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Elle a perdu son mari dans des conditions mystérieuses.
Elle vit dans une maison vide, seule (mais est-ce bien sûr ?). Elle se passionne pour le cas d'un jeune garçon surdoué. Elle entretient de curieuses relations avec son banquier. Elle devrait se méfier de son père. Elle s'appelle Frédelle. Dans ce roman, proche par son inspiration d'Un secret sans importance, Agnès Desarthe renoue avec ses interrogations fondamentales. On pense à Cynthia Ozick, à son goût pour l'intelligence et les métaphores, et à sa capacité d'indignation.
Au club de lecture de la BM, nous venons de clore le thème littérature asiatique et entamons le thème Agnès Desarthe. D'elle j'ai déjà lu Le remplaçant, c'est tout. J'ai plutôt aimé et pars avec un a priori positif. Mais là, je tombe sur Le principe de Frédelle que j'ai eu beaucoup de mal à finir. En fait, j'aime bien l'écriture de l'auteure, mais je n'arrive pas à m'attacher à Frédelle ni à ses mésaventures. C'est un conte, ce qui n'est pas forcément un genre que j'adore, mais les digressions sont nombreuses et pour tout dire m'ennuient. Je m'embrouille totalement et ne réussis à suivre ni les pérégrinations de Frédelle ni les circonvolutions de son cerveau. C'est fort dommage, parce qu'il y a des personnages intéressants, Frédelle en premier lieu, mais aussi son banquier Victor Hugo Espinoza, choisi pour son zézaiement (qui excite un peu Frédelle), Sarkis, le père et les rapports entre eux tous sont prometteurs.
Écriture agréable, travaillée et légère, non dénuée d'humour qui me fait dire que si j'ai raté le coche avec ce livre, un autre réussira à me seoir davantage. Voici par exemple un passage typique de ce qui me plaît dans ce livre :
"Les autres hommes, ils vous aimeront pour votre argent. Pas seulement pour votre... vous voyez ? Mais la différence, c'est qu'ils ne le diront pas. Ils feront semblant de croire que ça ne change rien. Moi je sais. Je connais chacun de vos millions comme si je les avais gagnés à la sueur de mon front. Et vous me plaisez aussi pour ça. Je vous le dis. Je suis honnête. Pour parler vulgairement, vos millions, ils me font bander."
S'il y avait eu davantage de "s" dans cette dernière phrase, Frédelle aurait été disposée à partager une brève étreinte entre deux virements. C'était beau cet accent. Les accents la faisaient flancher. C'était si facile. Mais non. Victor Hugo, quelque chose en vous ne me plaît pas. Vos cheveux peut-être, ou vos oreilles. Quelque chose d'invisible plus sûrement, invisible et qui me saute aux yeux.
"C'est une demande en mariage ?" [...]
"Oui"
"Je crois que je ne suis pas encore prête...," hasarda-t-elle
"Bien sûr, bien sûr. Rien en presse."
Quel dommage, une quatrième sifflante et elle sautait par-dessus le bureau." (p.18/19)
Malheureusement, malgré ces paragraphes plaisants, l'ensemble reste trop éloigné de mes goûts. J'ai encore quelques titres dans la liste pour me réconcilier avec Agnès Desarthe.
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