"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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Comme le laisse supposer le titre : Le tango de la Vieille Garde, c’est cette danse qui tient la vedette pour une bonne partie du roman qui devient de plus en plus addictif avec un suspense réussi.
En fait, c’est Max Costa le héros du livre. Cet Argentin qui a grandi dans les faubourgs de Buenos Aires, est un danseur mondain, un fameux danseur de tango qui séduit toutes les femmes, ou presque.
Arturo Pérez-Reverte, dans ce roman, me fait découvrir une société qui m’est complètement étrangère. Ces gens baignent dans le luxe, vivent dans les meilleurs hôtels et méprisent le personnel, celui qui est aux petits soins et consacre toute son énergie pour leur faciliter la vie. Il y a bien quelques pourboires mais…
En 1928, Armando de Troye (43 ans) se rend à Buenos-Aires, avec son épouse, la belle Mecha Inzunza, pour y composer un tango qui lui permettrait d’éclipser le fameux Boléro de Ravel.
Nous sommes donc sur le Cap Polonio, un transatlantique. C’est là que se produit la rencontre électrique entre Mecha et Max qui lui fait danser le tango, danse qui devient vite sensuelle et érotique.
En parallèle, l’auteur me fait retrouver le fameux Max, à 64 ans. Il est chauffeur du docteur Hugentobler qui a fait fortune en soignant les riches juifs traumatisés par les camps. Nous sommes à Sorrente, Italie, de l’autre côté de la baie de Naples, avec le Vésuve en toile de fond. Max profite du départ de son patron pour aller vivre dans le grand luxe des hôtels de Sorrente. Là, il reconnaît une femme…
Amour, tango, échecs, services secrets, ce roman est dense, surtout dans sa seconde partie qui permet de connaître davantage le fameux Max. Celui-ci, à Buenos Aires, avait accepté de piloter de Troye et son épouse dans les quartiers populaires où il a grandi. Là, le musicien s’était encanaillé et surtout, avait découvert les origines du tango dont l’auteur détaille l’évolution. C’est le fameux Tango de la Vieille Garde.
Comme je l’ai signalé, l’autre pôle d’attraction du roman s’attache aux échecs puisque, à Sorrente, le jeune Jorge Keller affronte le champion russe, Sokolov. Arturo Pérez-Reverte, comme pour le tango, s’est minutieusement documenté et en fait profiter ses lecteurs sans toutefois les noyer dans trop de technique.
Entre Buenos Aires et Sorrente, prend place l’épisode niçois, en 1937. Max a 29 ans. Il est marqué par son passé de soldat, passé qu’il a tenté d’oublier en tant que danseur mondain. À ce moment-là, le monde est en ébullition. Les nazis prospèrent en Allemagne. Mussolini a mis l’Italie à sa botte… et Franco met l’Espagne à feu et à sang pour renverser le gouvernement républicain démocratiquement élu.
Voilà un minimum pour situer ce roman et cadrer ses principaux personnages. Arturo Pérez-Reverte utilise souvent des mots en français que François Maspero, le traducteur, fait ressortir en italiques. Les descriptions très sensuelles peuvent aller jusqu’à un érotisme torride, fort compréhensible, vu les relations entre les deux principaux personnages. Caractères et tenues sont parfaitement décrits. Cela donne une excellente étude psychologique de chacun et de très pertinentes réflexions sur la vie même ; le luxe dans lequel évoluent les protagonistes est souvent indécent.
Je note aussi un grand talent d’écriture pour mener dialogues et sous-entendus, laisser planer des menaces sourdes, des implications politiques révélatrices pour chaque époque. Le passage habile du dialogue direct au style indirect rend les discussions très vivantes.
Enfin, je suis ému au final par cette tendresse énorme ressentie au moment où Mecha et Max tentent de faire le bilan de leur amour ; lui le voleur, elle la grande dame à qui rien ne manque, ont réussi à m’emmener au bout d’une histoire folle, une histoire qui m’a tenu en haleine jusqu’au bout.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/03/arturo-perez-reverte-le-tango-de-la-vieille-garde.html
Etrange sentiment ! Je pose le livre, le voyage est terminé. Il a été magnifique, palpitant, enthousiasmant et le retour sur terre est douloureux !
Comme dit Max le héros « la vie est brève, un peu d’amour, un peu de rêve et puis bonjour ».
Arturo Perez-Reverte tresse l’histoire de Max l’ex-légionnaire devenu danseur mondain-cambrioleur et Mecha (« si belle que s’éloigner d’elle supposait une douleur presque physique…durant des milliers d’années des hommes avaient guerroyé, incendié des villes et tué pour obtenir des femmes comme [elle]) » se croisant brièvement à trois époques et dans trois lieux différents.
Entre 1928 à Buenos Aires où tout commence par un tango (« si tu peux faire un boléro lui ai-je dit [à Ravel], je peux bien faire un tango ») et 1966 sur la baie de Naples pour un tournoi d’échecs (« mais oui, les échecs c’est ça : l’art du mensonge, de l’assassinat et de la guerre ») en passant par Nice en 1937 pour une affaire d’espionnage («vous débarquez trop tard dans une fête condamnée à mourir…il y a un orage en train de se former…qui balaiera tout ») les deux héros ne se frôleront qu’à trois reprises.
Paquebot de croisière de luxe, cabarets louches des quartiers mal famés de Buenos Aires, palaces de la riviera française, de Naples et de Capri assurent les décors. Malfrats, musiciens célèbres, espions italiens, franquistes, républicains et soviétiques, grands maîtres des échecs et leurs assistants composent une très riche galerie de portraits ; on croise même, à l’occasion, Errol Flynn. (pour les plus jeunes, le premier Robin des bois de l’histoire du cinéma).
On parle de désir (« la seule tentation sérieuse est la Femme »), peut-être (ou pas) d’amour (« c’est agréable d’être heureux…et de le savoir quand on l’est »), de trahison (« combien sont fragiles les liens qui maintiennent…loin de la trahison et du mensonge »), du refus de choisir son camp (« ça doit être apaisant de prétendre être sincère avec tous, sans prendre parti, et ensuite de dormir à poings fermés » ) et de liberté (« l’unique liberté possible est l’indifférence »).
En écoutant les vieux tangos d’avant Carlos Gardel et les tubes des années soixante de Rita Pavone et Patty Pravo dont l’auteur émaille son récit, on s’immerge un peu plus et un peu mieux dans les pas de Mecha et Max; et quand celui-ci déclare « je ne suis pas Cary Grant…dans la vie réelle il n’y a pas de happy end » et qu’elle répond « Idiot. Tu étais mille fois plus séduisant » on comprend qu’on est dans une variation brillante sur « la Main au collet d’Hitchcock » et qu’elle pourrait être Grace Kelly.
Une très belle aventure signée par un très grand auteur !
ce lit facilement, nous plongeons dans l'univers du tango au Brésil mais aussi dans le monde des échecs en faisant un petit tour dans l'Histoire..
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