De 1936 à nos jours, la saga des McCullough. Du patriarche Eli, dit Le Colonel, à son arrière-petite-fille, Jeannie la femme d’affaires, en passant par son fils Peter, le cow-boy et surtout la honte de la famille. Trois générations, trois personnalités et à travers leurs parcours, c’est toute...
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De 1936 à nos jours, la saga des McCullough. Du patriarche Eli, dit Le Colonel, à son arrière-petite-fille, Jeannie la femme d’affaires, en passant par son fils Peter, le cow-boy et surtout la honte de la famille. Trois générations, trois personnalités et à travers leurs parcours, c’est toute l’histoire du Texas qui se dessine. De 1936, année de la naissance d’Eli et de l’indépendance du Texas jusqu’à nos jours où une Jeannie au crépuscule de sa vie doit affronter les démons du passé familial. Leur saga commence donc avec Eli qui, à treize ans, voit sa famille se faire massacrer par les Comanches qui l’enlèvent et finissent par l’intégrer à leur tribu. Pendant trois ans, il est comanche, il chasse, il manie l’arc, il scalpe. Quand il revient à la civilisation, il s’engage chez les Rangers et combat avec les confédérés. Après la guerre, il pose enfin ses valises et se reconvertit en éleveur. De ses trois fils, c’est Peter qui reprendra les rênes du ranch. Mais Peter n’est pas Eli. Peter est épris de justice, Peter est non violent, Peter est inadapté au monde qui l’entoure. Dans cette époque où l’on tue pour une parcelle de terre, où l’élevage est moribond, remplacé par la prospection pétrolière, Peter fait tache. Mais il se tait et vit sous le joug de son despote de père. Sa rébellion tardive entraînera des conséquences tragiques sur sa descendance. Et sa descendance, c’est Jeannie, la fille de son fils Charles. Elle a grandi dans un monde d’hommes, en vénérant son arrière-grand-père et, quand elle hérite de la fortune familiale à tout juste dix-neuf ans, elle est d’abord décontenancée. Mais le choc passé, elle deviendra une femme d’affaires intuitive, une reine du pétrole prête à tout pour porter haut le nom des McCullough.
Quel roman époustouflant ! A la fois saga familiale, fresque historique et sociale, western, roman d’aventures, Le fils est le grand roman du Texas, territoire à l’histoire compliquée, mexicain, indépendant pour finir américain. On y croise des cow-boys, des Indiens, des vaqueros, des Anglos, des Mexicains, des hommes prospères, des pauvres hères. C’est une terre que l’homme a volée, a conquise, a peuplée, surpeuplée, a creusée, a épuisée. C’est une terre où l’on réglait ses comptes à coups de fusil ou d’une flèche plantée en plein cœur, où l’on réussissait en volant son voisin, en enterrant son ennemi, en corrompant les shérifs et les juges. C’est à travers le destin des McCullough que Philipp Meyer raconte la conquête de l’ouest qui s’est faite dans le sang et les larmes. Le fils est un livre violent, car l’homme est un animal barbare qui viole, pille et détruit. On le lit avec avidité, porté par son souffle épique, et on le referme avec un sentiment de tristesse. Tristesse pour toutes les vies brisées qu’il a fallu pour faire d’une famille de pionniers des rois du pétrole. Tristesse pour les Indiens qui ont dû quitter les plaines fertiles pour se voir parqués dans des réserves. Tristesse pour les Garcia, les voisins mexicains des McCullough qui ont payé de leurs vies l’ambition du Colonel. Tristesse pour les Comanches décimés par les maladies des blancs. Tristesse pour Eli, jeune homme téméraire et sympathique devenu un patriarche despotique. Tristesse pour Peter, ses remords, ses fantômes et son amour impossible. Tristesse pour Jeannie trop ambitieuse pour aimer ses enfants, trop bouffie de sa propre importance pour ouvrir son cœur. Tristesse pour les bisons, les cow-boys, les grandes plaines, le Texas et le rêve américain.
Des paysages à couper le souffle, des personnages inoubliables, une épopée magistrale !