Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
« L’enfant bleu », c’est l’histoire d’une rencontre. Une rencontre fondamentale, fondatrice, qui change à jamais la vie des personnes dont les trajectoires se croisent et se rejoignent, pour un jour ou pour toujours.
En l’occurrence, la rencontre est celle entre Véronique, psychanalyste que la vie n’a pas épargnée, nouvellement engagée dans un hôpital de jour à Paris, et Orion, adolescent psychotique de 13 ans.
Gravement perturbé, Orion souffre d’un retard de développement et est sujet à des crises d’angoisse et de violence que l’équipe soignante a bien du mal à gérer. Véronique comprend vite qu’elle est le dernier espoir d’Orion, à deux doigts d’être exclu de l’hôpital. Elle le prend en charge presque exclusivement, et découvre bientôt qu’il a un don pour le dessin. Elle l’encourage à exprimer ses peurs par ce biais, et l’orientera plus tard vers la peinture et la sculpture. A force de patience, de persévérance, de confiance, entre progrès, échecs, avancées et régressions, elle parviendra à guider Orion hors de son labyrinthe mental, à apaiser ses démons et à l’ouvrir à lui-même, aux autres, au monde. De transfert en contre-transfert, Véronique se pose aussi beaucoup de questions sur son travail et la ligne floue entre professionnalisme et surinvestissement dans la relation thérapeutique, sur l’impossible étanchéité entre vie privée et professionnelle, sur l’impact de cette thérapie sur ses propres blessures.
« L’enfant bleu » nous emmène au cœur de la souffrance littéralement indicible du « peuple du désastre » (celui des handicapés, des inadaptés, selon l’expression de l’auteur), tout au long d’un chemin de compassion et de résilience.
Pour ce roman, Henry Bauchau s’est inspiré de son expérience professionnelle et sa longue relation thérapeutique avec Lionel (voir « Lionel. L’enfant bleu d’Henry Bauchau »).
L’écriture est très factuelle, très réaliste, la lecture est rapide, même si parfois elle est un peu laborieuse en raison du retard de langage d’Orion, retranscrit tel quel, et un brin fastidieuse dans ses descriptions des dessins et peintures.
Mais ce livre est terriblement émouvant, tant on y ressent tour à tour la douleur, la confusion, l’incertitude, la fragilité, le découragement, mais aussi l’espoir, les éclats de joie pure, les éblouissements déclenchés par l’art et la musique, le pouvoir de l’empathie et l’importance de l’humanité.
#LisezVousLeBelge
Dans le sang la lionne à honorer
un chant ancien parcourt le clan
l’alezane majestueuse trotte
dans les nuages les cendres dispersées
au champs hommage à la nuit de lutte
rééquilibre les vivants
les ancêtres sont des lions l’écume en gage
un faucon avec grâce transperce d’amour
l’homme de justice
de mesure en plongeon la lune dit oui
et des poings de faire passer la rage de corps à peau
l’ancêtre et l’enfant
en cendres
les faucons
envolés
et puis l’union à travers griffes
scellent la suite
A la mort de son père, le roi aveugle Œdipe, Antigone rentre à Thèbes. Après avoir marché dix ans durant avec son père sur les chemins de Grèce, elle doit retourner dans sa ville natale. Sa ville maudite, puisque ses deux frères jumeaux, Etéocle et Polynice, s’en disputent le trône, et que l’affrontement mortel se rapproche inexorablement. Etéocle occupe le pouvoir, mais Polynice, le traître banni, marche sur la ville avec une armée. La guerre menace, Antigone le sait, et veut tout faire pour empêcher ses frères tant aimés de s’entretuer. Elle sait aussi qu’elle va échouer, mais elle n’a pas le choix, en tant que sœur il lui est impossible de prendre parti pour l’un d’eux ou de les laisser se déchirer, son destin lui commande de s’interposer.
Fraîchement accueillie à son retour à Thèbes, elle y trouve néanmoins sa place, s’occupe de soigner et nourrir les miséreux de la ville. Elle tente une médiation entre ses deux frères, en vain. La guerre est là, les frères ennemis se livrent une lutte sans merci dont aucun ne réchappe. Etéocle a droit à tous les honneurs lors de ses funérailles, tandis que le cadavre de Polynice est laissé aux vautours hors les murs de la ville. Créon, leur oncle et désormais roi de Thèbes, a décrété que le traître ne méritait pas de sépulture, et que celui qui tenterait de l’enterrer serait condamné à mort. A nouveau, le devoir et le destin d’Antigone l’appellent ; elle parvient à jeter quelques poignées de terre sur le corps de Polynice, avant d’être arrêtée. Elle s’en justifie devant Créon : « Je ne refuse pas les lois de la cité, ce sont des lois pour les vivants, elles ne peuvent s’imposer aux morts. Pour ceux-ci il existe une autre loi qui est inscrite dans le corps des femmes. Tous nos corps, ceux des vivants et ceux des morts, sont nés un jour d’une femme, ils ont été portés, soignés et chéris par elle. Une intime certitude assure aux femmes que ces corps, lorsque la vie les quitte, ont droit aux honneurs funèbres et à entrer à la fois dans l’oubli et dans l’infini respect. Nous savons cela, nous le savons sans que nul ne l’enseigne ou l’ordonne ». Elle n’attend aucune clémence, aucun secours, elle refuse que ses amis se révoltent contre Créon et que le sang soit versé en son nom, son destin doit s’accomplir.
