"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un soir, Benoît Lauzanne, représentant de commerce parisien, quitte le domicile conjugal pour ne plus y revenir. Au buffet de la gare de V., la ville de province où il s'est réfugié, il est bouleversé par une femme dont la silhouette lui rappelle de façon troublante Irina, une artiste peintre qui fut le grand amour de sa jeunesse. Mais Irina a disparu vingt ans plus tôt sans laisser de traces. Dès lors, Lauzanne n'aura plus qu'une obsession : retrouver cette femme. Sa quête l'amènera à croiser un jardin, à renouer avec la nature, à laquelle il aurait voulu consacrer à sa vie, mais aussi à être impliqué dans une enquête criminelle. Les étapes qui jalonnent la recherche d'Irina le conduiront à revivre différents épisodes du passé qu'il a pourtant tenté de laisser derrière lui, mais dont il reste le prisonnier.
L'Eau qui dort interroge la question de la disparition, au sens littéral, et de ses conséquences, dans la vie de ceux qui restent. Pourquoi choisit-on, un beau jour, de déserter sa propre existence ? Et comment les autres composent-il avec cette absence ? Le livre est aussi une méditation sur la nature, son rythme particulier, sa capacité de réparation et le pouvoir qu'elle a de contrebalancer les chagrins de l'existence.
Benoît est à un carrefour de sa vie, il s'ennuie dans une vie monotone auprès d'une épouse aigrie qu'il n'aime plus. Littéralement, il subit son quotidien, alors quand sa femme le soupçonne d'aller voir ailleurs suite à un herpès il prend le large et coupe toute communication. Il fait le mort et trouve refuge dans une chambre d'hôtel à V où il a un rendez-vous professionnel plusieurs jours plus tard.
Hasard ou coïncidence à cette occasion il va croiser le chemin de son premier amour qui l'avait abandonné du jour au lendemain sans aucune explication vingt ans plus tôt. Malheureusement elle va lui échapper. Il va alors se lancer dans une quête pour la retrouver et obtenir enfin les réponses aux questions qui l'ont hanté jusqu'à présent.
Benoît réussira-t-il à la retrouver? Obtiendra-t-il les réponses à ces questions? Cela lui permettra-t-il d'accéder au bonheur qui semble lui avoir été refusé au cours de sa vie?
Hélène Gestern choisit pour ce roman un narrateur déboussolé qui trouvera refuge dans le jardin d'une belle propriété familiale mais qui sera résolument aux prises avec d'anciens démons qui seront dévoilés par petites touches, tout en finesse, en même temps que le processus d'acceptation progressera.
On retrouve ainsi avec plaisir la plume de l'auteure qui peint avec beaucoup de finesse les contradictions humaines en nous permettant d'accéder aux réflexions intimes de ce personnage qui se réveille d'une trop longue léthargie et qui semble désormais vouloir devenir acteur de sa vie à un âge où malgré les apparences il n'est jamais trop tard.
"L'eau qui dort" est le 3ème roman d'Hélène Gestern que je lis après "Un vertige" et "Eux sur la photo". Je suis tombée en amour littéraire de l'écriture de cet auteur.
Représentant de commerce, Benoît Lauzanne, las de sa vie, de sa femme, de son travail quitte tout et part en province, dans une ville où il croit reconnaître Irina, son grand amour de jeunesse, disparue vingt ans plus tôt sans laisser de traces. Sa recherche va tourner à l'obsession. Il reste sur place et trouve un travail dans un jardin où il croit trouver la paix mais un meurtre va faire voler en éclat ce calme et cette sérénité fragiles.
On retrouve dans ce roman des thèmes chers à Hélène Gestern mais avec deux nouveautés : les personnages sont pris dans une enquête policière et le narrateur est un homme.
Elle reprend trois thèmes importants de « Eux sur la photo » et de « Un vertige » : la disparition inexpliquée d'un être cher, le poids du passé et des secrets dans la construction de soi et la séparation amoureuse. La disparition d'Irina a laissé une blessure béante chez Benoît qui a ressenti douleur, incompréhension, culpabilité, colère, amertume ; toute cette gamme de sentiments est exprimée par Benoît avec pudeur mais l'émotion face à cet homme perdu est bien là. le poids du passé et de ses non-dits pèse sur le destin de Benoît mais aussi d'Irina qui se détruit physiquement et moralement quand elle découvre que sa vie est fondée sur un mensonge concernant ses origines. Comme Hélène, dans « Eux sur la photo », Irina et Benoît ne peuvent avancer dans la vie et construire leur futur que s'ils sont en paix avec leur passé. Enfin, la séparation amoureuse, superbement décrite dans « Un vertige » et son maelstrom émotionnel, est également présente ici : Benoît en a vécu trois : Irina, son grand amour de jeunesse dont il a subi le départ inexpliqué, Marianne, son grand amour de la maturité, qu'il perd par lâcheté et Sabine, sa femme, qui n'est qu'un choix par défaut et qu'il rend terriblement malheureuse.
Nouveau dans ce roman, c'est l'enquête policière et sans que « L'eau qui dort » soit un roman policier car le meurtre et l'enquête qui en découlent sont prétexte à découvrir qui est réellement chaque personnage, la trame policière crée un suspens maintenu jusqu'au bout. Parallèlement à cette enquête policière, voire grâce à elle, Benoît mène une enquête intérieure, intime sur les raisons qui l'ont poussé à quitter sa femme, son travail.
Nouveau également, le narrateur est un homme qui fuit sa vie, par lâcheté. Il est devenu représentant de commerce par défaut alors qu'il voulait devenir horticulteur, il a épousé Sabine sans passion, il quitte Sabine comme il a été quitté par Irina, sans aucune explication. Au début du roman, on ressent du mépris pour cet homme qui n'affronte pas les difficultés, puis au fur et à mesure, alors qu'il rentre en lui-même pour comprendre et qu'il s'avoue sa lâcheté, on se surprend à se rapprocher de Benoît, à ressentir ses tourments.
La nature est, quant à elle, un personnage à part entière ; elle accueille, protège, permet de se retrouver mais elle peut aussi être oppressante ; Hélène Gestern n'idéalise pas la nature mais elle en fait un élément décisif dans la vie des protagonistes.
L'auteur a ce don magnifique de nous rendre les personnages attachants, proches et le décor vivant ; on pourrait presque voir les couleurs du jardin et en humer les parfums.
Bref, vous l'aurez compris, ce roman m'a beaucoup touchée, il m'a accrochée avec son intrigue policière bien construite. Un vrai coup de coeur et il va sans dire que j'attends déjà le prochain opus d'Hélène Gestern avec impatience et que je vais me mettre en quête de ses romans que je n'ai pas encore découverts.
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