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Un vieux criminel de guerre et sa fille dînent dans une auberge au milieu des Dolomites et se retrouvent à la table voisine de celle du narrateur, qui travaille sur une de ses traductions du yiddish. En deux récits juxtaposés, comme les deux tables de ce restaurant de montagne, Erri De Luca évoque son amour pour la langue et la littérature yiddish, puis, par la voix de la femme, l'existence d'un homme sans remords, qui considère que son seul tort est d'avoir perdu la guerre.
Le tort du soldat est un livre aussi bref que percutant qui nous offre un angle inédit pour réfléchir à la mémoire si complexe des grandes tragédies du XXe siècle.
Il y a celui qui aiment une langue pour ce qu’elle représente au-delà de ce qu’elle est. Il y en a un autre qui s’en sert pour tenter d’expliquer l’inexplicable.
Le premier narrateur est reconnu pour ses traductions yiddish, vous savez cette langue parlée par onze millions de juifs d’Europe de l’Est et « rendue muette par leur destruction ». Une façon pour lui de leur rendre hommage « Une langue n’est pas morte si un seul homme au monde peut encore l’agiter entre son palais et ses dents, la lire, la marmonner, l’accompagner sur un instrument à cordes ».
Le second, par la voix de sa fille, est un ancien criminel de guerre nazi. Après la guerre, comme beaucoup, il fuira en Amérique du Sud. La traque des anciens nazis et l’enlèvement d’Eichmann le convaincront de rejoindre l’Europe et de revenir à Vienne. Dans sa nouvelle vie d’homme discret, le hasard l’amène à découvrir un livre présenté comme détenant le secret du peuple juif. Il n’aura alors de cesse de chercher dans la kabbale juive une explication à l’échec du nazisme.
Ces trois protagonistes se retrouvent dans une auberge des Dolomites. Le premier est silencieux, le second se sent pourchassé et la dernière semble avoir reconnu celui qui lui a appris à nager et dont elle ressent encore le contact des doigts dans son dos (quel récit ! À vous donner des frissons).
En moins de quatre-vingt dix pages, Erri De Luca parvient une fois encore à instiller une atmosphère particulière, où la montagne (et la mer dans une moindre mesure) oblige à être soi-même, vrai. Ce texte à la fois profond, puissant et poétique, revient sur cette tragédie du XX° siècle, ses victimes, ses bourreaux. Et c’est magnifique !
Comment vit on quand on a été criminel de guerre ? c'est ce que nous raconte Erri de Lucca dans ce court roman, sans jugement sans interprétation juste, les faits, la vie qui continue, ce que l'on crée, invente ou dissimule pour continuer à avancer et à protéger ceux que l'on aime.
C'est tout simplement beau, fluide poétique et magnifiquement écrit comme d'habitude avec Erri de Luca.
Un roman fort comme tous les livres d'Erri De Luca qui amène à réfléchir justement sur la question suivante, Un soldat doit-il réfléchir et en a -t-il le droit ? le tout soutenu par une belle écriture et un portrait de femme meurtrie bouleversant ...
Quel étrange petit roman. Petit parce que court, 87 pages. Mais grand par le contenu.
Un homme, traducteur, traduit le yiddish par amour de cette langue.
L’autre, ancien nazi, lit la kabbale pour comprendre quel a été le tort des siens pour avoir été vaincus.
C’est un livre singulier. Le début m’a semblé un peu étrange, mais on entre vite dans l’histoire pour vite réaliser que c’est aussi un livre intense..
Avec beaucoup de sensibilité et de délicatesse, de belles phrases poétiques, des réflexions profondes, Erri de Luca nous plonge encore une fois dans un univers connu mais qu’il sait rendre particulier.
Tout cela mériterait une relecture.
La (brève) rencontre entre un criminel de guerre nazi peu tourmenté par ses remords mais obligé de se cacher, et un écrivain étudiant le yiddish. Cette rencontre provoquera chez le criminel de guerre la peur irrépressible d'être retrouvé par ses poursuivants.
A travers une approche du yiddish, du judaïsme et de la Kabbale, Erri de Luca évoque également la difficile position des enfants de criminels et du poids qu'ils ont a porter...
Certainement pas le meilleur d'Erri de Luca, malgré ses 88 pages, j'ai réussi à m'ennuyer...
http://www.leslecturesdumouton.com/archives/2016/01/09/33184594.html
Lui, est italien. Bouleversé après s'être rendu à Auschwitz et Birkenau, il apprend la langue yiddish « parlée par onze millions de Juifs d'Europe de l'Est et rendue muette par leur destruction ».
Elle, apprend à vingt ans que son grand-père est en réalité son père et qu'il est un ancien criminel de guerre nazi, réfugié un temps en Argentine avant de revenir en Autriche.
Lui veut redonner vie au yiddish pour rendre hommage aux victimes. Le père d'Elle utilise la kabbale, la valeur numérique des lettres hébraïques pour comprendre la défaite nazie : « il croyait son obsession justifiée : la kabbale était le noyau ignoré du nazisme ».
Tout les sépare et pourtant un jour dans une auberge, le destin les réunit : est-ce d'ailleurs la première fois qu'ils se rencontrent ?
Un court récit sur deux mondes que tout oppose et réunit à la fois, sur l'héritage de la Shoah, la vie après-guerre des criminels nazis. Le tout est servi par une très belle écriture.
Deux voix, deux récits pour une même histoire.
Dans un restaurant des Dolomites où il a ses habitudes, le premier narrateur travaille sur les traductions d’un texte en yiddish, langue qu’il a apprise pour rendre hommage aux victimes de la Shoah.
A la table voisine s’installent un criminel de guerre et sa fille.
C’est cette dernière qui prend la parole dans la seconde partie du roman pour nous raconter l’histoire de son père, un homme sans remord, pour qui le seul tort est d’avoir perdu la guerre.
Un livre bref, comme toujours chez De Luca, mais un livre poignant qui fait réfléchir sur les grandes tragédies et sur la notion de culpabilité.
Un texte bien différent des deux livres que je connais de cet auteur : « le poids du papillon » et « les poissons ne ferment pas les yeux », mais une fois de plus, ce fut un merveilleux moment de lecture.
Dans ce nouveau et court récit dont Erri De Luca a le secret, la narration se partage entre l'auteur qui vient s'asseoir à la table d'une auberge et une jeune femme Allemande assise à la table d'à côté. Le premier va passer le relais à la seconde et l'introduction très personnelle d'Erri De Luca va laisser place à une histoire étrange où se mêlent paternité, crime contre l'humanité et Kabbale.
Beaucoup de sensibilité et d'intelligence dans ce récit qui se lit avec le grand plaisir de celui qui écoute.
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