"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Je ne suis pas l'ami d'André Chaix, et aurais-je d'ailleurs su l'être, moi que presque rien ne relie à lui ? Juste un nom sur le mur. Chaix était un résistant, un maquisard, un jeune homme à la vie brève comme il y en eut beaucoup. Je ne savais rien de lui. J'ai posé des questions, j'ai recueilli des fragments d'une mémoire collective, j'ai un peu appris qui il était. Dans cette enquête, beaucoup m'a été donné par chance, presque par miracle, et j'ai vite su que j'aimerais raconter André Chaix. Sans doute, toutes les vies sont romanesques. Certaines plus que d'autres. Quatre-vingts années ont passé depuis sa mort. Mais à regarder le monde tel qu'il va, je ne doute pas qu'il faille toujours parler de l'Occupation, de la collaboration et du fascisme, du rejet de l'autre jusqu'à sa destruction. Ce livre donne la parole aux idéaux pour lesquels il est mort et questionne notre nature profonde, ce désir d'appartenir à plus grand que nous, qui conduit au meilleur et au pire. H. L. T.
André CHAUX, inscrit sur une cloison de la maison achetée par l'auteur. André CHAIX, inscrit sur le monument aux morts de la guerre 1939 45. Relation ? L'auteur effectué des recherches et fait des parallèles par rapport à sa vie personnelle. La mémoire et l'hommage sont au centre de ce livre Essai.
Ce récit d’Hervé Le Tellier n’a pas grand chose à voir avec un roman, ou alors il faudrait modifier la définition de ce terme. Ce ne sont pas les quelques épisodes imaginés pour combler les inconnus dans la vie d’André Chaix qui changent le fond du propos.
Cependant quel plaisir à parcourir ce texte ! Quel bel hommage rendu à celui qu’une gravure malhabile sous une céramique aura fait sortir de l’oubli ! Et quelle belle occasion de rappeler ce que fût cette période trouble de notre histoire et de remettre l’église au milieu du village en ce qui concerne l’allégeance de certains politiques de l’époque, non pas seulement au régime mais aux idées véhiculées par l’assaillant.
Non seulement la documentation est impressionnante, mais l’humanité qui se dégage de ces lignes est réconfortante. Malgré la preuve, inutile tant d’autres guerres et d’autres abominations ont fini par me convaincre, du fonctionnement absurde de notre communauté d’humains, qui n’ont de différence avec leur ancêtre primitifs que la technologie qui les asservit sans les faire évoluer sur le plan de la violence et de la volonté de pouvoir, on se dit que la parole qui dit la bonté possible est bonne à prendre.
André Chaix a connu le même sort que des milliers d’autres résistants, qui n’auront pas eu la chance d’avoir attirer l’attention d’un auteur. Son destin s'est vu éclairé par la prose talentueuse d'une de nos meilleurs écrivains.
171 pages Gallimard 4 avril 2024
Vous qui lisez, souvenez-vous du sourire d’André Chaix
Hervé Le Tellier a trouvé sa maison, sur le mur de celle-ci, longtemps après avoir emménagé, il remarque un nom gravé André Chaix.
Si vous cherchez le pourquoi de ce livre :
« Je n’ai pas écrit un « roman », le « roman d’André ». Je ne me suis pas adressé à lui comme s’il vivait, je ne l’ai pas tutoyé au fil du livre comme si c’était un ami. L’exercice aurait été artificiel, l’artifice aurait été indécent. Parfois, c’est vrai, je laisse l’imagination parler, mais il m’aurait paru obscène d’inventer, et j’ai préféré voyager dans cette époque que je n’ai pas connue, mais qui m’a constitué. »
La force de ce récit est dans cette simplicité qui décante la période avec précision. Les faits parlent d’eux-mêmes et nous disent le pourquoi, motivant le camp du bien ou du mal.
Retracer la vie, le destin de ce jeune homme résistant, vie brève d’un jeune anonyme résonne fortement aujourd’hui.
L’écriture est sobre, élégant comme l’engagement d’André Chaix.
Cette simplicité est bouleversante, elle ne donne pas de leçon de morale, elle nous parle de valeurs, d’éthique, d’engagement est c’est aussi un hymne à la désobéissance.
Par n’importe quelle désobéissance, savoir se servir de son intelligence, de sa réflexion, avoir le courage de ne pas être un mouton de Panurge.
