Juré du Prix Orange du Livre 2021, l'auteur de "Né d'aucune femme" et "Buveurs de vent" partage avec vous ses plus belles lectures
Expérience spirituelle, récit initiatique, délire de psychopathe, Le Loup des steppes multiplie les registres. Salué à sa parution en 1927 (entre autres par Thomas Mann, qui déclare : « Ce livre m'a réappris à lire »), interdit sous le régime nazi, roman culte des années 1960 et 1970, c'est une des oeuvres phares de la littérature universelle du xxe siècle. Il méritait une nouvelle traduction. Le voici enfin rendu avec tout l'éclat de ses fulgurances, la troublante obscurité de ses zones d'ombre.
Nouvelle traduction de l'allemand par Alexandra Cade.
Juré du Prix Orange du Livre 2021, l'auteur de "Né d'aucune femme" et "Buveurs de vent" partage avec vous ses plus belles lectures
Des carnets laissés par un voyageur étrange. Solitaire. Désabusé.
Des carnets ouverts par un homme à qui ils n'appartiennent pas.
Et voici le loup des steppes qui hurle. Qui appelle à être écouté. Entendu. Qui rameute. Qui gémit.
C'est plus qu'un cri, plus qu'un émerveillement, ce livre. Un uppercut.
L'histoire, ce n'est que ça.
Cet homme à la lisière de mourir. Qu'une femme retient, un soir, du bout de la manche. Une femme qui se donne pour mission de lui apprendre la fête, la griserie. La comédie simplement. Parce qu'elle fait joliment semblant aussi, cette louve.
Que ça.
Pourtant, c'est riche. D'une richesse qui pèserait plus lourd que le livre s'il fallait en faire l'autopsie.
Comme ça, en vrac, voici l'homme face à son animalité, à la frustration de celui qui va à l'encontre de sa nature. La solitude de celui qui n'écoute plus que sa nature.
La folie de son temps. Nous sommes à la veille de la Seconde Guerre Mondiale, et voici que la compassion ploie sous l'indifférence, sous les machines infernales et meurtrières, faire la guerre et de l'argent, tant que la vie bat, et elle bat, mon Dieu, elle bat plus vite et plus fort que la guerre !
Et puis ce réjouissant débat, largement exposé par Camus : le suicide.
Ici, le suicide ou l'acceptation d'une époque, d'un quotidien, d'une humanité qui ne nous ressemblent plus...
J'ai traîné à l'ouvrir, il était à prendre la poussière sur mes étagères, le loup des Steppes. Pas moyen. Je passais la main dessus, de temps en temps. Aujourd'hui ? Et puis non, je reculais. Frileuse. Mais comme j'avais raison, au fond ! Comme ce livre m'a bouleversée, émue, sonnée, jusqu'à pleurer, parce que c'est beau, mais tellement beau, ces phrases qui s'engagent et s'agencent parfaitement, cette musique qui n'en finit pas de battre le bon rythme, du début à la fin. Hermann Hesse rejoint le Panthéon de mes idoles, hop là, d'un bond d'une grâce de danseuse étoile.
Bienvenu Monsieur.
Infiniment bienvenu.
« Je sens brûler en moi une soif sauvage de sensations violentes, une fureur contre cette existence neutre, plate, réglée et stérilisée, un désir forcené de saccager quelque chose, un grand magasin ou une cathédrale ou moi-même de faire des sottises enragées, d'arracher leurs perruques à quelques idoles respectées. Comment ne serais-je pas un loup des steppes ? »
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Qu’ils sont rares les romans de cette trempe !
Tout à la fois expérience spirituelle, récit initiatique et essai politique porté par une éblouissante réflexion philosophique, « Le loup des steppes » fait partie de ses œuvres littéraires phares, puissantes et inclassables.
Se plonger dans ce grand classique de la littérature européenne, c’est accepter de se laisser porter par un roman qui questionne ses tréfonds intérieurs et la relation de l’Homme au monde.
