède même une petite cicatrice et une tâche de naissance. La cerise sur le gâteau ? La poupée à la plastique de rêve s’appelle Sabine, également.
Voilà donc le cadeau parfait pour une femme sans enfant, qui pourra s’imaginer avoir une ado à la maison. Jouer à la poupée. Elle en reste bouche bée. Incapable de refuser.
Sabine part donc avec Sabine sous le bras. Paraît que les sex doll au Japon ça marche plutôt bien, mais ici en France ça dérange, ça écœure même. Surtout dans le RER quand tous les autres passagers, sentant le vent tourné, ont quitté la voiture. Sabine reçoit, tétanisée, les insultes et regarde sa poupée, cette petite allumeuse en plastique, subir crachats et attouchements.
Mais Hans, son compagnon, relativisera « rien ne sait passer », « des jeunes qui font des blagues dans un train, c’est pas la fin du monde ». Ah oui le compagnon est formidable !
Contre toute attente, Sabine va trouver une sorte de réconfort par la présence de Sabine, elle va lui parler, lui raconter sa vie. Cette mère envahissante, qui a une conception particulière de l’amour. Ce compagnon, célèbre metteur en scène mais surtout homme tyrannique fasciné par la violence. Des révélations d’un mal-être bien ancré.
Sabine, objet de moquerie. Sabine, objet de mépris. Sabine, objet de désir. Sabine, objet de folie. Mais de quelle Sabine est-il vraiment question ?
Dans ce roman original, audacieux voire arrogant par son histoire un peu tirée par les cheveux – bien que l’actualité tend à nous dire le contraire puisqu’une maison close de poupées a visiblement ouvert à Paris – Emilie de Turckheim offre également à son lecteur un grain de folie par sa construction où elle alterne avec brio différentes formes littéraires pour y glisser toute l’ironie dont elle sait faire preuve. Des dialogues ou encore de longues complaintes maternelle laissées sur le répondeur nous amènent à prendre toute la mesure de la vie que subit plus que ne vit Sabine.
Elle se sert de cela pour aborder de nombreuses thématiques d’actualité à commencer par la place de la femme dans la société, le harcèlement dont on ne cesse d’entendre parler depuis des mois. A partir de quand peut-on considérer qu’il y a harcèlement ? Jusqu’où cela doit-il aller ? En lisant les lignes de Sabine, d’Emilie, j’ai senti la colère gronder en moi. Je ne suis pas féministe mais quand même il y a tant de batailles à mener. Encore plus lorsqu’il s’agit de harcèlement psychologique et d’humiliation.
Mais l'auteure ne s’arrête pas là, c’est la féminité, le rapport au corps qui est mis en lumière à travers le désir, le regard de soi et de l’autre, la violence aussi.
Tout cela superbement relevé par un titre plus qu’évocateur puisque L’Enlèvement des Sabines fait référence à ce mythe historique bien connu de la Rome Antique.
Ces vastes sujets pourtant périlleux ont fonctionné à merveille sur moi car Emilie de Turckheim les aborde avec une juste dose de légèreté, de piquant et de sarcasme, un équilibre parfait, une fin exquise, qui parvient à éveiller les consciences sans tomber dans le féminisme.
http://www.leslecturesdumouton.com/archives/2018/02/27/36153832.html
Sabine a la petite quarantaine et nous pouvons dire que sa vie est loin d’être un fleuve tranquille. Elle est harcelée sans cesse au téléphone par sa mère, son mari est très dur envers elle, elle est atteinte de myodésopsie (mouches devant les yeux). Le jour où elle décide de quitter son travail pour faire de la poésie, on atteint le pompon. Lors du pot de départ, elle reçoit en cadeau une sex doll, une poupée gonflable grandeur nature d’un très grand réalisme. Ironie du sort, elle s’appelle aussi Sabine. Elle s’apprête à la revendre, humiliée par ce cadeau d’un très mauvais goût (et d’une méchanceté certaine) et n’en voyant pas l’utilité. Et puis, finalement, elle se met à lui parler tous les jours, à lui prendre son bain, à lui confier ses sentiments…
Emilie de Turckheim offre un roman aux formes variées, mêlant récit linéaire, interviews, chapitres sous forme de scènes de théâtre. L’ensemble est méchamment drôle, assez violent par moment. Le rythme est soutenu au point qu’on ne lâche pas le livre. Mais, sous ces aspects décalés, absurdes, fantaisistes, il y a un sacré fond. La Sabine de chair et de sang semble à première vue subir les violences de toute part avec une très grande passivité. J’ai d’ailleurs eu envie par moment de la secouer pour la faire réagir face à l’ignominie de son entourage. Pourtant, en réfléchissant bien, elle n’est pas qu’une simple « poupée » qu’on malmène comme on veut. Elle n’entre pas dans le système même si elle le subit. Elle est finalement plus libre qu’on ne le croit, moins sensible aux critiques et à ce monde de fou qui l’entoure. Elle n’écoute pas sa mère (qui se venge en laissant des messages sur son répondeur), n’hésite pas à dire ce qu’elle veut à la sex doll alors qu’elle sait qu’elle est filmée par son mari, choisit d’abandonner le monde de l’entreprise pour un idéal. Comme elle le dit elle-même, elle a toujours été une « fille à ours », pas une fille à poupées, elle n’entre pas dans les cases. Elle joue un rôle comme au théâtre (d’où ces échos à cet art dans la forme) qui finit certes par lui faire perdre les pédales dans ce monde où les relations professionnelles et personnelles sont d’un profond cynisme mais où elle reste fidèle à ses valeurs. Et quand la pièce se termine en tragédie grecque, la vengeance et la liberté reçoivent les applaudissements. Rideau.
Voilà un livre qui décoiffe ! C'est la première fois que je lis Émilie de Turckheim, et je ne suis franchement pas déçue ! J'ai lu ce livre en une bouchée tant j'ai été happée par son rythme, sa construction, son intrigue. Entre dialogues de théâtre, messages laissés sur des répondeurs ou monologue à une poupée presque humaine, L'enlèvement des Sabines est un délicieux ovni littéraire. Faisant référence à l'évènement relaté par Tite-Live durant lequel des hommes ont volé des femmes à leurs voisins, le roman nous livre, avec une note d'absurde, une puissante réflexion féministe sur le rapport au corps de la femme, la violence de l'Homme et l'identité : celle dont on hérite et celle que l'on se construit au fil de sa vie. Tout ça à partir... d'une poupée à taille humaine que reçoit Sabine lors de son pot de départ. L'imaginaire débordant et la plume délicieusement dérangeante d'Émilie de Turckheim m'ont totalement envoûtée.
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