"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Salie vit en France. Son frère, Madické, rêve de l'y rejoindre et compte sur elle. Mais comment lui expliquer la face cachée de l'immigration, lui qui voit la France comme une terre promise où réussissentles footballeurs sénégalais, où vont se réfugier ceux qui, comme Sankèle, fuient un destin tragique ? Les relations entre Madické et Salie nous dévoilent l'inconfortable situation des « venus de France », écrasés par les attentes démesurées de ceux qui sont restés au pays et confrontés à la difficulté d'être l'autre partout. Distillant leurre et espoir, Le Ventre de l'Atlantique charrie entre l'Europe et l'Afrique des destins contrastés. Car, même si la souffrance de ceux qui restent est indicible, il s'agit de partir, voguer, libre comme une alguede l'Atlantique.
Ce premier roman, sans concession, est servi par une écriture pleine de souffleet d'humour.
Entre la France et le Sénégal, il y a l’Atlantique, qui charrie d’une rive à l’autre les rêves d’Eldorado des uns, et les regrets, la honte ou la nostalgie des autres.
Dans le sens sud-nord, Madické, comme beaucoup de jeunes hommes de son âge, se voit en future vedette du ballon rond arpentant les stades de France, et compte sur sa sœur Salie, installée à Strasbourg depuis plusieurs années, pour le faire venir sur cette Terre Promise. Une ambition légitime, claire et nette, et une conviction absolue que l’avenir est en Europe.
Dans le sens nord-sud, la situation est beaucoup plus complexe pour Salie qui, comme beaucoup d’émigrés, vit chichement, solitaire, et voudrait convaincre son frère que la France n’est pas le paradis qu’il s’imagine : « Pour Madické, vivre dans un pays développé représentait en soi un avantage démesuré que j’avais par rapport à lui, lui qui profitait de sa famille et du soleil sous les tropiques. Comment aurais-je pu lui faire comprendre la solitude de l’exil, mon combat pour la survie et l’état d’alerte permanent où me gardaient mes études ? N’étais-je pas la feignante qui avait choisi l’éden européen et qui jouait à l’éternelle écolière à un âge où la plupart de mes camarades d’enfance cultivaient leur lopin de terre et nourrissaient leur progéniture ? Absente et inutile à leur quotidien, à quoi pouvais-je servir, sinon à leur transvaser, de temps en temps, un peu de ce nectar qu’ils supposaient étancher ma soif en France ». Peine perdue, le nectar est amer pour Salie et la légende est entretenue par les exilés qui rentrent au pays en étalant leur fortune de pacotille, autant de poudre d’or jetée aux yeux de ceux qui ne demandent qu’à les croire. Tout, plutôt qu’avouer la précarité économique, voire administrative, vécue en France, et le temps fou mis pour économiser le prix du billet d’avion et celui des innombrables cadeaux à ramener obligatoirement au pays, sous peine de se faire traiter de radin, d’égoïste ou d’individualiste.
« Le ventre de l’Atlantique » montre donc l’océan d’incompréhension qui advient entre ceux qui partent et ceux qui restent, ceux qui échouent en exil sans oser l’avouer ou même rentrer au pays, et ceux du pays, impatients de partir, persuadés de réussir dans cet Ailleurs où l’herbe (surtout celle des terrains de foot) est nécessairement plus verte.
Roman de l’amère réalité de l’émigration, « Le ventre de l’Atlantique » est aussi le roman de la nostalgie du déracinement et de l’impossible retour au « comme avant » : « Irrésistible, l’envie de remonter à la source, car il est rassurant de penser que la vie reste plus facile à saisir là où elle enfonce ses racines. Pourtant, revenir équivaut pour moi à partir. Je vais chez moi comme on va à l’étranger, car je suis devenue l’autre pour ceux que je continue à appeler les miens. Je ne sais plus quel sens donner à l’effervescence que suscite mon arrivée. Ces gens qui s’attroupent autour de moi viennent-ils fêter une des leurs, me soutirer quelques billets, s’instruire sur l’ailleurs qui les intrigue, ou sont-ils simplement là pour observer et juger la bête curieuse que je suis peut-être devenue à leurs yeux ? »
Dans son premier roman (autobiographique), Fatou Diome n’épargne ni l’Occident, qui exploite les travailleurs migrants, ni l’Afrique, qui ne fait rien pour faire évoluer les esprits et améliorer le sort des plus précarisés : « Faites émigrer de vos têtes certaines habitudes bien ancrées qui vous chevillent à un mode de vie révolu. La polygamie, la profusion d’enfants, tout cela constitue le terreau fertile du sous-développement. Nul besoin de faire des mathématiques supérieures pour comprendre que plus il y a de gens, moins grande sera la part de pain à partager ».
Un roman à l’écriture fleurie et chatoyante, ample et lucide, mais dans lequel l’espoir de trouver le chemin de la liberté reste permis.
Salie est écrivain, elle est sénégalaise et vit en France à Strasbourg. Son frère, idole de Maldini, footballeur italien, est resté au Sénégal. Son rêve est de rejoindre sa sœur en France afin d'intégrer une équipe de foot.
Ce roman va donc porter sur la vision que les africains peuvent avoir de la France, vision bien éloignée de la réalité déclaration vie des Sénégalais vivant en France.
Il y est aussi question de l'importance des traditions, des coutumes et donc de ce que l'on peut dire quand on a eu la chance de pouvoir s'exiler en Europe.
Ce roman traitera aussi du positionnement de ces immigrés : plus vraiment chez eux dans leur pays d'origine et pas non plus vraiment dans le pays d'accueil.. alors quid de l'intégration surtout dans un époque rongée par un mal être ambiant.
A découvrir
Dans ce premier roman très prometteur, Fatou Diome insufflait beaucoup de sa propre histoire à son héroïne, Salie, jeune sénégalaise émigrée à Strasbourg parce qu’elle n'avait pas trouvé sa place dans son village et pourvue d'un talent, l'écriture. Son jeune frère, Madické, passionné de foot, voit dans le ballon rond la possibilité d'un avenir radieux en Europe, un avenir au pays de l'opulence, où l'argent coule à profusion et où tout est facile. Et Salie a toutes les peines du monde à tenter de l'en dissuader...
Ce texte, très pédagogique, tente "d'expliquer l'Afrique" aux cartésiens occidentaux que nous sommes, et décrypte le miroir aux alouettes que représente pour les sénégalais un pays comme la France. Parallèlement, Fatou Diome met aussi le doigt sur la difficulté à faire admettre aux Sénégalais que la France n'est pas le paradis qu'elle semble être, vue des tropiques.
On dévore ce texte, bercé par une langue fleurie, sans complaisance, et pleine d'humour.
Ce livre ne m'a pas emballé ! L'histoire concerne le football (ce qui ne me plait pas forcément). Il n'y a pas de rebondissement, mais il explique juste comment en Afrique tout les jeunes portent leurs espoirs sur le foot. Pour les fans de sport je vous invite à le lire.
très touchant
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