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En réalisant des recherches sur sa région d'origine, la Bretagne, Stéphanie Trouillard, journaliste à France 24, spécialiste de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, découvre une photo d'une déportée du Morbihan, Marie-Louise Moru, dite Lisette. Un cliché pris à Auschwitz sur lequel la jeune femme, étonnamment souriante, semble défier ses bourreaux.
Comment peut-on sourire dans une telle situation ? Qui est cette femme ? L'enquête de Stéphanie Trouillard révèlera son passé de résistante et l'histoire de sa ville Port-Louis.
(Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024)
Sans artifices ni rebondissements spectaculaires, cet album parvient à captiver en racontant de façon très factuelle le travail journalistique de Stéphanie Trouillard pour reconstituer le parcours de Lisette Moru. On suit le déroulement de ses recherches étape par étape, et on découvre avec elle le destin évidemment tragique, mais malheureusement tristement banal de cette jeune résistante. La mise en images de Renan Coquin est tout aussi efficace, pour un album simple et émouvant qui honore la mémoire de cette femme qui a su sourire au nez de ses bourreaux.
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Il y a de nombreux récits sur la 2eme Guerre Mondiale, et c'est plus que légitime, tant cette période est emplie d'ignominie et inspire le dégoût. Le devoir de mémoire est capital. Je n'ai pas vécu la guerre, né en '75, et je suis bien heureux que ces actions nauséabondes nous soient rappelées.
Mes filles au collège sont également sensibilisées (plus que moi dans les années 80/90), au travers de rencontres avec des témoins de cette période, des voyages de mémoire sur Auschwitz...
Cet album contribue à la prise de conscience. Et il le fait bien.
Sa lecture est tout en progression, j'ai basculé d'une démarche d'intérêt pour cette recherche dans les archives nationales, à la tristesse pour ce qu'ont traversé ces deux jeunes bretons (Lisette et Louis), tristesse qui s'est finalement muée en plus fortes émotions. Par alternance, j'ai pleuré, j'ai eu la gerbe (je ne sais pas trouver d'autre terme plus élégant...) et j'ai ressenti une grande fierté pour les actes de courage et de résistance passive, l'Espoir d'une bascule imminente (?) de cette Guerre atroce.
A plusieurs reprises, je me suis interrogé sur les anonymes du camp nazi. Comment est on recruté pour conduire un train de déportation ? Comment peut on se lever tous les matins avec la perspective de tondre en masse des individus nus (cheveux, pubis) ? Comment peut on accepter d'entasser quiconque dans des conditions aussi inhumaines, les mener aux pieds des cheminées ?... Des actions pas si anodines, pourtant.
Je ne juge pas un peuple, la situation n'est sûrement pas binaire et au même titre qu'il y a eu des collabos en France (je n'aurais pas souscrit au péril de la mort, mais ne c'est tellement facile à dire aujourd'hui...), il y a sûrement eu des contestataires en Allemagne. Je n'ai jamais lu de récits centrés sur le regard des oppresseurs. Je me demande s'il y en a qui tentent d'expliquer. Je vais faire mes recherches...
L'an passé, dans le cadre du Prix BD Orange Lecteurs.com 2023, j'avais été percuté par "la Disparition de Joseph Mengele", par "Derrière le rideau" ou par "Ginette Kolinka : récit d'une rescapée d'Auschwitz Birkenau". Cette année, j'appelle de tous mes voeux pour que cet album pré-sélectionné soit retenu comme un digne représentant du Prix 2024.
Merci aux auteurs, Stéphanie Trouillard (journaliste France24, une vraie chaîne d'info) et Renan Coquin (dont les dessins et les couleurs portent bien les émotions du récit), aux Éditions "Des ronds dans l'O" (Éditeurs de l'album d'Aurore D'Hondt l'an passé), ainsi qu'au site Lecteurs.com de m'avoir fait découvrir cet album en PDF.
La lecture papier doit être encore plus puissante. Je n'ai pas eu le temps de poursuivre sur le QR Code fourni en fin d'album, mais j'y reviendrai sûrement.
Pour terminer, les photos d'époque (avant guerre) de Lisette et de Louis entourés de leur famille, dans des contextes hors guerre, mises en annexe de l'album démultiplient les émotions.
Cet album rend hommage à Louise dite Lisette Moru, résistante bretonne et à son ami Louis Séché morts tous deux dans les camps de concentration. C’est un devoir de mémoire que de raconter leur histoire.
Lors d’une de ses conférences sur « La résistance dans le Morbihan », Stéphanie Trouillard va s’intéresser aux femmes dans la résistance de cette même région et va tomber par hasard sur un article concernant Louise Moru et ses trois photos d’elle souriante prises à son entrée à Auschwitz. Elle va alors mener l’enquête et nous livrer son histoire
Sous l’occupation de Port Louis, la vie était dure et les gens manquaient de tout, Lisette ne supportait pas de voir les allemands. Elle a alors commencé à résister en portant une croix de Lorraine sous son col de veste et à dessiner des V de la victoire sur les murs , elle distribuait des tracts anti allemands avec ses amis, surveillait leurs allées et venues puis est devenue agente de liaison . Apprenant qu’un avion anglais est tombé à Gâvres, elle part avec trois amis, dont Louis, afin de fleurir clandestinement la tombe des aviateurs. Au retour avec Louis ils voient sur la plage de Port Louis un groupe d’allemands s’amuser avec des françaises . Louis décide de noter le nom de ces femmes pour plus tard. Lisette se confie à une amie qui travaille avec elle à la conserverie. En décembre 1942 ils sont dénoncés et quelques jours plus tard sont convoqués à la kommandantur de Lorient puis emprisonnés à la maison d’arrêt de Vannes avant d’être dirigés vers le Fort de Romainville où ils vont y rester un mois. Après un passage rapide par le camps de Royallieu, ils sont dirigés vers le convoi qui mènera Louis au camp de Sachsenhausen près de Berlin tandis que Lisette ira en Pologne au camps d’Auschwitz Birkenau le 23 janvier 1943. Atteinte de dysenterie, elle meurt quelques semaines après son arrivée à l’âge de dix-sept ans et demi. Quant à Louis, à Sachsenhausen , fin février 1943, il est envoyé dans un kommando de travail chez Heinkel qui est une pièce maîtresse dans ce gigantesque effort de guerre. L’usine est spécialisée dans le montage de bombardiers. 20 000 travailleurs déportés y travaillent à des cadences infernales avec à peine de quoi se nourrir. Au printemps 1945, après un tabassage en règle, il entre au « revier » (baraquement des malades) et on perd sa trace !
