"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Stupeur et dégrisement à Saint-Vincent-des-Vignes, village niché au coeur du Beaujolais. On a découvert le cadavre d'un homme égorgé au sommet du mont Brouilly avec autour de lui des objets de rituel satanique fichés en terre.
Le maire, car il s'agit de lui, Joseph Marzot, ne fêtera donc pas le premier jus tiré des cuves.
Non loin, dans le superbe manoir de l'Ardières, Archibald Sirauton - le bien nommé -, ancien juge d'instruction, aujourd'hui premier adjoint au maire et viticulteur heureux, décide de mener une enquête parallèle à celle de la police. en compagnie de joyeux drilles.
D'autant que nombre de rumeurs et racontars pimentent l'affaire, car, comme disent les Vincenvignoblois : « La malédiction était sur lui. Joseph n'aurait pas dû acheter le Vignoble du Diable. »
Belle surprise que ce polar estampillé Terres de France. Il allie le sang des victimes à celui de la vigne, et même si le Beaujolais n'est pas ma région viticole favorite, disons que je ne la connais pas beaucoup, je suis plutôt sud-ouest (Madiran, ah un bon Madiran, ou un Irouléguy !) mais si un ou des viticulteurs passant par ici se trouvent fort dépourvus par ma méconnaissance de leur vignoble, je suis tout à fait prêt à recevoir et goûter de bonnes bouteilles (dans ce cas, je lâche très volontiers mes coordonnées), et promis, je reviendrai ici donner mes impressions de buveur (avec modération, évidemment). Par la même occasion, si d'autres vignerons d'autres régions veulent également faire partager leur travail, je ne suis pas sectaire, je goûterai tout avec grand plaisir (sur la droite de l'article cliquez sur "contact"). Bon, après cette parenthèse que j'espère fructueuse, revenons à nos raisins beaujolais. L'intrigue est assez alambiquée pour tenir jusqu'au bout, même si certains aspects sont très prévisibles. La belle surprise vient surtout du plaisir évident qu'a pris Philippe Bouin à écrire ce bouquin et celui qu'on prend à le lire : langage léger, décontracté, pas coincé ni du bulbe ni d'ailleurs ; un français fleuri mâtiné de patois beaujolais (glossaire en fin de volume dont on a à peine besoin, en fait, je ne l'ai pas consulté). Ajoutez à cela de belles réparties dans les dialogues, des jeux de mots, des blagues potaches :
"- Aïe, aïe, aïe... Poussin n'est pas un poulet, c'est un courtisan.
- On le sait tous, monsieur Sirauton, et j'ai peur qu'il s'en tienne à la version sectaire, plus médiatique que la trompe-couillon.
- Je le crains aussi. Poussin noierait son poisson rouge pour passer à la télé." (p.64)
De beaux personnages, hauts-en-couleurs et en premier Archi, ex-juge costard-cravate-cheveu-court, devenu vigneron barbu-chevelu-baba-cool, sans oublier Bougonne la gouvernante du manoir et Tirbouchon, le chien doté d'un sens de l'observation peu commun et à qui colle parfaitement l'expression "Il ne lui manque que la parole" : il nous fait d'ailleurs les honneurs de la visite du manoir dès les premières pages. Alouette, travesti qui arpente les routes du village au volant de son camping-car bénéficie d'un portrait dont je ne peux raisonnablement vous priver :
"Coffrée comme un blockhaus, la tignasse babélienne, Alouette était du genre dodu. Des tonnes de rimmel couvraient ses yeux porcins. Des surcouches de poudre masquaient ses traits épais. Côtés fringues, les habitués des rues chaudes en voyaient peu de si professionnelles. Avec ses cuissardes dartagnesques, ses bas résille et son chemisier léopard, la consciencieuse respectait la tradition." (p.217/218)
Je ne connaissais pas du tout Philippe Bouin, qui, ai-je appris a déjà écrit plusieurs romans policiers dont des enquêtes menées par Sœur Blandine et Dieudonné Danglet ; comme eux, je ne doute pas un instant qu'Archi revienne pour de nouvelles aventures joyeuses et policières.
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