"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Une petite station balnéaire en automne. Une jeune femme sage, mariée à un navigateur aérien : Mellie. Un soir de pluie, toute sa vie bascule : le passager d'un autocar qui n'amène plus personne la surprend chez elle, l'attache sur son lit et la violente. Le passager de la pluie a connu à l'écran un succès considérable dans le monde entier. Le film, remarquablement mis en scène par René Clément, est interprété par Marlène Jobert et Charles Bronson.
Après le troublant "Visages de l'amour et de la haine" et avant de passer en compagnie de l'auteur "Un long dimanche de fiançailles", j'ai eu envie de rencontrer "Le passager de la pluie".
À l'origine scénario d'un film porté à l'écran par Marlène Jobert et Charles Bronson, celui-ci a fait l'objet d'une légère (?) réécriture afin de paraître sous le format roman. Il faut donc quelques pages pour s'adapter à ce mode narratif qui se veut très descriptif en ce qui concerne les événements, mais, point de vue extérieur oblige, plus allusif sur les états d'âme des personnages.
Il faut ajouter à cela beaucoup d'ellipses au début du récit ainsi que des retours en arrière - sans doute des flash-back dans le film - que l'auteur a introduit d'une manière un peu étrange. Ceux-ci ont toutefois le mérite de donner de la consistance au personnage de Mellie qui devient aussi attachant que troublant au fil de l'histoire.
Le charme opère à vrai dire dès l'entrée en scène d'Harry Dobbs, personnage énigmatique qui va entamer avec l'héroïne de ce roman un véritable jeu du chat et de la souris, un face-à-face psychologique surprenant qui donne tout son sel à l'histoire.
Sébastien Japrisot maîtrise parfaitement son univers, usant avec malice des ficelles du roman/film policier pour mieux s'en éloigner. Il donne ainsi corps à deux personnages marquants, complexes et aux réactions imprévues. De ce quasi-huis-clos, va naître une relation rendue, forcément ambiguë et parasitée par des enjeux qui dépassent largement la seule vérité.
Sans toutefois crier au chef d'œuvre, il faut reconnaître que "Le passager de la pluie" ne manque pas d'arguments et qu'il réussit surtout le tour de force de nous donner envie de le voir sous sa forme originelle, juste histoire de voir si Marlène Jobert rend justice à l'ambivalence et à l'imprévisibilité de cette Mélancolie Mau.
Les romans de Sébastien Japrisot restent des classiques du genre policier. La plupart d’entre eux ont par ailleurs été adaptés au cinéma. « Le Passager de la Pluie » n’échappe pas à la règle. J’ai vu ce film de René Clément, avec dans les rôles principaux Marlène Jobert, Charles Bronson et Annie Cordy, alors que j’étais adolescent. Et je m’en souviens très bien, au point de revoir les différentes scènes au fur et à mesure de la lecture.
Millie Mau, mariée à un navigateur aérien d’origine italienne, vit à Cap-des-Pins, une petite station balnéaire en automne. Elle a des relations assez tendues avec sa mère. Un soir de pluie, un homme descend du car. Il sera celui qui agressera Millie chez elle, celui qui fera basculer toute son existence dans le cauchemar, riche en révélations et en rebondissements. Jusqu’au dénouement final…
Les deux personnages principaux présentent une force de caractère plutôt percutante. D’abord, il y a Millie, traumatisée depuis un certain événement de son enfance, se protège par l’humour et une répartie fulgurante. Elle a un certain sens de la justice, de l’équité, du sens des responsabilités, tout en se protégeant des attaques extérieures. Mais le tout est sous-tendu par une certaine naïveté, ce qui va la mettre en face de situations auxquelles elle n’a jamais été préparée. Puis il y a le colonel Harry C. Dobbs, opiniâtre, plutôt carré mais pas insensible pour autant, un homme violent si nécessaire, manipulateur mais conscient de ses propres limites (physiques et morales). Sauf pour la brisure de noix, là, il est champion !
Les seconds couteaux sont aussi révélateurs de la relation de Millie aux autres. Sa mère, fumeuse invétérée, lui reproche, en silence, l’échec de son mariage. Son mari, macho de première catégorie, est jaloux et peut se montrer cruel et inique. Sa meilleure amie se révèle sous un autre jour …
Bref, le microcosme d’une vie provinciale, dont tout l’univers s’écroule au fil de l’intrigue, à cause d’un homme, un soir de pluie …
Un très bon roman et un très bon film servi par d'excellents acteurs (Marlène Jobert, Annie Cordy et Charles Bronson) et un très bon scénario. A l'écrit ou à l'image la scène du viol prend à la gorge, On a peur avec elle, on ressent sa solitude et sa soumission à ce mari toujours absent et dont elle dépend complètement.
Un de mes préférés de Japrisot.
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