A l’école, j’avais dû lire l’Antigone de Jean Anouilh quand j’avais 15-16 ans, et cette héroïne au tempérament entier, intègre, idéaliste, qui voulait tout, tout de suite, m’avait alors bouleversée, subjuguée. Avec le roman de Bauchau, le coup de cœur est moins fulgurant, mais tout de même, quel personnage. Et puis la forme du roman, plus longue que celle d’une pièce de théâtre, permet de pousser davantage l’analyse psychologique des protagonistes, et il faut avouer que le mythe d’Œdipe et de sa descendance est un aubaine pour le psychanalyste qu’était Henry Bauchau. Il y a la question fascinante de la gémellité, avec le brillant Polynice, préféré de sa mère Jocaste, et Etéocle, l’éternel complexé, qui n’existe et ne se construit que dans sa rivalité avec son frère. Et Antigone, vouée dès sa naissance à se sacrifier pour les autres sans jamais pouvoir vivre sa propre vie ni tenir compte de ses désirs, d’aimer ou d’avoir des enfants. Infiniment, terriblement seule malgré tout l’amour de sa famille, de ses fidèles amis, de ses soupirants à qui elle s’empêche de céder, parce qu’une force supérieure l’appelle. Et puis il y a le Destin, celui qui s’accomplira quoi qu’on fasse pour le détourner de son cours.
Il y a l’amour et la haine, les deux faces d’une même médaille, indissolublement liées, et qui conduiront Antigone à la mort. Il y a aussi l’opposition homme/femme, l’individuel et le collectif, la politique et le sacré, la filiation et la maternité, l’amour et le renoncement, la force et la fragilité d’une femme. Antigone l’héroïque est amour, passion, désespoir, désirs, féminité, regrets, révolte, impuissance, résignation. Elle porte sa souffrance et celle des autres et son horreur de la guerre, un poids bien trop lourd pour elle, qu’elle dépose dans un dernier cri de rage, avant le silence du tombeau.
L’Antigone de Bauchau est un texte très (parfois trop) lyrique et un peu long. Mais, parsemé de belles fulgurances et de moments poignants, entre noirceur et lumière, il est l’écho d’un cri qu’on entend encore bien après avoir refermé le livre, et le portrait d’un personnage inoubliable.
J'ai eu le plaisir de retrouver la plume vivace de Henry Bauchau, précise et ciselée, qui va droit à l'essentiel. J'ai adoré retrouver des personnages de caractère, comme Diotime, une jeune femme pleine de vie et de courage, qui s'affirme dans le milieu masculin de la chasse et du combat. Sa vivacité d'esprit et son énergie nous la rende sympathique. Proche de son grand-père et de son père, avec qui elle partage le goût pour les mystères, les légendes du clan et pour la chasse, les grandes chevauchées à travers la brousse ou la forêt, elle n'en reste pas moins proche de sa mère et de sa soeur avec lesquelles elle partage un quotidien paisible, fait de chants, de travaux d'aiguilles et de promenades dans les jardins.
J'ai beaucoup apprécié également le côté onirique du récit, ce combat annuel féroce avec les lions, ancêtres du clan de Cambyse, le grand-père de Diotime. Les moments de fête qui s'ensuivent sont également savoureux, avec leur mélange de danse, de désir et de sauvagerie : on y rencontre une Diotime ardente, consciente de son pouvoir de séduction sur les hommes du clan.
Ce petit texte, de 65 pages à peine, est très riche de symboles et d'émotion. Mais (parce qu'il y a quand même un mais…) il m'a manqué des pages pour y prendre vraiment plaisir. Même si le texte est fort, il est trop court pour s'y plonger entièrement : on a déjà tourné la dernière page que l'on commence tout juste à s'attacher à Diotime. C'est dommage. Mais ces quelques pages m'ont redonnées envie de découvrir d'autres écrits d'Henry Bauchau. Mais il va me falloir attendre.
http://itzamna-librairie.blogspot.com/2020/04/diotime-et-les-lions-henry-bauchau.html
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