L’auteur se sent impliqué, engagé, chacun de nous doit beaucoup à tous ces hommes qui ont sacrifié leur vie.
« On ne débat pas de telles idées, on les combat. »
Visiblement beaucoup de gouvernants de notre monde n’ont pas compris ceci, et de magouilles en magouilles, ils ne débattent ni ne combattent.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2024/07/25/le-nom-sur-le-mur/
L'auteur achète une maison dans la Drôme et découvre sur un mur un nom gravé "André Chaix"
Il retrouve ce nom sur le monument aux morts de son village et va effectuer des recherches et reconstituer la vie de ce jeune homme.
Avec l'aide d'archives, des amis et de la famille d'André qui lui fournit la petite boîte en fer que celui-ci conservait précieusement et qui détenait photos et documents, l'auteur remonte le temps et nous raconte la courte vie d'André résistant.
Mais pas que, l'auteur va plus loin avec une analyse de l'époque, une plongée dans le nazisme, la propagande, les collabos ainsi que le choix fait par les acteurs, artistes, personnes politiques et autres de l'époque.
Il interrroge, il compare les époques passées et présentes.
Quel camp aurions-nous choisi ?
Attention !
Aujourd'hui encore il faut en parler car hélas le monde va mal.
Intéressée par les périodes les plus sombres de notre histoire au cours desquelles la bravoure et l'humanité se sont confrontées à l'infamie, je me suis dit, en ouvrant « Le Nom sur le mur », que j'allais lire un énième livre auquel la production littérature nous habitue ces derniers temps, avec plus ou moins de bonheur, en s'emparant d'un personnage réel pour créer un « roman » mêlant faits authentiques et inventés.
C'est un « objet » différent que nous propose l'oulipien Hervé Le Tellier, homme sans racines comme il se définit, à la recherche d'une « maison natale » pour s'inventer une filiation.
C'est non loin de Dieulefit qu'il pose ses valises. Gravée sur l'un des murs de sa nouvelle demeure, il découvre une inscription en majuscules : ANDRÉ CHAIX.
Quelque temps plus tard, en déambulant dans les rues de son village, il s'arrête devant le monument aux morts. Y figure la même épigraphe accompagnée des dates mai 1924 – août 1944.
La double découverte l'amène à en savoir un peu plus sur ce jeune homme trop tôt disparu. C'est cette courte existence qu'il va nous raconter à partir de sources avérées et d'une boîte contenant « beaucoup de choses, toutes précieuses et minuscules », des poussières de vie, dont des lettres et des photos d'André. Hervé Le Tellier va ajouter à ce récit sa patte d'écrivain en inventant ce qui n'a été ni dit ni transmis.
Sa curiosité pour ce résistant tué par les Nazis s'étend à un intérêt pour une époque « où la générosité et le courage ont côtoyé comme rarement l'égoïsme et l'abject ».
En se plongeant dans ces moments où les Français se sont fracturés, c'est un cadeau que l'auteur fait au lecteur.
Agrémentée de clichés du héros tombé dans les abysses de l'histoire, la narration vagabonde dans le temps au moyen de digressions toujours pertinentes : de l'organisation de la résistance pendant la guerre à un pont avec la situation actuelle avec son lot pernicieux de populisme et de nationalisme (lire les pages édifiantes sur le parcours de ceux qui ont fondé le FN en 1972) en passant par des considérations sur la banalité du mal et la manipulation des masses ou encore par le « blanchiment » de la collaboration pour faire croire en une unité nationale illusoire.
Avec ce tableau à la fois intime, historique, politique et philosophique, Hervé Le Tellier a composé un texte intelligent et touchant qui a la grâce, celle d'un garçon sacrifié sur l'autel de la liberté, cette liberté que nous devons préserver à tout prix.
EXTRAIT
Je crois que j'ai voulu donner du sens à mon regard pour pouvoir sourire toujours avec fraternité face à ton nom sur le mur.
http://papivore.net/litterature-francophone/critique-le-nom-sur-le-mur-herve-le-tellier-gallimard/
Un texte court et percutant qui mêle réalité et fiction et nous plonge dans ces terribles années de guerre, où des jeunes sont morts alors qu'ils auraient pu avoir une belle vie. C'est un peu simpliste comme raisonnement, j'en conviens, mais c'est tellement vrai. Et tellement d'actualité alors que l'on sacrifie aujourd'hui encore des vies en réponse à la folie d'un homme, à son égocentrisme ou à une idéologie bâtarde.