Les trois femmes qui les dénoncèrent passèrent en procès devant la cour de justice de Renne en septembre 1945 pour avoir entretenu des relations avec des agents allemands. La camarade de Lisette à la conserverie fût innocentée tandis que la mère de cette dernière et sa collègue furent reconnues coupables et condamnées à des peines de prison et à la dégradation nationale.
Après l’enquête de Stéphanie Trouillard, une plaque des six résistants de Port Louis, fusillés ou morts en déportation , dont Lisette et Louis, fut apposée aux côtés de celle des patriotes bretons fusillés par les allemands et dont les 69 corps furent retrouvés dans un charnier à la libération.
Au fil de l’avancée de l’enquête de Stéphanie Trouillard et de ses découvertes, défilent sous nos yeux les pans de l’histoire de Lisette et Louis. Grâce à cet album, nous découvrons une nouvelle figure féminine qui résista à l’occupant .
« Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024. Je remercie Lecteurs.com ainsi que les Editions Des ronds dans l’O pour cet envoi. »
Qui est cette jeune femme qui sourit sur ces clichés d'identification pris en 1943 à son arrivée à Auschwitz ? Que cache ce geste de bravoure, ce regard de défi ? Stéphanie Trouillard, qui découvre ces portraits au hasard de ses recherches, n'a plus qu'une envie: comprendre et connaître cette jeune fille, retracer son parcours.
Pour découvrir qui était Marie-Louise dite Lisette Moru, Stéphanie Trouillard va mener l'enquête, depuis Port-Louis dans le Morbihan, jusqu'à Auschwitz en passant par Romainville. Après "Si je reviens un jour" (et d'autres), la journaliste de France 24 revient nous raconter ces anonymes oubliés de la Seconde guerre mondiale. On suit pas à pas ses recherches et c'est encore passionnant, touchant, utile.
Une mémoire reconstituée et mise en images par Renan Coquin qui réalise là son premier album. Son dessin accompagne l'enquête mais a aussi la lourde tâche de raconter la vie dans les camps d'Auschwitz pour Lisette et Sachsenhausen pour Louis, son ami arrêté en même temps qu'elle.
Ce bel album est complété en épilogue par un album photos très émouvant. Je ne peux que vous conseiller le webdoc réalisé par Stéphanie Trouillard pour France 24 (QR code en story) en complément de cet album qui vient ajouter sa pierre au devoir de mémoire dans lequel la BD joue pleinement son rôle !
J’ai découvert le travail de Stéphanie Trouillard à la lecture de “Si je reviens un jour, Les lettres retrouvées de Louise Pikovski”, un album dessiné par Thibaut Lambert.
Ce récit était publié chez des Ronds dans l’O, dans une collection judicieusement nommée “Les témoins racontent l’Histoire”.
En effet le travail de cette journaliste de France 24 consiste en effet à retracer des parcours de vies brisés par et pendant la Seconde Guerre mondiale.
C’est ainsi, qu’en découvrant la photo de Marie-Louise Moru, Stéphanie Trouillard décide d’enquêter sur cette jeune femme qui sourit. Mais pourquoi un tel sourire peut sembler étonnant et donner lieu à une enquête ? Parce que celle que l'on surnommait Lisette a été prise en photo en arrivant à Auschwitz.
Vêtue de la tenue rayée, elle fut photographiée de profil, de face, et de trois quart face, sans se départir de son sourire. Comment ne pas être intrigués par un tel défi lancé à l’horreur ? Qui était donc cette très jeune femme ?
Pour cela, Stéphanie Trouillard est allée effectuer ses recherches à Port-Louis, dans la Morbihan, la commune dont la jeune résistante était originaire. Car voilà un début d’explication, Lisette était effectivement une résistante.
La journaliste est donc allée à la rencontre de personnes qui, sur place, ont pu lui donner des informations et ainsi lui révéler la terrible vérité. Lisette a été dénoncée, ainsi que son ami Louis Louis Séché, pour avoir fleuri une tombe du cimetière de sa ville. Dénoncés pour sentiments anti-allemands par des personnes qu’ils connaissaient.
Tous deux furent convoqués à la kommandantur locale et ne sont jamais rentrés chez eux.
Ces recherches ont d’abord fait l’objet d’un webdocumentaire sur France 24 auquel vous pouvez accéder librement. Avec ce formidable travail, et maintenant grâce à cette adaptation graphique dessinée par Renan Coquin, Marie-Louise Moru retrouve une autre existence, qui elle ne sera pas brisée.
Cet album permet, d'une très belle manière, de faire revivre celle, qui comme Louise Pikovski n’est pas revenue un jour.
Parce que le silence est pire que tout, il faut continuer à parler et à raconter l’indicible.
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