"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
A Paris, dans un hôpital de jour, une thérapeute tente de guider un jeune psychotique sur le chemin d'un fragile épanouissement dans l'art et d'extériorisation de ses démons.
A Paris, dans un hôpital de jour, Véronique, une analyste, prend en charge Orion, un jeune adolescent gravement perturbé. Malgré ses difficultés, elle discerne qu'il est doué d'une imagination puissante et entreprend de l'orienter vers le dessin et la sculpture. Les chemins de l'art et ceux de la vie quotidienne sont semés d'incertitudes et d'échecs, mais dans ses "dictées d'angoisse", Orion parvient à s'ouvrir à la parole et à mettre en mots ce qui le hante : la peur d'un démon de Paris, qui le rayonnise et le bazardifie. Au fil des années et suivant des voies inusitées, l'oeuvre l'oeuvre intérieure et l'oeuvre - d'art - apparaît et s'affirme. Le délire, la confusion, les surprenants effets de l'art en actes, la patience des déliants qui partagent les efforts du "peuple du désastre" (les handicapés), le mystère indicible de la souffrance que combat l'opiniâtre espérance, tels sont les thèmes de ce livre où Henry Bauchau a versé beaucoup de son expérience de la psychose et de l'analyse pour atteindre, au-delà du vécu, à la vie du roman. Il y poursuit un dialogue entrepris de longue date avec l'imaginaire, l'angoisse, la folie et le réenchantement du monde. Sous le signe de l'espoir, la présence fugitive de "l'enfant bleu" éclaire Orion et Véronique sur un chemin de compassion.
« L’enfant bleu », c’est l’histoire d’une rencontre. Une rencontre fondamentale, fondatrice, qui change à jamais la vie des personnes dont les trajectoires se croisent et se rejoignent, pour un jour ou pour toujours.
En l’occurrence, la rencontre est celle entre Véronique, psychanalyste que la vie n’a pas épargnée, nouvellement engagée dans un hôpital de jour à Paris, et Orion, adolescent psychotique de 13 ans.
Gravement perturbé, Orion souffre d’un retard de développement et est sujet à des crises d’angoisse et de violence que l’équipe soignante a bien du mal à gérer. Véronique comprend vite qu’elle est le dernier espoir d’Orion, à deux doigts d’être exclu de l’hôpital. Elle le prend en charge presque exclusivement, et découvre bientôt qu’il a un don pour le dessin. Elle l’encourage à exprimer ses peurs par ce biais, et l’orientera plus tard vers la peinture et la sculpture. A force de patience, de persévérance, de confiance, entre progrès, échecs, avancées et régressions, elle parviendra à guider Orion hors de son labyrinthe mental, à apaiser ses démons et à l’ouvrir à lui-même, aux autres, au monde. De transfert en contre-transfert, Véronique se pose aussi beaucoup de questions sur son travail et la ligne floue entre professionnalisme et surinvestissement dans la relation thérapeutique, sur l’impossible étanchéité entre vie privée et professionnelle, sur l’impact de cette thérapie sur ses propres blessures.
« L’enfant bleu » nous emmène au cœur de la souffrance littéralement indicible du « peuple du désastre » (celui des handicapés, des inadaptés, selon l’expression de l’auteur), tout au long d’un chemin de compassion et de résilience.
Pour ce roman, Henry Bauchau s’est inspiré de son expérience professionnelle et sa longue relation thérapeutique avec Lionel (voir « Lionel. L’enfant bleu d’Henry Bauchau »).
L’écriture est très factuelle, très réaliste, la lecture est rapide, même si parfois elle est un peu laborieuse en raison du retard de langage d’Orion, retranscrit tel quel, et un brin fastidieuse dans ses descriptions des dessins et peintures.
Mais ce livre est terriblement émouvant, tant on y ressent tour à tour la douleur, la confusion, l’incertitude, la fragilité, le découragement, mais aussi l’espoir, les éclats de joie pure, les éblouissements déclenchés par l’art et la musique, le pouvoir de l’empathie et l’importance de l’humanité.
#LisezVousLeBelge
C'est superbe tant par le thème que par l'écriture beaucoup de rêve, de finesse et d'élégance.
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