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Je me détourne des lisses sentiers balayés, et gravis une piste escarpée, où les racines des arbres nouées ont gravé un grossier dessin dans la glaise jaune. Et, soudain, elle disparaît - toute la jolie surface soigneusement entretenue du gravier et du gazon et des fleurs épanouies, et il y a le bush silencieux et splendide. Sur la mousse verte, sur la terre brune, une vaste éclaboussure de lumière de soleil jaune. Et, partout cette étrange, indéfinissable senteur. Lorsque je l'inspire, elle semble absorber, devenir partie de moi - et je suis vieille de l'âge des siècles, forte de la force de la sauvagerie.
Rester sur le seuil de ce majestueux livre. Admirer la teneur d’une première de couverture incitative et pénétrante. Ce bleu vie, passage et éclaircie, enrobe les pages et retient subrepticement le propice d’une lecture féconde. Nous sommes dans le raffiné, ce délicat de soie et d’attention. Franchir le seuil à pas furtifs. La rencontre est ici, le renom aussi. Dans cet espace octroyé aux nouvelles inédites d’une grande dame Katherine Mansfield. Traduites par Marie-Odile Prosbst. Lire attentivement la postface érudite d’Anne Besnault. Dans ce siècle passé qui foudroie nos moult et une certitudes de tout savoir par l’enjeu d’une contemporanéité trop affirmée et une soif de l’après. « Au loin, d’au-delà de la rangée des maisons obscures, il y a_ardent _ puissant_ un son comme un appel de la mer d’après l’orage. » Le style concis, dans cet entrelac laisse passer les rais de ce juste. Les images loin d’être figées, endormies dans le pastel langoureux délivrent les cinq sens exaltés, la géographie des cœurs. Ces nouvelles sont des écrins d’un quotidien dont chaque mot étonne l’éphémère. On ressent ce paisible des heures importantes dans les attitudes familières. « Et partout cette étrange, indéfinissable senteur. Lorsque je l’inspire, elle semble absorber, devenir partie de moi_ et je suis vieille de l’âge des siècles, forte de la force de la sauvagerie. » Ces heures de lecture semblent des fils de soie, des rides retenues dans cette orée d’un âge qui ne faiblit pas. La littérature est macrocosme. L’inédit est diapason, boucles rares d’un verbe qui comprend les nuances d’un monde sans fioritures. Le summum est là. Modeste et humble, sage et posé. « Si ce que vous dites est vrai, alors la pudibonderie est un pas vers l’art réel_quoi ? Car qu’entendons-nous par pudibonderie ? La pudibonderie est de la fausse honte, le négatif de la honte véritable, ce qui de nouveau est, pour ainsi dire, le négatif de la révérence. » Les trois nouvelles écrites par Katherine Mansfield en pages finales entre neuf et onze ans sont fraîches, étonnamment matures. « Son jeune ami » est poignante. Ce livre inestimable, poli en amont par Les éditions du Chemin de Fer est précieux, culte et d’une référence qui ne trompe pas. Les éditions du Chemin de Fer viennent de mettre au monde un recueil de nouvelles qui, bien plus que l’approche d’une plénitude littéraire, ici, dans cet espace c’est l’éclat des mots, la lumière en apogée qui règnent dans un bleu unique. Du confirmé, du culte.
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