Ce texte profond est également l’occasion de découvrir Hermann Hesse, l’auteur immense mais aussi l’homme, à travers son double romanesque Harry Haller. Nihiliste à bout de souffle, cet antihéros solitaire ne se retrouve plus dans ce monde dans lequel il ne partage aucune des aspirations, laissant place à l’exploration des contrées sauvages de l’âme humaine.
Impossible à résumer et hors de tous lieux communs, « Le loup des steppes » est pourtant le roman parfait pour tout le monde : femme ou homme, jeune ou vieux, lecteur compulsif ou occasionnel, amateur de littérature classique ou contemporaine.
Laissez-vous prendre dans les filets de ce fascinant roman. Un incontournable !
Un classique que je découvre. C'est le premier de Hermann Hesse que je lis. Je ne suis pas certaine d'avoir commencé par le plus simple ... C'est un conte philosophique, un homme la cinquantaine est déçu par la vie. Il envisage de se suicider, jusqu'au soir où il rencontre une jeune femme mystérieuse, Hermine, qui va le "booster", en commençant par lui apprendre à danser. Quand on a compris qu'il faut lire entre les lignes, et que c'est du second voire troisième degré, ça se lit (presque) comme du petit lait. Quand on creuse un peu et qu'on va regarder sur Google on y lit que ce roman préfigure la pensée existentialiste développée par Sartre et Camus. J'ai aimé certains passages, d'autres m'ont semblé un peu confus (n'est pas philosophe qui veut), on peut comprendre, à l'époque où ce livre a été publié, 1927, qu'il a été interdit par la suite par le régime nazi. En effet, H Hesse dénonce l'absurdité de la guerre, les dictatures et de la politique en général. Il en appelle à la responsabilité de l'homme, face à ces tueries "Réfléchir une heure ; rentrer en soi-même pendant un moment et se demander quelle part on prend personnellement au règne du désordre et de la méchanceté dans le monde, quel est le poids de notre responsabilité." J'ai aimé particulièrement les dernières pages et l'entretien de Harry avec Mozart. C'est un livre à relire, pour bien l'intégrer.
D'accord, il y a des passages intéressants qui m'ont plu, une vision bien sentie du futur, une certaine justesse de la dualité.
Mais sans doute suis je bête, je ne vois pas du tout en quoi ce livre serait un livre initiatique, ni un chef d'oeuvre.
C'est divertissant cela dit.
" ce que le loup des steppes n'avait pas appris, c'était à être content de lui-même"
Pour moi, le meilleur livre d'Hermann Hesse...son plus personnel aussi.
Steppenwolf est un chef d’œuvre. Je suis entré dans le "théâtre magique", je n'en suis jamais revenu.
« Le loup des steppes », ce livre empreint d'hindouisme, est resté célèbre pour avoir marqué les générations des années 60 et 70 (le groupe de rock, Steppenwolf, lui emprunta son titre).
Le personnage, que met en scène Hermann Hesse, est d'une personnalité plutôt atypique : il se nourrit principalement de vin et de livres, appréciant tout particulièrement l'intérieur raffiné des belles demeures bourgeoises, ce qui évoque en lui une nostalgie de son enfance. Il mène finalement la vie d'un ascète, une existence solitaire hors du temps, sauvage comme un loup.
Sa vie, déjà d'un âge avancé, est toute tracée jusqu'au jour de sa rencontre avec Hermine, une jeune femme à la légèreté enivrante. On assistera alors au passage le plus cocasse du roman, celui où cette dernière tente d'enseigner tant bien que mal, à ce vieil intellectuel, les rudiments du fox-trot, une danse en vogue en ce temps-là.
Il semblerait que l'usage de l'opium ne serait pas étranger à la rédaction de la conclusion du roman, je parle surtout en ce qui concerne le théâtre magique. Cette fin quelque peu étrange me donne l'impression que l'auteur, ne sachant comment mettre un terme à son histoire, s'est dissimulé derrière un artifice un peu facile : celui de l'hallucination, la rêverie, appelez cela comme vous voudrez.
Le roman n'étant pas aussi stupéfiant que le laissait croire sa légende, il me restera en mémoire seulement ce personnage, Harry Haller.
Le roman à lire absolument une grande œuvre initiatique.
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