L'auteur nous parle d'un homme, mais il aurait pu en évoquer bien d'autres qui ont défendu leur pays au prix de leur vie. André Chaix semble bien sympathique et ne méritait pas cela. Merci Monsieur Le Tellier de nous l'avoir présenté !
Après nous avoir embarqué dans une faille spatio-temporelle avec son roman « L’anomalie », titulaire du prix Goncourt 2020, Hervé Le Tellier écrit cette fois un essai très personnel.
En faisant l’acquisition d’une maison de la Drôme provençale, Hervé Le Tellier fait la découverte d’une inscription sur le mur: « André Chaix ». Il n’y aurait plus repensé s’il n’avait vu ce même nom sur le monument aux morts du village: André Chaix est mort au combat en 1944, à l’âge de 20 ans.
Une vie courte dont on sait peu de chose, mais l’auteur réussit à retrouver quelques affaires personnelles du jeune et courageux maquisard à l’aide d’une association d’anciens combattants. Quelques photographies qui parsèment le livre et illustrent ses propos.
Ce n’est pas un livre historique ni une véritable biographie, mais un point de départ dont l’auteur se sert pour écrire sur une époque tourmentée et rendre hommage à tous ceux qui ont résisté. Hervé le Tellier élargit la réflexion avec une profondeur philosophique, évoquant les enjeux moraux de la seconde guerre mondiale. Car si nous avions vécu à cette époque, aurions nous eu ce courage ?
« Ce que je sais, c'est que sans ce nom gravé sur un mur, sans André Chaix comme fil à plomb, je n'aurais su explorer cette époque où la générosité et le courage ont côtoyé comme rarement l'égoïsme et l'abject. »
Ce livre est plus qu’utile aujourd’hui, à l’heure où le nationalisme gagne du terrain, dans une société de plus en plus individualiste. Hervé le Tellier écrit avec sobriété, pose des questions et fait réfléchir. Il exécute une introspection, mettant sa vie en parallèle de celle d’André Chaix, dévoilant ses fragilités avec une auto-analyse percutante.
Un bel hommage émouvant et personnel de l’auteur.
Avec l’achat d’une maison qu’il voulait de famille, Hervé Le Tellier découvre l’histoire de celui qui y a habité. La maison est située dans la Drôme provençale à La Paillette, un quartier de Monjoux à côté de Dieulefit. Lentement, le lecteur remonte avec l’écrivain à ses côtés, la vie d’André Chaix. Il est né en 1924. Il vivra 20 ans, 2 mois et 30 jours.
À partir des objets retrouvés appartenant à André, Hervé Le Tellier fait revivre toute une époque, celle de l’engagement d’André dans la Résistance, en France, lors de la Seconde Guerre Mondiale.
Hervé Le Tellier est un formidable conteur. Non seulement, la vie de ce jeune résistant, emporté par la Grande Histoire, est détaillée à partir des menus objets retrouvés, de minuscules photographies, des extraits de journaux, mais c’est toute une époque qui défile devant nous.
Tout est prétexte à la digression et c’est savoureux. André avec Simone, sa belle, devait aller au cinéma et c’est Marcel Carmé qui s’invite dans le récit. André a travaillé deux ans comme céramiste dans le bourg de Dieulefit qui était devenu le village refuge d’un certain nombre d’enfants orphelins mais aussi d’artistes et d’écrivains. Hervé Le Tellier nous en présente quelques uns. Etc.…
Pour que la commémoration de la naissance d’André Chaix ne soit pas qu’une énième célébration, oubliée dans le flot continu des nouvelles qui nous abreuvent et nous asphyxient, Hervé le Tellier rappelle ses positions par rapport à la banalisation des partis européens d’extrême droite et plus précisément en France. Et, cela fait un bien immense !
Et concluons avec Hervé Le Tellier « Ce que je sais, c’est que sans ce nom gravé sur un mur, sans André Chaix comme fil à plomb, je n’aurais su explorer cette époque où la générosité et le courage ont côtoyé comme rarement l’égoïsme et l’abject. »
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2024/05/03/herve-le-tellier-le-nom/
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !