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Londres, 1893. Clare Tracy, jeune journaliste en quête de renommée, affronte en vain depuis des semaines le brouillard londonien : ni sa présence aux séances de spiritisme du médium Eunyce, ni sa participation â une réunion anarchiste, ni même sa rencontre avec le célèbre écrivain Oscar Wilde ne lui ont permis de déterrer les secrets inavouables de la société victorienne.
Quand son nouvel ami, le restaurateur de tableaux Walter Slade, lui parle de l'étrange attitude du célèbre peintre Adrian Fitzherbert, qui vit reclus dans son manoir du Kent, elle espère enfin tenir le sujet de l'article fracassant qui lui permettrait d'asseoir sa carrière. Sans imaginer qu'elle vient de mettre le doigt dans un engrenage infernal, où de chasseur elle pourrait bien devenir proie...
Depuis qu’elle a quitté la ferme familiale pour se faire une place à Londres, Clare Tracy se bat contre la misogynie, voire le mépris de ceux qui pensent qu’une femme serait mieux à la maison à s’occuper de son mari plutôt que d’imaginer être journaliste. Elle travaille donc à la pige et rêve d’avoir sa propre rubrique dans l’Illustrated London News malgré le rédacteur en chef qui préfèrerait se débarrasser de cette jeune effrontée, intrépide et engagée.
Quand il lui pose un ultimatum -un article exceptionnel ou la porte-, Clare se jette à corps perdu dans la recherche du sujet qui lancera sa carrière. Mais l’année 1893 semble bien morne. Les sujets abondent mais n’ont rien d’original. Le spiritisme a déjà été traité, les anarchistes semblent peu dangereux et sa rencontre avec le célèbre Oscar Wilde n’a rien de bien excitant.
Et si le salut venait de son nouvel ami Walter Slade ? Quand il lui parle de Sir Adrian Fitzherbert, un peintre du Kent pour lequel il travaille, sa curiosité est titillée. L’artiste vivrait reclus dans son manoir labyrinthique, communiquant avec ses domestiques par écrit et craignant les visites nocturnes de son père pourtant décédé. Un homme entouré de mystère et peut-être un article pour la jeune journaliste en mal de reconnaissance…
Que diriez-vous d’une promenade entre Londres et le Kent dans l’Angleterre victorienne ?
C’est ce que nous propose Béatrice Nicodème dans ce roman pétillant où l’on suit quelques personnages emblématiques de l’époque, du gamin pickpocket à la journaliste féministe, en passant par les lords et ladies toujours sur leur quant-à-soi. Londres vibre de vie. On se presse devant les théâtres où Oscar Wilde triomphe, on espère que le medium à la mode nous prédira le grand amour, on dîne dans un pub d’une tourte à la viande accompagnée d’une pinte, on frémit, dans les ruelles, au souvenir des exactions de Jack l’Eventreur.
Dans le Kent, l’ambiance est plus bucolique. Entre mare aux canards et fleurs de lys, tout semble paisible mais, qu’on ne s’y trompe pas, les manoirs cachent de sombres secrets et, en coulisses, les domestiques complotent.
Le secret de Sir Adrian F. est un roman divertissant, bien documenté, riche en informations sur les mœurs de l’époque victorienne, avec une pointe de mystère qui ne gâche rien. Une belle découverte que je dois à Béatrice Nicodème qui a eu la gentillesse de m’en proposer la lecture. Merci pour ce bon moment.
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