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M. Gérard séduit les femmes. Pourtant, il ne sort déjà presque plus de chez lui quand le narrateur, son voisin, un enfant d'un quartier pauvre de Port-au-Prince, se découvre une fascination pour cette figure mystérieuse, au savoir-vivre exquis et au rare bon goût. Cet ancien professeur congédié d'une école pour jeunes filles l'initie à Baudelaire, Keats et Wagner.
Les ragots fusent. Pour le Pr. Désir, il aurait aimé une belle jeune femme, ou il aurait été épris de la mère d'une élève, à moins qu'il ne soit impuissant. Selon le Dr Hyppolite, un homme l'aurait giflé dans un bar, sans que lui, digne, ne réplique. Tout est énigmatique chez cet homme qui semble vivre dans le malheur. Qu'en est-il réellement de son mystère et de son charme ?
Nous l'apprendrons en suivant le regard du narrateur, cet enfant sensible et intelligent, dans cette nouvelle écrite de main de maître.
Il faut peu de mots à Dany Laferrière pour nous plonger au cœur d’un quartier pauvre de Port-au-Prince. Nous y sommes, sur cette place du marché avec ces jeunes paysannes, ces maisons un peu délabrées, ces voisins à leurs fenêtres. Nous entendons les cris et les ragots de toutes sortes et nous imaginons bien la chambre retirée, plongée dans l’obscurité, de l’énigmatique Monsieur Gérard.
Le jeune garçon, le narrateur, est en admiration devant ce professeur qui l’initie à la poésie, à la musique, à tout ce qu’il peut lui transmettre sans sortir de sa chambre. C’est un enfant curieux, observateur, qui préfère essayer de comprendre le monde qui l’entoure plutôt qu’aller jouer avec des gamins de son âge. Il étouffe, seul avec sa mère, et se lance en catimini à la recherche des secrets du professeur.
Tout se passe pendant la triste époque des Duvalier et leurs sinistres Tontons Macoutes. J’imagine que Dany Laferrière a mis un peu de lui dans ce jeune garçon en manque de référence paternel.
Le dernier texte de Dany Laferrière est très court, beaucoup trop court. Je ne me lasse pas de son écriture ciselée et j’aurais bien aimé rester plus longtemps à Haïti.
https://ffloladilettante.wordpress.com/2022/07/08/lenfant-qui-regarde-de-dany-laferriere/
Ce mois dernier, Dany Laferrière a signé un très court ouvrage aux éditions Grasset quelques mois après Sur la route avec Bashô qui était agrémenté de nombreuses illustrations de l’auteur. Ici, pas de haïkus ni de pensées à l’horizon mais une prose bien ficelée.
Monsieur Gérard est un homme mystérieux et mutique mais adulé des jeunes filles comme des femmes mures. Il apprend au narrateur, son petit voisin, les sonorités subtiles de Wagner dans la pénombre de sa chambre. L’enfant des quartiers pauvres de Port-au-Prince est fasciné par cet ancien professeur d’une école pour jeunes filles mais il est le fruit de nombreuses rumeurs. On raconte qu’il se serait épris d’une femme mariée. L’idylle serait arrivée aux oreilles de son époux et ce dernier l’aurait giflé. Monsieur Gérard sortirait très peu de chez lui depuis ce jour. Qu’en est-il réellement ?
Difficile de ne pas créer un pont entre le narrateur de cette nouvelle et celui de L’Odeur du café (Zulma) paru en 1991. Ils ont en commun cette figure juvénile qui s’y dresse de toute son innocente espièglerie pour percer à jour les secrets bien entretenus des adultes. En revanche, pas d’autobiographie assumée ici, juste l’illustration d’une étape de vie dans l’espace-temps haïtien que Dany Laferrière esquisse au cœur des quartiers pauvres de son pays.
Court mais intense, L’enfant qui regarde narre la puissance des questionnements enfantins, la figure tutélaire de l’adulte que l’on ne peut que respecter et les premiers émois face aux drames qui marquent l’existence et les souvenirs. La relation qu’entretiennent le narrateur et Monsieur Gérard a ce goût de l’unique dans laquelle Wagner trouve parfaitement sa place comme figure de transmission entre ancienne et jeune génération. La musique ouvre un champ de l’intemporel qui rassemble les esprits mais éclaire les failles émotionnelles que l’enfant, perspicace par son inexpérience, saisit immédiatement.
La nouvelle s’inscrit dans les faits banals du quotidien, comme bien souvent avec l’auteur canado-haïtien. Point de récit invraisemblable, juste un évènement de vie comme un autre qui porte un certain charme mais qui manque peut-être de ce que l’on aime réellement chez Dany Laferrière : cette connexion avec son espace dans les descriptions textuelles qui donnent à ses romans cette indéfinissable impression d’y être.
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