"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le livre commence aux dix-huit ans d'Anna. Pour son anniversaire, ses parents, séparés, sont réunis. Sa mère lui offre alors les carnets dans lesquels, depuis sa naissance, elle consigne son quotidien. Le livre qu'on lit alors, ce sont ces carnets. L'envie, à 40 ans, d'avoir un enfant avant que ce ne soit trop tard. Sa relation avec Thomas, plus amant qu'amoureux. La grossesse. Les premiers mois. Et puis la garde alternée. Cette enfant que, soudain, on ne voit plus tous les jours. C'est un texte sur la maternité, sur la façon dont on élève, seule ou presque, un enfant qui ne dort pas chez vous toutes les nuits. C'est un texte sur comment être mère et femme à la fois. Composé de courts fragments, c'est un livre qui dit toute la difficulté à être mère et l'amour fou d'une mère pour sa fille.
« C’était pour elle, c’était son cadeau. Sur le frigo, depuis des années, il y avait un aimant où était écrit : « Il y a deux choses à donner à nos enfants, l’une ce sont des racines, l’autre ce sont des ailes. ». Les ailes, Anna les avait. Ces carnets, c’étaient ses racines. Elle m’a serrée dans ses bras. Elle ne savait pas. Je ne lui en avais jamais parlé. Je voyais bien qu’elle était touchée. Elle m’a dit : je les lirai. Mon ange, ma fille, une autre page allait s’écrire maintenant. »
Une mère offre à sa fille, fêtant ses dix-huit ans, des carnets. Ceux-ci portent la trace d’un quotidien fait de peurs, de doutes, de difficultés, de confiance et d’amour inconditionnel.
« J’ai toujours dit que, dans nostalgie, il y avait la racine algie, la souffrance. Mais, parfois, c’est très doux, la nostalgie. »
Une plume qui caresse l’intime, ne pouvant que me parler et me bouleverser. La gorge serrée et les yeux humides, il y a de moi, de nous, dans certains passages, il y va même de l’universel.
L’amour d’une mère à son enfant faisant de son mieux pour son bonheur, qui écoute, protège, et la laisse doucement prendre son envol.
« Pendant des années, je t’ai lu une histoire le soir. Maintenant, tu viens lire à côté de moi, chaque soir. Cela dure une demi-heure, ou un peu plus. Parfois, je m’arrête un peu, je te regarde. C’est de ça que je puise mes forces. Ce moment-là, avant la nuit, avant le sommeil, où l’on est côte à côte, silencieuses, lisant. »
Madeline Roth parvient une nouvelle fois à me séduire avec ses mots si sensibles, si proches. Elle questionne sur la force du lien maternel avec ses doutes et ses douleurs. Elle conforte également sur la beauté et la puissance des sentiments.
« Chaque jour, je remercie la vie de m’avoir donné cette fille aimante, avec qui tout est facile tout le temps. Peut-être que les choses, à un moment donné, changeront. Mais quelque chose me dit que non. J’ai une confiance presque absolue en l’avenir avec elle. J’ai confiance en elle. Peut-être que l’amour commence par là. Peut-être que je me trompe. Mais, pour le moment, la vie avec elle est comme ça. Je prends, je prends. »
Il est perturbant de refermer ce livre, bourré de post-it, tellement proche de ma propre vie. Il restera à portée de main c’est certain, pour les jours de doutes, pour m’apaiser lorsqu’elle prendra son envol.
« J’ai fermé les volets de ta chambre. J’ai fermé la porte. Je me suis demandé jusqu’à quand je ferai ces gestes-là, que tu devrais faire toi depuis longtemps. Je me garde ça. Cette sorte de petit rituel du soir. Te dire au revoir, te souhaiter une bonne nuit. Je me garde ça. Tu peux grandir, je me garde ça. »
Immense coup de cœur ❤
http://www.mesecritsdunjour.com/2024/03/le-livre-d-anna-madeline-roth.html
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