"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Comment ne pas être touché par l'histoire de Gel, cette machine toute-puissante qui voudrait devenir un homme ? Gel est contrôleur du Nord, c'est une intelligence artificielle qui oeuvre à la reconstruction d'une Terre sur laquelle ne subsiste plus aucun être humain vivant. Mais Gel a un hobby : l'homme ! Il étudie les vestiges de l'humanité disparue, découvre l'existence des livres, du cinéma, de l'art, etc. si bien qu'il se met à désirer devenir lui-même humain, et ce à n'importe quel prix...
Au fil de la quête de Gel, ce Faust de métal tenté par l'impossible, Roger Zelazny explore à sa manière ce qui fait le propre de l'humain et proclame en quelque sorte par avance la défaite des prétentions à la numérisation du cerveau humain et autres lubies des Folamour de la Silicon Valley.
Dans un futur où l'humanité a complètement disparu, il ne reste plus que des robots avec des robots décideurs et des robots exécuteurs. Les robots se souviennent des tâches à accomplir et surtout qu’ils doivent prendre soin de la Terre pour qu'elle soit habitable et vivable pour l’humanité. La règle numéro 1 est donc de prendre soin de tout ce qui ressemble de près ou de loin à un être humain. Globalement, les narrateurs sont donc des robots qui fonctionnent en suivant les lois de la robotique et parmi ces robots il y en a un qui cherche à en savoir plus sur les êtres humains. Commence alors une quête pour comprendre qu'est-ce que c'était d’être un humain. Comment fonctionnaient-ils ? Un robot peut-il vraiment les comprendre ?
Le style est particulièrement déroutant : ce sont des robots et le style est à l’avenant froid. Découvrir un monde qui fonctionne en autonomie, sans être humain pour diriger un peu l’ensemble ni même sans animaux voire sans rien de biologiquement vivant permet une énorme réflexion sur notre fonctionnement et sur ce qu’est effectivement l’humanité.
Le.a lecteur.ice va réfléchir en même temps que le robot, découvrir et tester différentes hypothèses, voir si elles fonctionnent ou non… C’est d'une finesse d'analyse et d'une finesse d'écriture vraiment dingue. C’était une nouvelle très intéressante bien que déconcertante et malaisante. Ce texte met à mal tout ce qu'on a l'habitude de considérer comme acquis. C’est vraiment une expérience cognitive et une expérience de lecture vraiment chouette.
Nouvelle de SF publiée en 1966, ce texte se déroule dans un futur lointain (enfin, on espère), à une époque où il ne subsiste plus sur Terre que des intelligences artificielles, programmées pour reconstruire la planète. Créées par l’Homme à une époque où l’humanité existait encore, ces IA sont autonomes, obéissent à leur programme, dialoguent entre elles et sont structurées en une hiérarchie bien établie et immuable. Automates, leur comportement obéit à la seule logique.
Jusqu’au jour où l’une de ces IA, Gel (« la plus belle, la plus puissante, la plus difficile à comprendre des créations de Solcom », Solcom étant lui-même une IA), tente de comprendre ce qu’est un être humain. Bien que ses collègues IA lui aient dit que « l’homme possédait une nature fondamentalement incompréhensible », dont les perceptions sont organiques, contrairement à celles d’une machine, aussi sophistiquée et complexe soit-elle, Gel s’obstine et rassemble un maximum de données parmi les vestiges de l’humanité éparpillés à travers le monde. Avant de lancer un pari : devenir lui-même un humain.
A travers cette quête improbable (?), l’auteur explore la question de savoir ce qui fait le propre de l’Homme, à une époque où l’on commençait précisément à développer les IA, et où certains étaient convaincus « qu’elles seront bientôt assez intelligentes pour bouleverser les notions mêmes de conscience et d’intelligence humaines », et où d’autres s’inquiétaient déjà du « risque d’une aliénation sans retour de l’humanité à ses œuvres » (cf la postface de l’édition chez Le Passager Clandestin).
Un texte simple, fluide, touchant même par l’obstination de Gel, qui ouvre sur le débat infini de l’essence humaine. Mais l’infinitude n’est-elle pas le propre de l’Humain ?
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